Dr. Choguel Kokala Maïga : « La CEDEAO veut qu’on organise des élections sans nous attaquer aux sources des soulèvements »

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Dans une interview accordée à Radio France Internationale (RFI), le mardi 22 février 2022, le Premier ministre Dr. Choguel Kokala Maïga n’a pas eu sa langue dans sa poche en répondant aux questions.

« Nous formons une équipe qui a un chef », répond le Premier ministre. Dr. Choguel Kokala Maïga dit beaucoup échanger avec le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, qui donne des orientations.

Pour Dr. Maïga,  l’expression “abandon en plein vol“ est la forme adoucie de “ abandon en plein combat“ qui signifie la trahison dans le jargon militaire.

À en croire Dr. Choguel Maïga, les officiers qui ont fait le coup d’Etat ont fait entre 15 et 18 ans sur les théâtres des opérations dans le Nord du pays et ont été enlevés et séquestrés par les terroristes pendant des mois. « Donc, ces officiers ont vécu dans leur chair et dans leur âme toutes les trahisons, tous les coups bas », soutient-il.

Il affirme également que des hautes autorités françaises, des sénateurs, des députés, dans des débats, ont clairement dit qu’il faut donner l’autonomie au Nord du Mali, qu’il faut un plan d’autonomie, que les Maliens du Nord et du Sud ne peuvent pas vivre en ensemble.

Ainsi, selon le Premier ministre, la France voulait diviser le Mali et non pas créer une fédération. Il rappelle qu’au lendemain de la signature de l’Accord d’Alger en 15 mai 2015, Jean Yves Le Drian, le ministre de la défense à cette époque, dans une interview à RFI, a dit que les Maliens du Nord et du Sud ont tout fait pour vivre ensemble, mais c’est difficile.

Dr. Choguel Kokala Maïga rappelle encore qu’avant Jean Yve Le Drian, qu’au Sénat et au parlement français, des responsables politiques français ont soutenu un plan d’autonomie au Nord ; il dit s’être documenté sur tout cela.

Le chef du gouvernement du Mali affirme que ce qui était convenu dans la lettre qui a été envoyée au président Hollande, était l’appui aérien et le renseignement. Il estime alors que le déploiement des troupes françaises est une trahison. Et d’affirmer que c’est l’armée malienne qui a libéré Konan, Tombouctou et Gao. « Mais, arrivée à Anéfis, elle a été barrée par l’armée française et cette version des faits est authentique » a-t-il ajouté.

Pour Dr. Maïga, « ceux que la France soutenait n’étaient représentatifs ni dans la communauté touarègue ni dans la communauté nationale», ajoutera-t-il.

Au sujet d’un supposé sentiment défavorable à la présence de la France, qui a été pourtant accueillie en 2023 dans la joie, Choguel Maïga répond que parce que, ce jour-là, les Maliens ont cru en la sincérité des dirigeants français mais que lorsqu’on a empêché l’armée malienne de rentrer à Kidal, les Maliens ont commencé à se poser des questions.

Selon le PM, pendant que l’armée française, qui n’était pas prévue au sol, interdisait à l’armée malienne de rentrer à Kidal, la France amenait 4000 militaires avec un budget d’un milliard de franc CFA par jour.

Le Premier ministre révèle également que le colonel Assimi Goïta fait partie des officiers qui ont été bloqués à la porte de Kidal. Il précise que ce ne sont pas les autorités maliennes qui ont demandé le départ des forces françaises et européennes, mais ce sont elles-mêmes qui ont annoncé qu’elles partaient.

« Vous avez un accord de défense avec nous, vous décidez d’en sortir, vous ne nous avisez pas, c’est dans les médias qu’on apprend qu’il y a un sommet de G5-Sahel ; le président français vient tout debout annoncer» s’indigne-t-il.

Le chef du gouvernement indique aussi que les autorités maliennes savent que les groupes terroristes au Sahel sont Al-Qaïda et le GIES. Il affirme alors que 80% des problèmes du Mali viennent d’Al-Qaïda. Selon lui, l’abandon par les forces françaises des zones où il y a toutes les emprises d’Al-Qaïda, pour aller se concentrer sur la zone des trois frontières, est une façon de dire aux Maliens : on vous livre à Al-Qaïda. Dans ce cas, dit-il, « l’accord qui nous lie, on relie, on fait divorce en bonne et due forme ».

Le Premier ministre laisse entendre aussi que l’ambassadeur de France a été chassé du Mali non seulement à cause des discours subversifs, mais aussi parce qu’il subodorait un plan pour renverser le gouvernement. Parce que, poursuit-il, toutes ces manœuvres, c’était pour renverser ; tous ces discours où on dit gouvernement illégitime issu de deux coups d’Etat, alors qu’elles (les autorités françaises) ont applaudi et flatté le premier gouvernement de transition qui est pourtant aussi issu d’un coup d’Etat.

Dr. Choguel Kokala affirme que les forces françaises ont commencé à laisser des vides, que l’armée malienne se devait de combler, en quittant leurs bases de Kidal, Tessalit, Tombouctou etc. Il rassure que le leadership a changé et que l’armée est réorganisée pour combler les vides que les Français laisseront en quittant leurs bases. Il affirme également que ça fait deux ans que l’Etat malien n’a pas reçu un appui budgétaire ; il assure pourtant les salaires de ses fonctionnaires, a augmenté leurs salaires, a équipé l’armée plus que pendant les 30 dernières années réunies.

Wagner, une invention française

À la question de savoir si l’Etat malien travaille avec une société paramilitaire russe, le chef du gouvernement affirme clairement que son pays ne coopère qu’avec l’Etat russe et qu’ils ne commentent pas les propos d’autres chefs d’Etat, d’autres journalistes, d’autres commentateurs.

Il précise qu’en recevant les 4 hélicoptères venant de Russie, le gouvernement a reçu aussi des instructeurs russes. Il affirme que Wagner est une invention française. Il précise aussi que la Russie n’est pas le seul partenaire de l’Etat malien, mais la France a seulement un problème géopolitique avec la Russie…

Dr. Maïga a fait savoir que même si l’Etat malien donne des mines à la Russie en contrepartie, personne ne peut le lui interdire. Car, dit-il, « rien ne vaut la sécurité du peuple malien. » Il soutient que si la France avait joué franc-jeu avec le Mali, la situation sécuritaire ne se serait pas dégradée. Et d’affirmer que, sur 350 000 réfugiés depuis 9 ans, 50 000 sont retournés volontairement en quelques mois et 20 000 autres dans deux semaines.

Dr. Choguel Kokala Maïga pense que l’Opération Serval, qui s’est transformée en Opération Barkhane, a été un échec car Barkhane était censée contenir le terrorisme, aider l’armée malienne à monter en puissance et faire des actions sociales. « Est-ce que ça devait intéresser quelqu’un comment est-ce qu’on trouve l’argent dans notre pays pour nous équiper pour nous ? » se demande-t-il.

« Qu’on paie avec des mines, qu’on paie avec de l’argent cash, qu’on paie avec de l’or, qu’on paie avec du diamant, tout ce qui nous appartient légalement, ce n’est pas l’affaire de quelqu’un. Il y a des sociétés occidentales qui sont là, qui exploitent mais personne n’en parle » ajoute-t-il.

Parlant de la CEDEAO, le Premier ministre dit qu’il y a une contradiction fondamentale entre l’Etat malien et cette organisation. Car, selon lui, la CEDEAO veut amener la démocratie à un processus purement électoral pour ne pas dire électoraliste. Il affirme que son gouvernement est d’accord pour assouplir les positions mais qu’on ne peut pas conduire le pays au suicide.

Car, poursuit-il, « la CEDEAO veut qu’on organise des élections sans nous attaquer aux sources des soulèvements. Ça fait quatre coups d’Etat en moins de 30 ans. Pourquoi ? Parce qu’on ne règle pas les problèmes de fond. Et la démocratie ne se ramène pas aux élections et c’est que la CEDEAO veut. »

Le chef de la primature a fait savoir aussi qu’aucune disposition de la CEDEAO n’a prévu un embargo, aucune disposition de la Banque centrale ne prévoit ce qui est fait au Mali. Il affirme qu’il y a la convention des Nations Unies sur les pays sans littoral, qui interdit un embargo contre un pays sans littoral.

À propos d’une ambition présidentielle présumée, Dr. Choguel Kokalla Maïga affirme que sa seule ambition aujourd’hui est de réaliser la mission que le président de la transition lui a confiée.

Fadiala N. Dembélé/Stagiaire    

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1 commentaire

  1. AIE PEUR D’ALLAH (Même si tu ne sais pas la fatiha );
    Le poste de premier ministre ne peut pas être à toi éternellement .
    Tu as beau fabriqué des ennemis , menti sur tout et rien , un jour tu quitteras et tes mensonges te poursuivront

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