Diéma : Le biran sènè, disparu de notre société

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Le biran sènè consiste à aller cultiver le champ de ses  beaux parents  sans la sollicitation de ceux-ci. Cette pratique ancestrale tend  à disparaître de nos coutumes. Pourtant elle a sa place en matière de relations  entre le  mari et sa  belle famille, elle  permet de renforcer les liens socio-parentaux et du coup  pérenniser le mariage.
A travers cette activité, la femme même sent qu’elle  est aimée, soutenue par son mari. L’homme qui est à mesure de le faire mais qui s’y abstient, n’a aucune considération pour son épouse.
De nos jours, rares sont les maris qui acceptent de travailler dans le champ de leur beau père. Il y en a qui préfèrent payer des manœuvres pour  des activités de labour, de sarclage, de désherbage, etc. Ce système est surtout fréquent en milieu intellectuel, fonctionnaire.
Beaucoup d’hommes refusent de rendre un tel service à leurs beaux parents.
«  Quand le biran sènè disparaît, nous allons tout perdre. Le mariage n’aura plus son sens. Un père qui te donne sa fille en mariage, t’a tout donné dans la vie. Tu ne pourras jamais le payer, mais tu peux quand même faire quelque chose pour lui en guise de reconnaissance. Moi, c’est  ma façon de voir les choses » déclare Sambou TOURE, colmateur de  pneus.
Madame SIDIBE Djénébou  KONE, vendeuse de glace  «  Le biran sènè est saboté actuellement. Peu de maris le font. Mais mon époux, s’y adonne à chaque  hivernage. Il consacre 3 à 4 jours pour  aller se baisser lui-même  dans le champ de mon père. Cela fait beaucoup plaisir à ce dernier. Durant ces jours, mes sœurs préparent de bons plats pour mon mari. Mon époux  disait qu’il n’a besoin que de bénédictions de la part de mon père ».
Abdoulaye DOUCOURE, transporteur «  Le biran sènè  est lié aux relations entre le mari et sa femme. Généralement si le climat est bon entre la femme et son mari, ce dernier s’intéresse  à ses beaux parents. Mais quand rien ne va entre le couple, les parents du mari et ceux de la femme trouvent leur  part »
Bintou FOFANA «  Les hommes  ne sont pas les mêmes. Il y en a qui s’ occupent de leurs beaux parents, d’autres s’enfichent. Quand l’homme n’a pas de considération pour sa femme, il ne peut pas respecter ses beaux parents »
Seydou TRAORE, notable  se souvient du passé «  Avant, le biran sènè était beaucoup pratiqué dans nos milieux. Je me rappelais, pendant l’hivernage, mes camarades et moi partaient  travailler dans les champs de nos beaux parents, à tour de rôle. Nous prenions en charge nos nourritures. C’était la plus âgée de nos épouses qui préparait nos repas, elle se faisait aider par les autres femmes. La plus jeune, la kognomousso de Bakary était chargée de transporter le plat. On commençait le travail à 8 heures pour arrêter à 17  heures avec une pause de 30 à 40 mn pour manger et prier le sélifana. Le travail était rude surtout s’il                   s’agissait de désherber  un champ trop envahi par les herbes Nous participions à tous les travaux champêtres de nos beaux parents, du labour jusqu’ au battage du mil. Mais actuellement, les jeunes d’aujourd’hui n’acceptent pas de remplir de telles conditions.  Certains n’ont aucun égard pour leurs beaux parents »
« Les mariages d’aujourd’hui n’ont plus de valeur. Ils ne subissent plus les mêmes règles qu’avant. L’homme et la femme se croisent dans la rue et se marient, souvent sans le consentement de leurs parents. Comme disait un oncle, les mariages sont contractés en plein midi et sont défaits en plein midi. Dans ces conditions, pensez vous que le mari aura de la considération pour ses beaux parents et  inversement pour l’épouse. Le mari ne va pas soutenir ses beaux parents dans quelque activité que ce soit. Aussi pour ces genres de maris, le biran sènè n’est-il pas une futilité, une perte de temps ? », S’interroge Kaman DIARRA, la main placée  sous le menton.
Lassana DIALLO, maître de second cycle «  Travailler dans le champ de ses beaux parents, est un acte de respect, d’ amour et de reconnaissance, qui mérite d’ être encouragé, perpétué de génération en génération. Le beau fils doit tout à ses beaux parents. Je ne m’y oppose pas. Malheureusement, je ne suis pas dans le cas, car mon beau père est un éleveur, il ne pratique pas l’agriculture. Le jour où il se décidera à le faire, j’apporterai ma contribution »
«  De nos jours, beaucoup d’hommes préfèrent appuyer financièrement leurs beaux parents que de prendre eux-mêmes la daba », ajoute Sédifo DIANE Association des jeunes.
Fadima DIAWARA, vendeuse de cure-dents siriguéssé «  Moi, mon mari le faisait avant, mais depuis que nous sommes rentrés en conflit à cause de la nouvelle femme qu’il a mariée, il a cessé de pratiquer le biran sènè »
«  Le biran sènè est une pratique démodée, qu’il faut abandonner. On n’a  plus besoin                 d’aller cultiver personnellement dans le champ du beau père. Il faut mettre à sa disposition des moyens », déclare un lycéen.
Une  femme  s’ emporte «  Un homme qui refuse d’ aller travailler dans le champ de ton père, son biranké,  veut montrer qu’ il ne t’ aime pas, sinon il doit accepter de faire tout pour lui. Mon mari cultive chaque année le champ de mon père, le jour où il arrêtera de le faire, sans cause, je le quitterai, même s’il y a des milliers d’enfants entre nous »
KayesInfos

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