Le Directeur de l’Office central des stupéfiants (OCS), Magistrat Lieutenant–colonel Adama Tounkara, a animé le mercredi 12 juillet 2017 une conférence de presse. Au cours de cette conférence de presse, le Directeur a expliqué les missions de sa structure ; le bilan de 2006 à nos jours ; les difficultés rencontrées par l’OSC et les perspectives.
Dans son exposé, le Directeur de l’Office central des stupéfiants (OCS), Magistrat Lieutenant-colonel Adama Tounkara, a dit qu’en matière de trafics de drogues, le Mali n’est pas une plaque tournante, le Mali est un pays de transit. «Nous savons que la situation actuelle du nord fait qu’une quantité de drogues passent par là-bas mais qui viennent d’ailleurs », a-t-il souligné. Et d’ajouter que son département fera en sorte qu’il ait une stratégie nationale de lutte contre la drogue. Parlant des défis de l’OSC, le Directeur Tounkara, a dit qu’il s’agit de la collaboration et de la coopération avec tous les services d’Etat qui peuvent donner des informations. « Nous savons qu’aujourd’hui les trafiquants sont dix fois mieux organisés que nous. La partage des informations dans le cadre d’une coordination et une coopération sincère pour démanteler les trafiquants est indispensable », a-t-il indiqué. « Il y a certains services qui nous comprennent mais d’autres font la résilience, mais je ne sais pas pour quel fin », a-t-il regretté.
Pour lui, il doit y avoir des échanges d’informations entre les services compétents afin que chacun dans son domaine de compétences joue son rôle. « Il faut que les autres services acceptent qu’il ait une coordination, sinon nous partirons à rang dispersé et cela ne sera que la terre bénie pour les trafiquants », a-t-il insisté. A l’en croire, sa structure est engagée de jour comme de nuit pour démanteler les réseaux des trafiquants. Et de préciser que, cela ne sert à rien de couper la queue du serpent car le plus important, c’est sa tête. Il a fait savoir que chaque fois il y a un trafic international, c’est l’OSC qui a la compétence requise. « Nous avons partagé cette information l’année passée avec les magistrats et les services des répressions de la Police, la Douane et la gendarmerie,… », a-t-il ajouté. Concernant les arrestations des trafiquants, le Directeur a souligné qu’à leur niveau, ils ne disposent pas de pouvoir pour suivre les dossiers une fois que les malfrats ont été mis à la main des juges. « Le cannabis est une drogue qui a des conséquences néfastes sur la santé surtout sur le cerveau. Le cannabis est un danger pour la jeunesse donc il faut une lutte d’ensemble pour endiguer sa consommation », a-t-il mis en garde. Avant de terminer le Directeur Tounkara, a dit qu’au sein de département c’est la tolérance zéro. « Quand un agent est pris en flagrant délit, il sera expédié. Donc, nous avons des agents honnêtes, sincères et ils sont incorruptibles par l’argent des trafiquants », a-t-il estimé.
2,700 kg de cannabis; plus de 5kg de cocaïne et de 3 tonnes de psychotropes saisis en 2016
Par ailleurs, le Directeur de l’OCS, Magistrat Lieutenant–colonel Adama Tounkara, a rappelé que l’OCS a pour principale mission de faire la prévention ; le contrôle et la répression ; la coordination. Concernant le bilan, il a souligné que de 2016 à nos jours, l’Office a effectué des saisies de drogues, démantelé des réseaux de trafic de drogue, organisé des activités de sensibilisation et posé des actions pour une meilleure coordination de la lutte. Dans le cadre de son rôle de contrôle et répression, l’OCS procédé l’année passée à la saisie record de 2,700 kg de cannabis ; plus de 5kg de cocaïne et de 3 tonnes de psychotropes composées de tramadol, de rivotril et d’autres médicaments contrefaits, etc.
Et suite à ces saisies, 175 personnes, dont 20 de nationalité étrangère ont été interpellées et mises à la disposition de la justice. L’un des plus grands réseaux de trafic de cannabis au Mali, dirigé par Moustapha Doucouré, a été démantelé.
Pour l’année 2017, il y a eu pour le moment la saisine de plus de 600 kilogrammes de cannabis, 1,5kg de cocaïne, 10kg d’héroïne avec la douane et une quantité importante de psychotropes. Au total environ 32 personnes ont été interpellées et le Chef de l’un des plus grands réseaux de trafic de cannabis de Bamako du nom d’Ibrahima Madani Bah dit Rougeot, a été interpellé.
Par rapport aux difficultés rencontrées, il faut noter l’absence de données fiables sur les tendances nationales du trafic et de la consommation des drogues dans notre pays ; l’absence d’une politique et d’une stratégie nationale de lutte contre la drogue par manque de cadre approprié pour son élaboration et sa validation ; l’absence d’un fonds pour la prise en charge des informateurs car la lutte contre le trafic de drogues repose essentiellement sur le renseignement ; le manque de moyens techniques appropriés comme les matériels d’exploitation numérique et téléphonique, le matériel de scan corporel et de bagages et les chiens renifleurs.
Pour les perspectives, l’Office compte mettre en place un réseau et un fonds de prise en charge des informateurs, conformément à l’article 29 du décret 2015-0400 du 04 juin 2015 portant organisation et modalités de fonctionnement de l’OCS ; poursuivre le renforcement des effectifs et assurer leur formation spécialisée ; orienter les efforts de lutte de l’OCS et des autres structures vers les nouvelles substances psycho actives (tramadol, rivotril, diazépam, …) qui constituent une menace de plus en plus croissante et enfin rendre opérationnelle la Mission Interministérielle de coordination de la Lutte contre la Drogue (MILD) à travers la nomination de son Secrétaire Permanent et la désignation des membres des différentes commissions techniques qui la composent.
Seydou Karamoko KONE