C’est le 14ème chef de village du village de Koulikoro dans le patriarcat des Diarra, la famille fondatrice de Koulikoro. Intronisé il y a deux ans, Djibril Diarra le dépositaire des traditions du Meguétana, nous a reçus le dimanche 4 octobre 2018, chez lui pour un échange sur son rôle dans une ville mariée entre la modernité et la tradition.
Aujourd’hui Agée de 86 ans Djibril Diarra est un professeur de l’enseignement supérieur à la retraite depuis 1990. Il se dit d’ailleurs être fier de sa spécialité qui était la physique-chimie qu’il dispensait à l’école supérieur mais aussi de bien d’autres matières faute d’enseignants.
Le vieux assis dans son fauteuil confortable et ses lunettes posées sur le nez est déçu du bas niveau d’instruction de la génération actuelle. « Le problème des cadres maliens aujourd’hui est qu’ils n’ont pas de niveau d’instruction. J’ai l’habitude de corriger beaucoup de cadres renommés lors des rencontres et des foras sur la chefferie traditionnelle dans le cadre de la décentralisation », explique-t-il.
En ce qui concerne son rôle de chef de village, Djibril Diarra, 14ème chef de village depuis la suppression des chefs de canton en 1959, indique qu’il y a 20 ans qu’il exerce cette fonction en sourdine, car étant l’intellectuel du patriarcat des Diarra, il représentait le chef de village dans des rencontres, des foras, des débats.
Il rappelle que les chefs de canton étaient désignés par les colonisateurs tandis que le chef de village est un héritage. Pour lui, chacun doit connaître ses limites pour éviter des conflits. « Si chacun connait ses limites dans la gestion de la cité, je ne vois pas de problème. C’est pour cela que je pèse tout mon poids dans la balance pour l’équilibre de la gestion entre les acteurs », soutient-il.
En plus, il est persuadé que le chef de village est le vrai pouvoir qui n’a pas besoin de se plier à un autre chef. A ce niveau, il cite le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita, comme un Président qui respecte le pouvoir traditionnel. « IBK est toujours venu me saluer ici et demande ma bénédiction. Même pendant la campagne, le Président IBK n’a pas voulu se fendre dans les meetings et autres folklores. Il est venu juste se confier à nous pour les élections présidentielles. C’est ça un homme de valeur », nous confie-t-il. L’octogénaire n’a pas voulu s’étaler sur la riche histoire de la ville de Koulikoro, affirmant dans un langage sympathique qu’on ne doit pas tout dévoiler à un journaliste.
MLF