Dépigmentation volontaire de la peau: Après les crèmes, le péril des injections

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La fièvre  de la dépigmentation volontaire  de la peau chez les femmes maliennes que l’on  croyait atténuée, a  pris de nos jours des proportions inquiétantes. En effet, les maliennes qui pensent  qu’être belle c’est avoir la peau blanche s’adonnent à des pratiques  dangereuses et incroyables. Les pommades éclaircissantes, les lotions et les savons soit- disant anti tâches (et qui contiennent du mercure) ne  suffissent plus pour se dénaturer l’épiderme. Elles utilisent des  médicaments injectables conçus pour le traitement de la lèpre, de la gale et des autres dermatoses compliquées.

Le phénomène de la dépigmentation volontaire de la peau est un réel problème de société au Mali. Pour bon nombre de nos sœurs « black is shameful », la peau noire est un complexe dont il faut coûte que coûte se défaire. C’est au début des années 80 que le concept Tchatcho  est rentré dans la mémoire collective au Mali ; une nouvelle tendance venue d’Afrique Centrale. A cette époque, certaines dames qui se croyaient plus en vogue ont commencé à utiliser des crèmes dermatologiques (sous forme de tube conçues pour traiter les petits problèmes de la peau), pour avoir la peau plus claire ; et ce fut une grande innovation au sein de la gente féminine. Parmi ces fameuses crèmes en tube on se souvient du légendaire Diprosone et de Dermovate. Moins de deux décennies plus tard, la demande fut plus grande que l’offre. C’est ainsi que des usines de produits cosmétiques pour éclaircir la peau noire poussèrent comme des champignons, partout à travers le monde ; singulièrement en Italie et en Côte  d’Ivoire. Les noms de ces produits éclaircissants et très dangereux, car cancérigènes, ont tous les mêmes  suffixes ou préfixes : clair, light, white. Et sur l’emballage on peut lire des slogans identiques : « actions rapides ; rajeunissant ; anti rides ». Après des constats alarmants sur les effets secondaires de ces produits (maladie dermatologiques, vieillissement prématuré de peau, vergetures, tâches indélébiles et autres) dus à leur composition de base, l’hydroquinone (substance dangereuse) ; les femmes les plus avisées se sont retirées du mouvement Tchatcho. Par contre certaines sont restées et d’autres y adhèrent. Suite à l’interdiction de l’utilisation de l’hydroquinone dans le cosmétique par certains pays, les usines de produits éclaircissants ont innové, le collagène (substance hydratant), utilisé sous une forme plus toxique avec l’association du souffre, est devenu la matière éclaircissante de base. Jugée peu efficace, la nouvelle formule du collagène n’éclaircit pas à long terme et son action n’est pas rapide, pour les Tchatchos. Et c’est à cet effet, que nos sœurs  maliennes à la peau blanche ont décidé d’employer des moyens qu’elles trouvent plus ingénieux et plus visibles, au péril de leur santé. Elles se font désormais  faire des piqûres contenant des médicaments pour soigner la lèpre, les maladies dangereuses de l’épiderme. Ces injections ont pour effets secondaires notoires la dépigmentation et l’éclaircissent visible de la peau et c’est pour cette raison qu’elles sont convoitées par ces dames qui veulent devenir blanche à tout prix ; au point d’y laisser leur peau. Normalement ces médicaments qui doivent être vendus que sur prescription médicale. Et en plus de ces produits, elles vont jusqu’à utiliser aussi des injections contenant de la cortisone (substance à effet éclaircissant) comme le Kénakor, un médicament utilisé généralement contre les maladies respiratoires. Ce qu’elles ignorent peut-être, c’est qu’à long terme, l’utilisation de ces produits pharmaceutiques peut provoquer des maladies graves telles que le cancer de la peau. Force est de reconnaitre que les avis varient encore au sujet de la dépigmentation volontaire  de la peau, pour certains c’est le signe flagrant d’un complexe d’infériorité doublé d’une faiblesse morale ; alors que d’autres trouvent qu’une peau artificiellement éclaircie est un signe extérieur de richesse.
Rokia Diabaté

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