Installée dans ses fonctions depuis des lustres, la Commission dialogue et réconciliation (CDR) peine à entrer dans la phase active de ses missions. Elle semble réduite pour le moment à la vadrouille entre les institutions de la République, où les promesses ne sont suivies d’aucun acte concret. La récente nomination de Tiébilé Dramé par le chef de l’Etat comme négociateur avec le MNLA et le manque de poigne du président Mohamed Salia Sokona, font grincer beaucoup de dents.
Les commissaires de la Commission dialogue et réconciliation (CDR) ne semblent pas à la même longueur d’onde que leur président dont la lourdeur commence à créer des grincements de dents à plus d’un niveau. Depuis l’installation de la commission, dit-on, il y a un mois, jusqu’à nos jours, aucun moyen n’a été mis à sa disposition des commissaires pour leur permettre d’exercer convenablement leur mission. Jusque-là l’Etat, qui n’a mis aucun kopeck à la disposition de la CDR, tourne en rond espérant trouver un fonds de démarrage auprès des partenaires financiers.
Résultat : des commissaires sont obligés de faire leurs déplacements à pied comme cela a été constaté hier à la Primature lors de la rencontre du Premier ministre avec la commission. Dans cette situation de débrouille, les deux commissaires venus de Gao tirent le diable par la queue pour n’avoir bénéficié aucune prise en charge liée à leur nouvelle fonction. Toutes ces révélations sont si étonnantes au moment où il se dit que le gouvernement renfloue les caisses de la commission. Pourtant ce témoignage de ce commissaire est aussi pathétique, « depuis ma prise de fonction, je n’ai perçu aucun franc. Il en est de même pour beaucoup comme moi ».
Les commissaires se plaignent de la lenteur de la commission dans l’entrée dans la phase active de la mission: « on s’attarde sur des futilités alors qu’il y a beaucoup de choses importantes à faire », regrette notre interlocuteur. Conséquence : la CDR n’a jusque-là pas de programme de travail, pas de bureau. Seule une salle de conférence lui a été désignée Koulouba pour ses réunions.
Les commissaires, ne voient pas d’un œil la nomination de Tiébilé Dramé par le président de la République, Dioncounda Traoré, en qualité d’interlocuteur avec les rebelles du MNLA. Chose qui pourrait être interprétée comme une violation des textes dans la mesure où c’est à la commission qu’il appartient d’identifier les groupes avec lesquels il faut discuter.
Le hic, c’est que pendant que les commissaires tirent la sonnette d’alerte, le président Sokona, feint d’ignorer l’urgence et la pertinence des doléances. Pour lui Tiébilé Dramé est en mission ponctuelle. Ce n’est pas tout car, au sujet des véhicules mis à la disposition de la commission, il y a aussi problème. Il a été annoncé que c’est en tout 22 véhicules qui ont été mis à la disposition de la CDR, mais 8 manquent déjà à l’appel. Les commissaires se demandent où sont partis ces 8 véhicules. Avec autant de difficultés dès au départ, la CDR risque de passer à côté de la plaque.
Abdoulaye Diakité
LA CDR CHEZ LE PM
Après le président de la République, la Commission dialogue et réconciliation (CDR) a rencontré hier le Premier ministre, Diango Cissoko. Le chef du gouvernement a indiqué au président Sokona et à son équipe que le pays, les partenaires techniques et financiers, de même que le gouvernement, comptent sur eux. En retour, le président Mohamed Salia Sokona a informé le chef du gouvernement de l’adoption des statuts et règlement de la commission, du séminaire organisé à l’intention des commissaires, de la journée d’échanges que la CDR a eue avec les ambassadeurs de l’Union européenne et de la prochaine sortie sur le terrain. La prochaine réunion de la commission est fixée au mercredi prochain.
Mal composée, la CDR ne peut qu’échouer.
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