L’invité Politik du 24 juin 2018 d’Africable télévision était Dr Choguel Kokalla Maïga, président du MPR. Les échanges ont porté sur son nouveau livre : « Les Rebellions au nord du Mali : Des origines à nos jours ».
« L’idée d’écrire ce livre m’est venue suite à l’effondrement de l’État malien en 2012 », explique-t-il. Le livre est parti de certaines interrogations et notamment à savoir s’il faudrait que le Mali continue à signer, à élire des présidents étant donné que la situation sécuritaire va de mal en pis. C’est un « livre diagnostic » qui se veut scientifique car apportant des preuves de tout ce qui est dit, à travers de la documentation nécessaire.
Le livre relève et cherche à comprendre ce que nous pourrons appeler un paradoxe dans l’histoire de la nation malienne. Nationalement et internationalement, tous se disent fiers du passé non moins glorieux du Mali. Il est alors quasiment incompréhensible de voir qu’un pays, ayant abrité de glorieux empires, de vaillants soldats qui faisaient que le pays était craint par tous les autres, se trouve aujourd’hui tellement affaibli qu’il fait appel à d’autres pour assurer sa sécurité. « Le livre est un diagnostic du mal qui ronge le Mali », a-t-il précisé. « C’est un livre forcement politique voire polémique», dixit Dr Choguel Kokalla Maiga. C’est un livre qui lui servira de rentrée politique, a-t-il martelé.
Dans la déclaration de la République d’Azawad, les séparatistes avaient indiqué que le nord est la terre de leurs ancêtres, les Français auraient trouvé ceux-ci dans cette zone au moment de la pénétration coloniale, expliquent-ils. Choguel va plus loin en ajoutant que les séparatistes disent qu’en 1957 leurs ancêtres ont écrit pour demander le détachement du nord du Mali. Ces erreurs sont ce que le Mali se trouve en train de réparer aujourd’hui, a-t-il lâché.
L’histoire du peuplement du nord se trouve également explicitée. Les populations autochtones du Nord sont les Songhaïs et les Bellas depuis le 7e siècle. L’auteur se livre à une véritable explication historique basée sur les grands empires que le Mali a connus, à commencer par l’empire de Gao en l’an 800, jusqu’à la bataille marocaine, en passant par les empires du Mali, Songhaï, etc.
Le 12 décembre 1893, le nord sera conquis par le colonisateur. Le premier soldat français qui dirigeait leur troupe pour libérer Tombouctou, qui se trouvait sous la domination anarchiste marocaine, se nommait Boiteux, a-t-il précisé, avant d’ajouter qu’en 2013, c’est aussi un Boiteux qui est tombé. Beaucoup de problèmes actuels du Mali trouvent leurs explications à partir de la pénétration coloniale qui va tout mettre en œuvre pour opposer des frères. Ce qui conduira à des massacres entre eux.
La convention de Bourem en 1907 indique que « L’Adrar des Iforas appartient désormais aux Iforas et à ce qu’il plaira aux Français d’y installer », a-t-il rappelé. Cela donne la suprématie à une ethnie sur une autre et c’est ce qui s’est passé en 2013 et qui fera installer la Minusma, le Tchad à Kidal, mais le Mali dit « nièt !», a-t-il laissé entendre. « Le Mali appartient à nous tous, personne n’est plus propriétaire que d’autres », dixit Dr Choguel.
L’auteur s’adonne alors à une explication des causes des différentes rebellions qu’a connues et que connait le Mali depuis 1963, sous la première République jusqu’à nos jours. A ses dires, la rébellion du temps du président Modibo Keita, a sa source dans une forme d’incompréhension entre le régime et les populations qui ne cherchaient qu’une préservation de l’ordre féodal auquel le colonisateur les avait habitués. Cette volonté sera farouchement réprimée à travers des pratiques de violations des droits de l’Homme, explique-t-il.
La deuxième République prendra le contrepied de la première. Moussa Traoré a cherché à corriger ce qu’il considérait comme des injustices, martèle Choguel Kokalla Maiga.
Aux dires de l’auteur, ce problème de la rébellion a toujours été mal négocié depuis les indépendances jusqu’à nos jours. C’est la raison pour laquelle il ne cesse de revenir, tel Phoenix renaissant de ses cendres.
Quant au régime actuel, le président du MPR trouve qu’Ibrahim Boubacar Keita avait la volonté de gérer la crise, mais l’erreur qu’il a commise c’est d’avoir laissé tomber l’accord de Ouagadougou et d’accepter un accord difficile à réaliser.
Avant de finir, il a tenu à préciser que le problème du Mali ne se résoudra pas en voulant que la France plie bagage. La France a beaucoup fait pour le Mali. Les Maliens doivent avoir confiance en eux-mêmes pour bâtir une nation forte.
Fousseni TOGOLA