Diéminatou Sangaré sous un déluge de critiques : Toute calomnie tue trois fois

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Mensonge ou calomnie peuvent être en outre aggravés par leur contexte. Que se passe-t-il lorsque la scène de la souffrance a été retouchée ou créée de toutes pièces ? Lorsque les rôles ont été transformés ou inversés ?

En ce monde blasé, trop de vérités essentielles passent souvent sous silence. Un tissu de mensonges flagrants sans menteurs identifiables. De tels menteurs ont disparu dans les replis du tissu organisationnel. Une calomnie portée sur quelqu’une. Pour atteindre cette haute personnalité, la calomnie fait intervenir un ou plusieurs mensonges. Elle est en ce sens bien plus grave que le mensonge, car elle mobilise une architecture complexe. Mensonge ou calomnie peuvent être en outre aggravés par leur contexte. Le malheureux qui souffre, le persécuteur qui le fait souffrir, le bienfaiteur. Côté salle figure un spectateur impartial mais trop éloigné du lieu des souffrances pour pouvoir intervenir. Ce modèle est remarquablement adapté à l’analyse des intrigues parce qu’il inscrit la distance entre spectateurs et spectacles au cœur de ce dispositif scénique. Que se passe-t-il en effet lorsque la dénonciation est injustifiée ? Lorsque le mouvement de la compassion embrasse un objet imaginaire ? Lorsque la scène de la souffrance a été retouchée ou créée de toutes pièces ? Lorsque les rôles ont été transformés ou inversés ? Que se passe-t-il, enfin, lorsque le contenu du spectacle a été calculé en fonction des gestes que l’on voulait imposer au regard des spectateurs ? Selon un aphorisme, toute calomnie « tue » simultanément trois personnes : celle que vise la calomnie, celle qui l’émet, celle qui l’écoute.

La doctrine de l’émetteur est d’une terrible simplicité : pourquoi présupposer que l’être humain est cohérent? Ne peut-on pas adhérer à un propos sans pour autant le tenir pour vrai? Voilà le vertige. La fin de l’aventure dans la tribu de la directrice de l’INPS ne signifie pas la fin du monde. Sa contribution est demandée pour faire une passation complète et permettre à son successeur de reprendre facilement ses missions. Cette étape essentielle peut s’avérer fastidieuse. En effet, vous pensez déjà à votre carrière et en même temps vous ne souhaitez pas partir en mauvais termes avec le service. Alors, une sortie de route sereine et avec la bonne attitude s’impose. Le monde du travail est petit et conserver de bonnes relations avec vos supérieurs et vos collègues, c’est aussi penser à l’avenir. Qui sait, demain vous pourrez être amené à retravailler avec l’un d’entre eux ou bien devoir solliciter son concours. La cérémonie conformément à l’usage se déroule toujours en bonne intelligence, quel que soit le degré d’inimitié entre les deux personnalités. Malheureusement, la sortante en a décidé autrement.

 Don d’ubiquité

Doit-on mettre en avant le côté narcissisme, seul moteur qui maintiendrait encore l’auteur du pamphlet dans sa logique de transformer le noir en blanc ?Non seulement, il ne sait pas bien tendre la perche à la personne qu’il croit aider, mais sa médisance sur la supérieure de celle-ci ne sert pas cette dernière.

A moins de voir cacher la lune avec sa main, à la tête du département de la Santé, une femme semble posséder le don d’ubiquité. Diéminatou pouvait à son gré se multiplier et se trouver en même temps, de corps et d’esprit, en autant de lieux qu’il lui plaisait souhaiter tant elle est sur tous les fronts. On ne comprendra probablement jamais rien au politique si on se sent incapable d’admirer une personnalité pour le travail colossal qu’elle abat. Mme la ministre  infléchit le cours de son destin de son pays bien aimé. Qui sait incarner, à un certain moment particulier de l’histoire, le destin de son peuple. Qui sait délivrer la politique du langage de la gestion pour l’exprimer plutôt dans le langage de l’histoire. C’est une grâce qui n’est pas donnée à tous ceux à qui s’engagent en politique.

Mme Diéminatou a bien mouillé le maillot pour avoir doté les hôpitaux d’équipements ultra modernes – grande première : un centre de santé de référence, précisément celle de la commune V du district de Bamako est doté d’un scanneur de dernière génération; deux hôpitaux nationaux ont réceptionné des appareils de dialyse, du matériel roulant, renforçant ainsi leur capacité d’intervention. Sous un passé recent, des compatriotes étaient réduits à assurer leur prise en charge au Sénégal, au Maroc ou en Tunisie tant le nombre d’appareils était trop limité et ils tombaient régulièrement en panne.

Ces précisions apportées, quittons ce sans visage consumé par une rage sourde et aveugle qui fait fonctionner son stylo de bille et son clavier d’ordinateur au service d’une cause perdue, en somme, l’avocat du diable.

Ibrahim Yattara

 

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