Afin de renforcer la participation des femmes rurales au développement local à travers leur implication dans la prise des décisions, le Groupe de recherche et de réalisations pour le développement (GRDR) en partenariat avec l’Association professionnelle des femmes rurales (ASPROFER) et le soutien financier de l’Union européenne, a lancé un projet pilote baptisé « Promotion de la représentation et de la participation des femmes rurales à la prise de décision locale ». Ce projet a démarré en octobre 2011.
La restitution de ses résultats fait l’objet d’un forum national intitulé « Femmes rurales dans l’espace public », organisé hier au Centre Aoua Keïta de Bamako. La cérémonie d’ouverture de la session à laquelle participaient les représentants de tous les acteurs bénéficiaires, était présidée par Mme Keïta Fatoumata Keïta, la représentante du ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant. C’était en présence de la représentante de la délégation de l’Union européenne au Mali, Mme Laura Mascagna, de la présidente de l’ASPROFER, Mme Niagaté Goundo Kamissoko, et de la coordinatrice du GRDR Mali, Mme Mariam Maguiraga B. Camara.
Les chiffres sont parlants. Les femmes constituent 51% de la population malienne et contribuent à hauteur de 80% dans l’apport en besoins alimentaires et 90% dans l’accès à l’eau en milieu rural surtout. Mais au niveau politique et dans les instances de décision, leur représentativité est insignifiante. Ce constat a incité les acteurs du projet pilote Promotion de la représentation et de la participation des femmes rurales à la prise de décision locale, à s’atteler dans 12 communes de 2 cercles de la région de Kayes, à la valorisation du rôle central des femmes dans la société malienne et dans son développement. L’exercice comprend l’information des femmes sur les enjeux de leur participation à la vie politique, leur formation et celle des élus des différentes instances du Guidimakha kafo et la mise en place d’un réseau des femmes leaders.
Afin de favoriser les candidatures féminines lors des prochaines élections, des rencontres ont été organisées avec les édiles des 9 communes. Le projet a ainsi touché 200 femmes leaders, 168 organisations féminines, 123 élus (femmes et hommes) et 168 leaders communautaires. Au total, c’est une population de 152 000 personnes dont 77 000 femmes qui a été ciblée par le projet. A terme, l’objectif recherché par les initiateurs est de permettre aux femmes rurales de se positionner de façon significative dans le processus décisionnel local. Il s’agit également de faire connaître les enjeux de l’implication des femmes dans le processus décisionnel par les collectivités et doter celles-ci d’outils et de compétences y afférentes. La capitalisation et la diffusion de ces actions à l’échelle nationale et régionale doivent être le couronnement de l’opération.
En insistant sur le rôle central de la femme dans le développement d’un pays, la représentante du ministre a paraphrasé l’ancien président tanzanien Julius Nyéréré, en estimant qu’aller sans les femmes, c’est comme avancer en unijambiste sur la route du développement. Le meilleur moyen de prendre du retard. La participation des femmes au processus décisionnel, a précisé Mme Keïta Fatoumata Keïta, ne signifie nullement une perte de pouvoir des hommes, mais au contraire, une complémentarité dans les efforts de développement. En évoquant la création d’un département de la promotion de la famille, de la femme et de l’enfant et l’adoption d’une politique nationale genre, Mme Keïta a salué les efforts consentis par le gouvernement pour l’implication des femmes rurales.
Mme Laura Mascagna s’est, elle, félicitée de la réussite du projet et espéré que les résultats pourront favoriser la participation des femmes à la vie politique au Mali.
Rappelons que le GRDR accompagne les populations de la région de Kayes dans leurs actions de développement depuis une trentaine d’années. Il a aussi appuyé les processus de décentralisation au Mali, en Mauritanie et au Sénégal. L’exercice de la démocratie locale grâce au fonctionnement des instances de concertation pour le développement local, montre que les femmes sont peu ou pas représentées. Les raisons de cette exclusion sont multiples. Le GRDR a appris à les solutionner. Reconnu pour son expertise dans la mobilisation des acteurs, le renforcement des capacités et en animation du dialogue territorial, le Groupe de recherche et de réalisations pour le développement a conçu des outils pertinents (caravane, thé, palabre) pour permettre aux femmes de prendre confiance en elles et d’occuper l’espace public.
C. A. DIA