Dans le cadre de la journée internationale de la lutte contre la corruption, le Cercle de Réflexion et d’Informations pour la Consolidation de la Démocratie (CRI 2002) a organisé une conférence de presse le vendredi 10 décembre 2021 à la maison du partenariat Angers-Bamako.
Le thème retenu était « 11 novembre décrété journée nationale des Légitimités Traditionnelles : Quelle place et quels rôles pour leur implication et leur responsabilisation dans la lutte contre la corruption et l’impunité ». Elle était animée par Dr. Abdoulaye Sall, président de CRI 2002, et Mamadou Bouya Simpara, chef de quartier de Quinzambougou en commune II du district de Bamako.
La corruption est l’un des principaux maux qui freinent le développement socio-économique du Mali. Les légitimités traditionnelles au Mali, qui regroupent notamment les chefs de villages, de quartiers et de fractions, les chefs traditionnels, les chefs religieux etc., incarnent les valeurs sociétales. Ainsi, elles doivent jouer des rôles importants dans la lutte contre la corruption et l’impunité au Mali.
Pour rappel, les autorités de Transition viennent de décréter la journée du 11 novembre, journée nationale des légitimités traditionnelles. Pour Dr. Abdoulaye Sall, président de CRI 2002, cette initiative des autorités du pays est salutaire vu leur importance dans la société. En effet, cette reconnaissance par l’Etat est une initiative de Dr. Abdoulaye Sall à travers CRI 2002.
Dans la course vers la refondation de l’Etat, tant souhaitée par beaucoup de Maliens, l’ancien ministre Dr. Sall trouve important de donner plus de responsabilités aux légitimités traditionnelles.
Pour ce faire, il propose la refondation de la gouvernance des villages, des quartiers et des fractions pour qu’ils puissent être dans la dynamique globale de la refondation de l’Etat. Et d’ajouter que la loi, qui existe en la matière, a montré ses limites. Il recommande par ailleurs que les villages, les quartiers et les fractions soient considérés comme des collectivités de base.
Toujours selon le président de CRI 2002, le seul moyen de lutter contre la corruption au Mali est de mettre le pays au travail. Qu’il se repose sur ses propres moyens économiques, culturels et traditionnels. À ce niveau, il préconise l’élaboration des répertoires de lutte contre la corruption et l’impunité dans les différents terroirs du pays afin d’en faire un répertoire national. Ceci servirait d’instrument efficace de lutter contre ces mauvaises pratiques.
« Faire rentrer nos légitimités traditionnelles dans l’ère du 21ème siècle. Mais pas leur faire recours pour venir faire ressusciter les temps de Soundiata Keita. Mais faire recours à elles pour qu’elles deviennent des légitimités traditionnelles du 21ème siècle, porteuses d’expériences et d’espoir pour la co-construction de la démocratie, de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption et l’impunité », conclut Dr. Abdoulaye Sall.
Par ailleurs, Mamadou Bouya Simpara, chef de quartier de Quinzambougou, a évoqué les efforts du président de CRI 2002 dans le cadre de la reconnaissance des autorités traditionnelles par les plus hautes autorités du pays. Il affirme que la journée qui leur a été dédiée est l’amorce de la refondation en cours.
Il a saisi cette occasion pour dénoncer la corruption de certains fonctionnaires de l’Etat qui deviennent subitement millionnaires voire milliardaires.
Pour lui, cette mauvaise pratique est due au non-respect des valeurs sociétales notamment l’effritement de l’éducation dans les familles.
Pour terminer, ce chef traditionnel plaide pour la création d’une institution dédiée aux légitimités traditionnelles qui s’appellerait ainsi : « Hautes autorités traditionnelles et coutumières du Mali ».
Mantan Koné