Le Sociologue, Dr. Moussa Coulibaly estime que les nouveaux acteurs de la transition doivent engager le dialogue avec le M5-RFP pour relancer la confiance avant les élections qui seront organisées au sortir de la transition dirigée par Bah N’Daw. “Il n’est un secret pour personne que le torchon brûle entre les politiques du M5-RFP et le CNSP. Pour que la transition réussisse, il faut renouer un dialogue patriotique débarrassé de toute méfiance“, propose-t-il.
Selon Dr. Coulibaly, ce gouvernement est né dans une situation difficile et cela se remarque par le temps mis pour sa formation. Si la désignation de Bah N Daw a été un quasi plébiscite, à ses yeux, ce gouvernement né des cendres de la contestation du M5-RFP souffre à sa naissance de sérieux problèmes parmi lesquels la position du M5 qui n’a pas été consulté pour sa formation. Pour lui, si les conclusions des concertations ont officiellement sollicité les militaires pour jouer les premiers rôles, cette réalité a du mal à faire son chemin dans la sphère politique. L’occupation des portefeuilles de la Défense, de l’Administration territoriale, de la Sécurité et de la Réconciliation laisse sceptiques beaucoup de Maliens quant aux intentions réelles de la junte qui a été contrainte par la Cédéao d’abandonner une disposition de la charte qui permettait à Assimi Goïta, Vice-président de remplacer le président nommé en cas de vacance du pouvoir.
Cependant, par rapport à la composition du gouvernement, la jeunesse et les femmes ont été lésées. Dr. Coulibaly déplore que seulement 4 femmes et aucun représentant du Conseil national de la jeunesse. Il soulignera que le ministre qui s’occupe de la question des jeunes est un membre important de la Cmas qui ne remplit plus les critères (notamment d’âge) pour représenter l’instance nationale des jeunes. Et que les femmes sont loin du quota que la loi leur donne et l’élan que les dernières élections législatives leur avait donné (le record de députés femmes depuis l’indépendance) s’est effondré comme un château de cartes. D’où, cet appel de dialogue lancé par notre sociologue.
Le CNSP est, il est vrai venu parachever une lutte démocratique. Si cela s’avère une réalité, Dr. Coulibaly pense qu’il doit dépasser cette modestie de façade pour réaliser que si les Mountaga Tall, Cheick Oumar Sissoko et autres Choguel K. Maïga étaient restés sourds et aveugles face à la situation du peuple, les choses se seraient passées autrement. “Ils sont restés déterminés comme dans la lutte dans le cadre de An tè a bana”, indique-t-il.
Cependant, Dr. Moussa Coulibaly reste convaincu que ce gouvernement a des forces, à l’image des technocrates comme Hamadoun Touré, Dionké Diarra ou Zeini Moulaye. Toutefois, ajoute-t-il, l’absence de Me Malick Coulibaly va pousser les Maliens à s’interroger sur la personnalité du nouveau ministre de la Justice dont l’engagement contre la corruption est attendu, car la réponse d’une partie de la demande sociale dépendra de son action, (des réponses sont attendues sur plusieurs dossiers de détournements de milliards de nos francs).
Ibrahima Ndiaye