Disparition, « procédures-bâillons », séquestration, tortures, restriction de liberté… : Sale temps pour les journalistes maliens

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Disparition, « procédures-bâillons »

Disparition, procédures judiciaires baillons, restriction de liberté, séquestration et tortures, bastonnade, répression policière : les associations de presse au Mali soulignent, aujourd’hui, les conditions de travail de plus en plus difficiles pour les journalistes maliens. Face à ces différentes entorses à la liberté d’expression, la profession s’organise.

Nul ne peut nier que la presse malienne fait l’objet d’une pression accrue ces derniers jours. Disparition (disparition mystérieuse de Birama Touré), brimade policière (journalistes violentés lors du meeting de l’opposition le vendredi 16 novembre dernier), procédures judiciaires baillons (Affaire Manassa Dagnoko contre Boubacar Yalkoué), restriction de liberté (Affaire de Salif Diarrah de Maliactu.net), séquestration et tortures… Ce constat est bel et bien confirmé par les acteurs dans le domaine et les observateurs qui ne cessent de dénoncer les dépassements dans des communiqués rendus publics.

Hier lundi 3 décembre 2018 à la Maison de la Presse, lors de l’assemblée générale des associations faitières des journalistes du Mali suite à l’agression du journaliste Elhadji Hamidou Touré par le Colonel Abdoulaye Macalou, Secrétaire général de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), le jeudi 29 novembre 2018 dans les locaux de ladite commission, la colère et l’incompréhension se lisaient sur les visages des journalistes qui ont fait le déplacement en grand nombre.

Dans un récit glaçant, le journaliste Elhadji Hamidou Touré a narré sa mésaventure devant ses confrères survoltés. Tout est parti de la publication d’un article intitulé « Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) puise ses dernières ressources » sur Facebook par notre confrère du journal en ligne MaliMédias. Dans l’article, le journaliste met en exergue la gestion peu orthodoxe des finances de la commission.

Courroucé d’avoir été indexé par le journaliste, le Colonel Abdoulaye Macalou appellera le même jour l’auteur de l’article et l’invitera à se rendre à Koulouba. Une fois arrivée à Koulouba, le journaliste sera séquestré et maltraité par le colonel et ses hommes : «Le colonel Macalou et son garde du corps m’ont déshabillé et filmé. Il m’a demandé de dire qui a commandité l’article sinon il va me tuer. Il m’a dit de pisser et de boire mon urine et je l’ai fait, parce qu’il s’agissait de ma survie. Il m’a dit que si je revenais encore sur le sujet, il va me tuer et ainsi que toute ma famille. Ensuite, il m’a fait jurer sur le coran de ne rien dire à personne sur ce qu’il venait de me faire et il m’a donné trois jours pour faire un autre article qui redore son image et sa dignité.» Le colonel, appelé à maintes reprises pour avoir sa version des faits, ne décroche pas le téléphone.

Indignation de la presse malienne

Selon Diakaridia Yossi, directeur de publication du journal « l’Espérance », la profession de journaliste au Mali n’a jamais été autant menacée que maintenant. «C’est suffisamment très grave. Dans cette affaire, la machine judiciaire est déjà en marche. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout », explique-t-il.

De l’avis de Ramata Diouara, journaliste et représentante de Reporters Sans Frontières au Mali, on a explosé tous les compteurs. «Je ne pouvais jamais penser que cela était possible au Mali. Malheureusement on va voir de mal en pire. Reporters Sans Frontières se mobilisera », affirme la doyenne.

Pour sa part, Halima Ben Touré, journaliste à la télévision Sikka TV, toute idée d’un règlement à l’amiable doit être rejetée: « La plainte doit être poursuivie !». C’est aussi l’avis de Mariam Moussa Hari, journaliste à Studio Tamani : « On ne veut pas d’un règlement à l’amiable. On doit aller jusqu’au bout. »

A en croire Modibo Fofana, directeur de publication du site d’information Mali24, le régime est parvenu aujourd’hui à banaliser la presse. « Ils font tout pour décrédibiliser la presse. Maintenant le régime cherche à nous faire disparaitre même», a-t-il indiqué.

A la fin de l’Assemblée générale, dans une déclaration signée par 8 associations faitières de la presse (l’Union des radios et télévisions libres du Mali, l’Association des éditeurs de presse privée, l’Union nationale des jeunes éditeurs de presse, le Forum des éditeurs africains, l’Union nationale des journalistes du Mali, l’Association des professionnels de la presse en ligne, Reporter sans frontière-Mali, le Mouvement pour la protection de la presse contre les violences) , les journalistes maliens expliquent que« cet incident intervient après de nombreuses agressions physiques et verbales à l’encontre des hommes de medias, s’ajoutant à la disparition depuis trois ans du confrère Birama Touré qui reste sans suite.»

L’Assemblée générale dit avoir pris acte de la démission du colonel Abdoulaye Macalou de son poste de Secrétaire général de la CVJR. Elle a décidé de la poursuite de l’action judiciaire engagée par la victime, Hamidou Touré. Par ailleurs, l’Assemblée générale exige qu’une suite soit donnée à toutes les affaires pendantes devant la justice notamment l’affaire Birama Touré.

Madiassa Kaba Diakité

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