Dr Aboubacar Sidiki Fomba, présidente de l’ADEPM, est formel : “Les hommes politiques sont les principaux problèmes de notre pays à cause des querelles mesquines… “

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La situation de notre pays est plus que préoccupante tant la crise qui le secoue est profonde. Ainsi, à travers ses analyses, chacun essaye d’apporter sa petite contribution pour juguler cette crise multidimensionnelle. C’est dans cette dynamique que le président de l’Alliance démocratique du peuple malien (Adepm), Dr Aboubacar Sidiki Fomba, connu pour ses prises de position, a animé, le mardi 20 novembre dernier au siège de parti, une conférence de presse, pour livrer son analyse de la situation sociopolitique de notre pays.

Selon lui, le combat que les Maliens mènent doit aller au-delà de la personne du président IBK. “Ce qu’il faut combattre, c’est le montage institutionnel qui a été soutenu et animé par la classe politique pendant 27 ans. Qui est cet acteur politique aujourd’hui de l’opposition comme de la majorité ou du centre qui n’a pas bénéficié, d’une manière directe ou indirecte, de ce montage institutionnel ou tripatouillage électoral ?”, s’est interrogé le conférencier.

A l’entendre, les hommes politiques doivent se remettre en cause car malgré les dénonciations de la mauvaise gouvernance pendant cinq années du premier quinquennat du président IBK, les partis politiques n’ont pas pu mobiliser 42% de l’électorat lors de la dernière présidentielle.

“Cette situation déduit que nous nous sommes prononcés au nom d’un peuple qui nous a montré son mépris. Nous devons tous accepter de nous remettre en cause pour un nouveau départ. Le renouveau politique doit prévaloir sur nos positionnements personnels et celui-ci n’est pas seulement l’émergence des jeunes en politique, mais plutôt des hommes et des femmes d’une exemplarité sans reproche. Nous nous sommes réunis pour mettre fin au régime dictatoriale de Moussa Traore et aujourd’hui nous avons été incapables de nous réunir pour sauver le Mali”, a-t-il fait savoir.

Les hommes politiques appelés à se remettre en cause

Sans complaisance, il n’a pas hésité à lancer que les hommes politiques sont, aujourd’hui, les principaux problèmes de ce pays à cause des querelles mesquines pour leurs intérêts personnels. Et d’ajouter que les hommes politiques doivent se remettre en cause et demander pardon au peuple du Mali.

Il a également saisi l’occasion pour se prononcer sur la répression violente du Meeting unitaire Fsd-Cofop. A le croire, sa formation politique condamne avec la dernière rigueur cette répression digne d’une autre époque. Car, dit-il, la divergence de vue sur des questions nationales est une nécessité absolue pour la bonne marche de la démocratie. Ainsi, les meetings, les débats et autres manifestations pacifiques en sont les exercices.

Par rapport à l’avant-projet de la réorganisation territoriale, le conférencier a laissé entendre que le parti Adepm réitère son soutien au gouvernement du Mali pour la bonne tenue de cette opération. Cela, en tenant compte des observations et des recommandations formulées lors des concertations régionales. “Le parti Adepm soucieux de l’avenir de notre Maliba demande au gouvernement d’organiser dans les jours très proches un Dialogue national inclusif et constructif autour des questions de réformes politiques et institutionnelles surtout la révision constitutionnelle”, a-t-il ajouté. Et de poursuivre que l’Adepm souhaite l’organisation sur la chaine de télévision nationale (Ortm) de véritables débats pour éclairer la lanterne de la population malienne sur toutes les réformes nécessaires.

Le redécoupage permet une meilleure application de l’accord

A ses dires, il soutient la réorganisation administrative parce qu’elle est une continuité de la décentralisation pour laquelle le Mali est cité en exemple. “Je pense aujourd’hui que les 703 communes constituent une grande avancée même si le transfert des compétences et des ressources n’a atteint le niveau souhaité”, a-t-il martelé.

Il a aussi souligné que cette question n’est pas une recommandation de l’accord, mais elle permet une meilleure application de certaines dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. “Le Mali regorge des régions à la dimension de certains États comme Tombouctou dont l’espace est comparable à la somme de Côté d’ivoire, Bénin et Togo. La région de Gao plus grande que la Tunisie, la région de Kayes 10 fois la Gambie. Donc le redécoupage est plus qu’une nécessité”, a fait savoir Dr Fomba. Pour finir, il dira que le redécoupage permettra à chaque région d’avoir son agence de développement régional dont le rôle est la planification, le développement et l’ouverture aux investisseurs pour une meilleure gestion des ressources de la région. Cela, dit-il, permettra la création d’emplois, la réalisation des infrastructures et autres. “Chaque région aura ses forces armées et de sécurité en plus des commissariats de police, bref tous les démembrements de l’administration. Chaque région sera dotée d’un hôpital régional sans compter la construction des structures scolaires et universitaires. Je reconnais que le gouvernement a manqué de pédagogie et nous proposons une large consultation pour dissiper les tensions culturelles et ethniques. Mais abandonner totalement ce projet n’est pas constructif”, a conclu le président de l’Adepm.

Boubacar PAÏTAO

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