Les stations d’essence Dia-Négoce sont ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En dehors d’un bas salaire, les pompistes ne bénéficient d’aucune couverture sociale.
À Dia-Négoce, l’heure n’est plus à la sérénité. Entre le 5 décembre et le 16 janvier, les stations d’essence de la société ont été cambriolées à trois reprises. À chaque fois, les responsables de la société promettent de prendre des mesures pour sécuriser les pompistes.
Pas de couverture sociale
Les employés souffrent de l’insécurité. Mais pas que. Les salaires sont misérables (moins de quatre vingt mille francs par mois) et ne bénéficient pas de couverture sociale.
Embarrassés, certains pompistes estiment (sous le sceau de l’anonymat) qu’aucun travailleur de la société n’est inscrit à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS). Il y a deux ans, la société avait amorcé le processus. Mais il a été arrêté depuis pour des raisons économiques.
«Certains d’entre nous disposent de la carte INPS qui ne sert à rien, d’autant que la société n’a jamais versé un centime de cotisation», murmure un pompiste. D’un air triste, il ajoute : «Nous n’avons aucune perspective. Nous avons un contrat qui ne sert en réalité à pas grand-chose».
«C’est très harassant….»
Les stations de la société Dia-Négoce sont ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Deux équipes de quatre à six personnes se succèdent, soit deux à trois personnes par équipe, selon les points de vente. Chacune d’entre elle doit faire douze heures de travail. Ce qui est contraire à la réglementation en vigueur.
Selon le code du travail malien, un employé ne doit pas dépasser huit heures de travail sur vingt-quatre heures, à moins que ça ne soit compté comme heures supplémentaires. De l’avis de nombreux pompistes, le volume du travail est trop grand pour deux à trois personnes. «C’est très harassant. Nous n’avons pas le moindre répit de la montée à la descente du travail», râle un pompiste, prêt à servir un motocycliste. «On nous interdit de dormir pendant la nuit», commente un autre avec un visage crispé.
L’absence de sécurité pendant la nuit
Les stations de la société ne sont pas sécurisées et sont malgré tout ouvertes toute la nuit. À ce jour, et après une série de trois braquages, les responsables de l’entreprise n’ont pas encore pris des dispositions pour sécuriser les employés. Dans les colonnes du journal «L’Indicateur du Renouveau», Nouhoum Coulibaly, le gérant de la station de Banankabougou, reconnaît l’absence de sécurité pendant la nuit. Toutefois, il ajoute ne pas avoir le choix. «C’est la décision des patrons», affirme-t-il.
En attendant des solutions, les pompistes ont, lors d’une réunion, le samedi, à la direction générale de la société, demandé un changement d’horaire. Ils proposent désormais de fermer les stations à une heure du matin pour les ouvrir à cinq heures du matin. La direction dit avoir pris bonne note de la proposition et promet de l’analyser, rapporte un participant à la réunion.
Approché, Mohamed Lamine Traoré, administrateur délégué, préfère ne pas répondre à nos questions. Il invite pour tout besoin à s’adresser au conseiller à la communication, Zie Ibrahim Coulibaly. Celui-ci nous a demandé de faire le tour des différentes stations d’essence afin de comparer les salaires.
Sans avancer de montant, M. Coulibaly affirme que Dia Négoce paye mieux que toutes les autres stations, y compris Shell et Total. «Ce sont nos agents qui l’ont dit», martèle-t-il. Pour les autres aspects, Zie Ibrahim Coulibaly affirme n’avoir pas de réponse. «Je n’ai pas eu le temps de rencontrer le PDG», souligne-t-il. Pourtant, nous lui avions remis un questionnaire deux jours auparavant.
Abdrahamane Sissoko
Source : Le Wagadu