Discours du président Dioncounda Traoré : A l’ouverture du 5ème congrès ordinaire de l’Adema-PASJ au CICB les 24 et 25 mai 2015

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5ème Congrès ordinaire de l’ADEMA – PASJ :
Pr. Dioncounda Traoré

Camarades Présidentes et Président d’honneur ;

Camarades membres du Comité Exécutif de l’Adema-PASJ ;

Camarades délégués des sections Adema-PASJ ;

Camarades délégués du Mouvement National des femmes de l’Adema-PASJ ;

Camarades délégués du Mouvement National des jeunes de l’Adema-PASJ ;

Chères militantes et militants Adema-PASJ du District de Bamako et des sections ici présentes ;

Camarades représentants des Partis Politiques amis de l’Adema-PASJ ;

Excellences Mesdames et Messieurs les représentants des corps diplomatiques accrédités au Mali ;

Mesdames et Messieurs les représentants des Organisations Internationales

Distingués Invités ;

Mesdames et Messieurs ; Chers amis

Camarades ;

 

Merci d’avoir bien voulu répondre une fois de plus à notre invitation.

Merci d’être venus si nombreux rehausser de votre présence l’éclat de cette cérémonie d’ouverture du cinquième Congrès Ordinaire du Parti Africain pour la Solidarité et la Justice qui se tient à un moment décisif de l’évolution de notre parti et de notre pays à un grand moment de l’Histoire.

Votre présence parmi nous ce matin est le témoignage de l’intérêt que vous portez à notre parti, le témoignage de votre solidarité et de votre fraternité dans le combat que nous menons pour la liberté, la dignité, la paix, la prospérité et la démocratie.

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

Ce congrès se tient à n’en pas douter à un moment décisif de l’histoire de l’Humanité où un nouvel ordre est entrain de se façonner, où la mondialisation cherche son chemin et où nous sommes engagés dans une lutte sans merci entre le progrès et l’obscurantisme, dans laquelle certains voudraient de façon déloyale se parer des habits de la religion pour mieux duper et mieux tromper les peuples.

Pour notre part, membre de l’Internationale Socialiste nous devons militer pour un ordre planétaire sécuritaire, économique et financier, empreint de justice, de solidarité, de tolérance et de fraternité. Ces valeurs n’ont jamais été aussi menacées et nous voulons et nous devons participer pleinement à leur défense en tant que militant du Parti Africain pour la Solidarité et la Justice, en tant que maliens, en tant qu’Africains et en tant qu’homme tout cours.

 

Cette lutte âpre et difficile entre la civilisation et ceux qui voudraient nous ramener au moyen âge se matérialise par des nombreux conflits en Afrique de l’Ouest, du Nord, de l’Est, du Centre, au proche et moyen Orient où la lutte héroïque du peuple Palestinien contre le sionisme se poursuit, en Asie….Bref chacun a le sentiment que nous vivons aujourd’hui dans un monde d’une violence inouïe et chacun a le devoir de participer à l’éradication de cette violence, c’est-à-dire à l’avènement d’un monde en paix désormais tourné vers le développement et le mieux être continu de ses habitants.

Camarades, chers amis,

Notre continent l’Afrique, se doit d’être présent dans ce combat dont un des paramètres essentiel est le développement, parce que la pauvreté et la misère constituent le terreau le plus fertile pour les trafics criminels de tous genres, pour le terrorisme et le djihadisme.

Parce que tout simplement, à y regarder de près, les mots paix et développement peuvent être considéré comme synonymes. En effet quand il n’y a pas de paix il n’y a pas de développement et inversement quand il n’y a pas de développement, c’est la porte ouverte à toutes les insécurités donc il n’y a pas de paix. Les mathématiciens présents dans cette salle ont déjà compris qu’il y a une équivalence logique entre paix et développement et c’est pourquoi dans le langage courant nous pouvons les considérer comme synonymes.

Mais le développement en Afrique peut difficilement se concevoir dans le cadre étriqué de nos Etats hérités du colonialisme. Notre conviction est que le développement en Afrique passe par la mutualisation de nos moyens et la mise en commun de nos ressources, c’est-à-dire qu’il passe par l’intégration, par l’Unité Africaine. C’est le seul moyen pour nous africains de rattraper notre retard afin de jouer notre partition dans le concert des nations.

Nous devons être de moins en moins Sénégalais, Maliens, Ivoiriens, Tchadien, Congolais ou autre Gabonais pour être de plus en plus Africains.

Nous devons bannir à jamais toutes ces velléités de partition, des sécessions, de balkanisation de notre continent qui ne peuvent être que des facteurs de désordre, d’insécurité, d’aggravation de la pauvreté et de la misère.

C’est pourquoi nous devons plus que jamais garder en mémoire que notre parti dès sa création a affirmé son engagement en s’intitulant Parti Africain pour la Solidarité et la Justice.

Mesdames et Messieurs Chers amis,

Au Mali, le moment est encore plus décisif, car notre pays se trouve être un des théâtres d’opération de cette guerre mondiale contre le crime organisé, le terrorisme et le djihadisme, et eu égard au contexte socio-politico-sécuritaire que nous traversons, qui détermine aujourd’hui la vie de la nation et qui impacte la marche, les aspirations de notre peuple.

Toutes et tous nous avons vécu les péripéties dramatiques de ces temps de grands challenges qui ont requis de nous toutes et de nous tous, la sérénité et la détermination sans lesquelles rien de durable ne peut se réaliser, ainsi que l’esprit de sacrifice sans lequel la patrie est un vain mot, une référence creuse et un château de sable à la merci de la plus petite intempérie.

L’ordre constitutionnel s’est trouvé perturbé à travers le Coup d’Etat de Mars 2012.

Dans le cadre de son rétablissement et après la démission du Président de la République en exercice, je fus appelé a occuper  les fonctions de président de la République.

Je ne reviendrai pas sur les péripéties que chacun sait. Il suffit de dire que le Mali a su trouver les ressources pour traverser cette période de manière exemplaire.

Le peuple du Mali doit être salué pour sa volonté de se remettre débout après les trébuchements inhérents à l’histoire des peuples et des nations. C’est sur cette volonté que j’ai parié et j’ai gagné mon pari !!

Nous avons traversé des temps de doutes, d’épreuves, de douleurs, de profondes remises en causes, y compris de ce que nous avons le plus cher, c’est-à-dire les fondements mêmes de la nation, son équilibre, son projet démocratique, sa volonté de paix et de stabilité, son aspiration à une société de progrès, de justice et de solidarité.

Mais parce que notre volonté de nous remettre debout et notre obstination à préserver la nation a été plus forte que les blessures infligées et les ambitions aventuristes, le peuple du Mali a tenu bon, contre vents et marées, avec en son sein, les militants et sympathisants du Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (l’Adema PASJ).

Nous devons ensemble  saluer ce peuple pour avoir su mener le bateau à bon port, le 4 septembre où un nouveau Président de la République a été investi à l’issue d’une élection libre et transparente, qualifiée par les plus difficiles d’exemplaire.

Je voudrais saluer ici le camarade Ibrahim Boubacar Kéita, car c’est de lui qu’il s’agit, ancien président de l’Adema et frère de combat dont le Parti (le RPM) chemine avec l’ADEMA dans la belle odyssée de la famille socialiste.

Je salue aussi, les nombreux camarades qui ont eu à porter les couleurs de notre parti dans les différentes élections qui ont jalonné le parcours du Mali démocratique.

Je salue le Camarade Alpha Oumar Konaré, le compagnon des temps d’incubation, premier président du Mali démocratique et militant impénitent pour l’Intégration et l’Unité Africaine !

Je salue également ici Soumaila Cissé, candidat désigné de l’Adema à l’élection présidentielle de 2002 !

De nombreux camarades nous ont quittés. Je m’incline pieusement devant les mémoires de ces femmes et de ces hommes de mérite.

Je sais que nous ne les oublierons jamais et que nous aurons toujours à cœur de rester fidèles aux idéaux auxquels ils ont consacré le meilleur de leur vie.

Je salue et je remercie les pays frères et amis de la CEDEAO, de l’Union Africaine, la Communauté Internationale singulièrement la France pour leur soutien et leur accompagnement, ayant compris très vite que ce qui se passait au Mali était aussi leur affaire parce que constituant une menace pour la paix en Afrique et dans le monde et un danger mortel pour notre civilisation universelle.

Camarades Congressistes

Vous me permettrez de consacrer la dernière partie de mon allocution à mon Parti, ce grand Parti qui a fait la fierté du Mali et suscité le respect et l’admiration en Afrique et dans le monde. Ce Parti qui aujourd’hui fait l’objet des préoccupations, voire des inquiétudes et des angoisses de l’ensemble de nos militants et sympathisants et de la grande majorité du Peuple du Mali.

C’est vrai que nous avons réalisé de grandes choses dans ce pays, c’est vrai aussi que quelques fois nous n’avons pas été à hauteur de mission faute de cohésion, d’unité et de discipline.

Oui nous avons fait de grandes choses. Nous avons au prix de beaucoup de sacrifices et d’un engagement sans faille donné un cadre de vie meilleur à nos populations à travers les jalons d’une démocratie réussie que notre Parti doit être fier d’avoir posés.

L’Adema a été de la conquête démocratique.

L’Adema a été du combat extrêmement ardu de l’éducation dans un pays à forte croissance démographique, avec un défi sans précédent de scolarisation et un déficit hallucinant d’infrastructures à notre accession au pouvoir.

Nous avons créé l’Université et développé les infrastructures scolaires à un rythme soutenu.

Dans le même temps, nous nous sommes évertués à démocratiser l’accès à tous les autres services sociaux de base : la santé, l’eau, les routes et j’en passe.

De tout cela nous n’avons pas à rougir.

L’Histoire retiendra que nous avons donné une impulsion irréversible au développement des villes secondaires, avec peu de moyens, seulement avec la volonté et l’amour de notre terre.

Loin de moi l’idée de faire un bilan exhaustif de notre Parti mais je voudrais simplement réfuter les procès faciles qui nous ont souvent été faits et refuser l’auto flagellation, car l’Adema n’a jamais été l’ennemi de ce pays, il a été sa truelle et son ciment accompagné par d’autres forces, d’autres volontés, d’autres démocrates et patriotes que je salue ici.

Nous devons être fiers de ce que nous avons fait tout en continuant de nous surpasser pour que ce pays se surpasse également et soit des nations qui  gagnent en droite ligne avec sa glorieuse histoire.

Camarades Congressistes

Se surpasser, se surpasser toujours, se surpasser encore. Maitriser son égo, ne pas mettre son agenda personnel avant celui du Pays et du Parti. C’est cela qui nous a manqué depuis la fin des années 90 et qui nous a valu toutes les dérives que nous avons connues : les saignés successives, l’indiscipline, les querelles intestines interminables n’ayant rien à voir avec notre projet commun.

La désunion et la non confiance se sont installées dans le Parti, conduisant directement aux échecs que nous avons essuyés lors des dernières consultations électorales.

Nous devons nous ressaisir, renouer avec nos valeurs de camaraderie, de travail, de discipline, de respect de l’autre mais surtout de solidarité et de justice.

Nous devons tirer les leçons de ces dérives et y trouver une parade non seulement sur le plan individuel mais aussi au niveau de nos texte qui ont été malmenés et souvent adaptés aux besoins du moment.

C’est pourquoi ce cinquième Congrès devra s’inscrire notamment sous le signe :

  • Du retour au respect de nos valeurs fondamentales, à notre projet revu et corrigé à la lumière de l’expérience accumulée.
  • Du débat militant et courtois n’ayant d’autre but que de trouver les meilleures solutions aux problèmes de ce pays et de définir les positions de notre parti conformément aux principes qui ont présidé à sa création.
  • De la transformation de la quantité en qualité. Oui il est temps que nous fassions ce bond qualitatif indispensable qui transformera la grande masse de nos adhérents en véritables militants

Camarades

En prélude aux assises de ce Congrès, le Comité Exécutif du PASJ a mis en place deux commissions de travail : La Commission de Relecture des textes du Parti et la Commission d’Organisation du Congrès.

Les textes du parti constituent un enjeu majeur pendant ces assises, car, leur relecture est une opportunité que nous devons saisir.

Certaines dispositions ad ’hoc ont engendré des problèmes et se sont avérées préjudiciables à l’efficacité du travail et de la cohésion du Parti.

Il faudra les corriger ou les retirer purement et simplement.

Parmi ces dispositions figure par exemple nos différents organes qui sont à arithmétique très variable et qui ont une fâcheuse tendance à grossir démesurément.

Je crois qu’il s’agit là d’une question qu’il faut aborder avec courage. En ce qui me concerne j’estime que la taille du Comité Exécutif est démesurée et influe négativement sur son efficacité.

Sur plus de 80 membres il est rare que pour une réunion du CE vous ayez la présence de 35 à 40 membres à tel point qu’à partir d’un certain moment il a été décidé de ne plus tenir compte de la question du quorum. De plus sur les 35 présents il y a une vingtaine qui n’est jamais la même, les décisions prises ne sont appropriées que par une minorité de membres du CE d’où les remises permanentes en cause de ces décisions avec tout ce que cela comporte de suspicion.

Je pense qu’il serait judicieux de s’en tenir à un CE de 25 à 35 membres maximum et de créer un nouvel organe :

le Comité Central qui se réunirait une fois par an pour valider, corriger ou initier des actions du CE, qui serait composé d’un représentant de chacune des 55 sections, d’un représentant des structure régionales, des Chefs éventuels des Institutions, du Président du CE, des Vice-présidents du Secrétaire Général du Secrétaire Politique, du Secrétaire Administratif et du Secrétaire à l’Organisation. Il est présidé par le Président du CE. Son effectif peut aller jusqu’à 90 ou même 100.

Il remplacerait la Conférence Nationale et pourrait créer en son sein des sous structures remplaçant les commissions spécialisées

Avec beaucoup de volonté, de confiance mutuelle et de réflexion objective nous pourrons élaborer des textes conformes à notre volonté d’aller vers plus d’efficacité plus de cohésion et cela permettra de nous atteler sans délai à la formation politique au sein de notre Parti.

L’application de ces nouveaux textes ne doit faire l’objet d’aucune complaisance. Cela permettra à nos militants d’être plus discipline et d’avoir foi à nos textes qui devront être appliqués sans discrimination à tous et à chacun.

Nous devons absolument redevenir des camarades engagés autour des mêmes valeurs et travaillant pour le même projet de société.

Des hommes et des femmes ont perdu leur vies, leurs santé, leur familles, leurs biens, leur relations pour ces valeurs et ce projet de société.

Le Peuple Malien à passé avec le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice un contrat d’espérance et de confiance.

Avons-nous le droit de trahir la mémoire de ces camarades ?

Avons-nous le droit de trahir ce contrat d’espérance et de confiance ?

J’ai confiance à vous toutes et à vous tous camarades militantes et camarades militants. Je suis convaincu que ce        Congrès sera celui de l’introspection et de la correction et qu’il sera le commencement du renouveau et de la refondation.

Ce Congrès j’en suis sûr sera celui du sursaut qui permettra à ce Parti historique qui a vocation à transcender ses divergences, à capitaliser l’extraordinaire richesse intellectuelle et morale de ses bases, à se rassembler et à rassembler son peuple pour redevenir la locomotive qu’il fut.

Camarades militantes et militants

C’est la dernière fois que je m’adresse à vous en tant que Président du Comité Exécutif du Parti Africain pour la Solidarité et la Justice.

C’est donc le moment pour moi de vous exprimer toute ma gratitude pour la confiance que vous n’avez cessé de me témoigner et que je me suis forcé de mériter avec des fortunes diverses.

Ces années de militantisme où à certains moments, personne ne savait où et comment se lèverait le soleil. Ces années de conquêtes et de consolidation de la démocratie.

Ces années où vous m’aviez confié la direction de ce grand parti généreux et patriotique. Ce Parti qui m’a tout donné et auquel je continuerai jusqu’à mon dernier souffle à donner le meilleur de moi-même.

Merci de m’avoir soutenu et accompagné pendant ces moments à la fois tragiques et passionnants de la grande épopée de la deuxième libération du Mali et du retour à une vie constitutionnelle normale.

Tout ce que nous avons fait de bon, nous l’avons fait ensemble. Pour les erreurs et les faiblesses, je les revendique en comptant sur votre indulgence.

A toutes et à tous je demande pardon pour les offenses que j’ai pu faire bien involontairement.

Et c’est confiant à l’avenir de notre Parti et le cœur plein d’espoir que je déclare ouverts les travaux du cinquième Congres Ordinaire du Parti Africain pour la Solidarité et la Justice.

Soyons des abeilles unies, disciplinés et travailleuses pour le bonheur du peuple du Mali, de l’Afrique et du monde.

Que Dieu bénisse le Mali, en paix et réconcilié avec lui-même !

Que Dieu protège et inspire l’Adema-PASJ !

Merci.

 

Bamako, le 24 Mai 2015

 

Pr. Dioncounda Traoré

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