Une crise sécuritaire la plus grave de son existence, une économie sous sérum, malgré les chiffres officiels qui tendent vers un “léger mieux faire”, des affaires de détournement de deniers publics dont la gravité bat des records au Mali et dans la sous-région enfin une école paralysée, tels sont les maux qui minent notre société.
Les Maliens, il y’a une vingtaine d’années pensaient que cela ne pouvait arriver qu’aux autres. Les adultes de l’époque ont été marqués par l’actualité d’alors qui faisait régulièrement le décompte macabre de la guerre civile du Libéria, de la Sierra-Leone ou du Rwanda. A cette époque, ce sont les soldats maliens qui étaient sollicités sur les théâtres d’opérations de ces pays troublés. Aujourd’hui, notre pays est considéré comme le ventre mou de la lutte contre l’insécurité et le djihadisme dans la bande sahélo-saharienne. Ironie du sort ! Notre armée n’a jamais enregistré autant de morts que ces derniers temps au même moment où la grande muette n’a jamais été aussi secouée par des scandales financiers. Le ministre Me Malick Coulibaly en charge de la Justice Garde des Sceaux et des Droits de l’Homme en fait en ce moment son cheval de bataille. Le peuple malien sait avec intérêt l’issue de cette procédure.
Le gouvernement en panne d’inspiration fait feu de tout bois et présente des copies aussi insuffisantes qu’inappropriées. Le précurseur ministre Dr. Boubou Cissé propose des volontaires en lieu et place des enseignants grévistes au même moment où le président de la République se plaint du niveau des enseignants, leur seul crime c’est d’être nombreux.
En lieu et place des volontaires que le gouvernement veut engager dans l’enseignement, Boubou Cissé ferait mieux d’engager des volontaires pour la patrie au centre et au nord. Ces volontaires de la paix pourraient être placés sous l’autorité du ministère de la Jeunesse en partenariat avec l’ensemble des leaders jeunes sur le territoire malien.
Au temps du président Thomas Sankara au Burkina, le peuple a réussi une insurrection citoyenne sous la coupole des CDR (les Comités de défense de la révolution). Heureusement au Mali il y’a les CDR (Comité de défense de la République), ce comité peut être sollicité au niveau national pour faire un plaidoyer au plan national. Il pourrait être joint par beaucoup de ces leaders jeunes qui font leur mieux sur les réseaux sociaux. Ce serait donné à l’image de la jeunesse du Burkina Faso qui, il y’a moins d’un mois, a procédé au recrutement de volontaires. La jeunesse de Sokolo a donné l’exemple lors de l’attaque du 26 janvier. Elle a secouru les blessés, assisté les militaires et servi de relais d’informations.
Un recrutement des CDR (Comité de défense de la République) dans tous les chefs lieu de cercle est un appui important. En deux semaines, on leur enseignera les notions élémentaires vitales de l’intervention, du renseignement et de l’assistance sur le terrain.
Ceci pourrait permettre de responsabiliser à la base cette jeunesse qui est souvent une proie facile pour les djihadistes.
En attendant, il faut négocier sans état d’âmes et sans préjugés avec les enseignants. L’enseignement n’est pas donné à tout le monde. Comme le disent les Bamanans “le festin d’un jour n’assure la maturité à un chiot“. Les enseignants sont sérieux et compréhensifs, il faut négocier avec eux. Le volontariat ne s’applique pas à la pédagogie.
Dr. Moussa Coulibaly
Professeur de Sociologie à la FSHSE
Secrétaire général de la plateforme
“Sauvons le Mali“