Solennellement et tristement. La consommation de l’alcool s’est invitée dans les vœux de fin d’année au Mali. Selon une enquête OMS, le Mali occupe le très honorable rang de 3e pays consommateur d’alcool. Une position contestée, rejetée pour être reconnue comme le podium N°3 de grand buveur dans le monde. La nuance est de taille. Mais l’enquête OMS fait bruit. Et peut octroyer au phénomène une connotation de question de santé publique. Au premier comme qu’au second degré, elle ébranle la certitude qui fait du Mali un pays à 90% musulmans, une religion qui interdit la consommation d’alcool. Et écorche surtout l’image de certains de ces pratiquants au Mali. Ceux qui au service de Dicko, président du Haut conseil islamique au Mali, œuvrent à la destruction de toutes pratiques condamnées : soirée récréative des enfants, bars-restaurants, tenue des élections Miss. Et qui se disent satisfaits de leur contribution à l’élection du président IBK. Décidément, cette enquête-là n’en est pas une pour le Mali. Elle traduit une mauvaise image, étale la faiblesse des intégristes face à l’évolution de la société. Diagioukou, Quand tu nous tiens !
En réalité, ce rang a de quoi perturber la visée islamiste de Dicko. Qui le présentera donc au président de la République lors de ses présentations de vœux de l’an 2015, comme un danger, plus grave que la percée des islamistes au Nord, qui bénéficie sinon de son appui en tout cas de sa bénédiction, au motif que la finalité des islamistes, faire du Mali, la République de tous les intégristes islamiques du Monde, est une cause pour lui, Dicko. Encore un dont le réveil est de plus en plus anormal. Oui, le Mali intégriste n’est pas pour demain. Réputé être un pays, où la corruption est devenue une mode de gestion publique, qui mériterait un Département ministériel pour son organisation, le Mali par ce classement se distance encore de ses valeurs sociétales. Et pourtant, notre culture admet volontiers la consommation du dolo. Une sentence coutumière la confirme du reste. Que chacun d’entre nous a dû entendre au moins une fois : «Dolo ka mi tignè ka fo : boire le dolo et dire la vérité». Que fait donc peur à Dicko dans cette enquête. Rien ou peu de chose. L’enquête marque en réalité un tableau noir de sa mission. Celle de faire du Mali la République des intégristes islamiques au nord du Sahara. Sinon, qui mieux que lui, ne sait qu’au Mali, il y a eu et y a encore, des vestibules de dolo, et que particulièrement à Bamako, chaque quartier a son grand buveur, reconnu et bien intégré. Que de grands buveurs existent au Mali ne date pas de cette enquête de l’OMS. Cela, on le sait depuis. Et Salif Keïta, dans son album Bemba, le chante si bien : «a conon mayi, a conon bè dji : son ventre n’est pas bon, tout son ventre, c’est de l’eau». Il s’agit de qui, croyez-vous Iman Dicko ?
Békaye DEMBELE