“Il est des moments dans la vie d’une nation où la force, la ruse, les calculs individuels et autres stratagèmes n’ont plus un effet sur la vie publique. Le Mali se trouve en ce moment confronté à cette phase par la volonté d’un peuple composé ‘d’insoumis’ qui a mûri par les épreuves qui ont jalonné son parcours depuis environ quinze ans”, explique, Dr. Moussa Coulibaly.
Dr. Moussa Coulibaly témoigne que si la crise sécuritaire est en train d’être combattue avec une détermination froide qui ne laisse aucune chance aux jihadistes de se repositionner, on constate que la communauté internationale à l’instar des Etats-Unis a repris le flambeau de la répression contre le peuple malien et les autorités de la Transition qui ont commis le péché de se mettre ensemble pour choisir des partenaires fiables capables d’apporter l’aide appropriée pour permettre au pays de se libérer.
A ses dires, “quand Washington décrète des sanctions contre la personne du ministre de la Défense, Sadio Camara, force est pour chaque Malien de se rendre compte de toute la symbolique que revêt cette sanction contre le premier responsable de la défense”. Pour lui, la volonté de casser l’élan du Mali étant clairement affichée, le pays doit y trouver une raison de se réarmer moralement et comme un seul homme de se dresser contre toutes les tentatives de division.
Cependant, notre sociologue pense qu’il est important d’assainir davantage le climat au niveau institutionnel à mesure que nous nous approchons de l’objectif final, c’est-à-dire la mise en place d’institutions démocratiques devant assurer au pays un envol à la hauteur de tous les sacrifices consentis par le peuple.
La présidence, le gouvernement et le Conseil national de transition doivent être des alliés naturels et ne doivent en aucun cas laisser prospérer la confusion. A l’entendre : Ahmed Sékou Touré a raison de dire que “le premier ennemi d’une révolution est la confusion”, ces trois entités doivent s’employer à rassurer le peuple et à ne donner aucun signe d’incompréhension pouvant être de nature à casser l’élan populaire.
Par ailleurs, selon Dr. Moussa Coulibaly, l’armée du peuple, malgré les difficultés économiques du moment, doit être accompagnée, aidée et soutenue. “Elle a pris des risques et continue d’en prendre dangereusement au nom de la stabilité et de l’avenir du pays. La situation actuelle du Mali ressemble à une question de vie ou de morts pour les autorités de la transition et une question de survie du peuple lui-même”, dira-t-il.
Toutefois, à ses yeux, aucune récréation en ce moment tendant à réveiller les vieux démons qui ont secoué l’Afrique postcoloniale ne doit être permise. Le peuple malien veillera et la majorité silencieuse pour qui le sucre est en train d’être un luxe malgré les grands efforts déployés par le gouvernement ne permettra aucun caprice. Le Mali inspire en ce moment l’Afrique et continue d’étonner le monde. “L’heure doit être à la complicité agissante entre toutes les composantes de la nation”, lance-t-il.
Dr. Coulibaly ajoute que la récente visite du président de la Transition à Kayes est révélatrice de l’état de la nation. Les Maliens aspirent à la paix, au travail surtout pour la jeunesse, au développement. Les potentialités existent il s’agit de les mettre en valeur. Il affirme que si la visite du président à Kayes lui donnait l’allure d’un candidat auquel l’électorat fait entièrement confiance, celui de saint Petersburg sera un “grand oral ” pour le président de la Transition.
Effectuer sa première visite en dehors de l’Afrique en Russie est le signe que la France-Afrique est désormais dans les poubelles l’Histoire au Mali. C’est également le signe d’un renouveau qui est à la fois une opportunité à saisir pour que le Mali continue de décider par lui-même et de décider ce qu’il doit être.
Ibrahima Ndiaye