Invité pour une communication à l’atelier national sur la question, Dr. Abdoulaye Sall est catégorique : “Il faut réhabiliter la fonction sociale des chefs et autorités traditionnels en les mettant au cœur du processus de sortie de crise”. L’ancien ministre des Relations avec les institutions recommande les sept préceptes universels pour réussir le pari de la réconciliation et d’élections apaisées.
Lorsque le président de Cri-2002 parle du rôle des chefs et autorités traditionnels dans le processus de retour de la paix au Mali, il apparaît comme un homme à l’aise dans sa matière. Au gouvernement, Dr. Abdoulaye Sall en a fait tout un chantier.
Dans la mise œuvre du plan d’action triennale du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie (Cri-2002), il en a fait son cheval de bataille. Car, pour lui, la fonction sociale des chefs et autorités traditionnels est une composante essentielle de la démocratie dans un pays comme le nôtre.
C’est en expert de la question qu’il a été invité ce jeudi 2 mai au gouvernorat du district, à présenter une communication à l’atelier national sur “le rôle des responsabilités, des chefs traditionnels et des griots dans la promotion du dialogue, de la culture, de la paix et la prévention des conflits pour des élections apaisées”.
D’entrée de jeu, le président de Cri-2002 a indiqué qu’au Mali, ceux-ci ont été dépossédés de leurs pouvoirs. “Dans certains pays sahéliens comme le Niger et le Tchad, aussi vastes que le Mali, aussi peuplés que le Mali en populations sédentaires et nomades, aussi pauvres que le Mali en Indice de développement humain durable (IDHD), aussi confrontés que le Mali aux questions nomades, les chefs et autorités coutumiers, traditionnels et religieux constituent de véritables acteurs constitutionnels de la République dotés de statuts propres”.
Au Mali, a-t-il regretté, leurs droits et devoirs se retrouvent éparpillés dans un maquis de textes de lois et de règlements qui rendent leur lisibilité et leur visibilité quasi impossibles. “Il faut en sortir en 2013 en revisitant les textes en vigueur et à travers des cas pratiques, des actions concrètes, identifiables et mesurables en partant de la situation existante”, a recommandé le président de Cri-2002, qui a reconnu en eux leur rôle essentiel dans la réussite du pari de la réconciliation et des élections apaisées.
Sept préceptes indispensables
Pour faire face au défi, Dr. Abdoulaye Sall a souligné “les sept préceptes universellement admis de nos jours pour être observés, respectés et effectivement mis en œuvre, suivis, évalués, contrôlés sur le chemin du dialogue et de la réconciliation pour des élections apaisées”.
Ces préceptes impliquent de “savoir écouter les autres, tous les autres, et aider chacun à exprimer son point de vue, ses aspirations, ses souffrances, savoir exprimer sereinement mon propre point de vue ou celui de ceux dont je défends la cause, de manière non agressive, sans faire aux autres des reproches non fondés, reconnaître que souvent l’autre, comme moi, a des besoins et qu’il a parfois beaucoup souffert, reconnaitre que l’autre comme moi a le droit de vivre et d’être heureux”.
L’un des chapitres non moins importants de ces sept préceptes universels, c’est aussi la nécessité de “chercher et proposer des solutions qui assurent non seulement mon intérêt propre, mais l’intérêt des deux parties, développer des alliances avec ceux qui veulent construire la paix, être tourné vers l’avenir, plus que vers le passé, savoir que l’essentiel n’est pas ce qui s’est passé hier, mais ce que nous allons faire demain., et enfin, libérer en moi les forces intérieures de paix et de construction”.
Abdoulaye Sall est convaincu que l’inclusion des chefs, autorités traditionnels, coutumiers et religieux dans le processus et les procédures de dialogue et de réconciliation doit s’inspirer de ces préceptes. En s’appuyant, précisera-t-il, les dialogues civil, technique et politique.
Issa Fakaba Sissoko