Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga était jeudi 21 avril 2022 devant le Conseil national de Transition (CNT), organe législatif de la Transition. Occasion pour le Chef du gouvernement de défendre le bilan des actions de son gouvernement dans le cadre de l’exécution du Programme d’actions gouvernemental (PAG) adopté le 2 août 2021. Au cours d’un long débat, portant sur des sujets comme le processus de refondation, le chronogramme électoral, l’engament des forces armées et de sécurité sur le théâtre des opérations, les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA, le nouveau partenariat du Mali avec d’autres pays, le PM sans détour et dans un langage de vérité dont il est coutumier, a apporté des réponses claires aux questions posées par les membres du CNT.
En effet, le premier ministre Choguel K Maïga a répondu en deux passages à la longue série de questions posées par les membres du Conseil national de Transition (CNT).
Durant cette «question d’actualité » qui a duré plus de cinq (5) heures d’horloge, l’accent a été mis sur les 4 axes (sécurité, réformes, élections, gouvernance) du Programme d’actions gouvernemental (PAG). Au terme des échanges, Choguel Kokalla Maïga a apporté des éclaircissements aux différentes préoccupations exprimées par les Conseilleurs. Durant les débats, les questions des membres du CNT étaient relatives aux acquis de la transition et la suite du processus de refondation, au chronogramme électoral, à la montée en puissance des forces armées, aux sanctions de la CEDEAO et UEMOA… Autres préoccupations exprimées : l’éducation, la santé ou encore la cherté de la vie.
La sécurité et la défense ? Le Premier ministre a mis en avant la montée en puissance des forces armées et de sécurité (FAMa) unanimement reconnue et saluée, le renforcement du maillage sécuritaire du territoire national et une nette amélioration du climat de sécurité sur une grande partie du pays.
En outre, ministre Choguel K Maïga a souligné que l’armée est la colonne vertébrale de la Nation. : « Il n’est point exagéré de dire aujourd’hui que les FAMAs sont notre fierté et notre atout-maître dans le processus de renaissance du MALI-KURA et de redressement de notre État. » a-t-il martelé. Avant d’ajouter : « Nos FAMAS, avec l’appui de nos partenaires stratégiques, se trouvent de plus en plus dans des positions d’offensive, traquant régulièrement les positions de forces ennemies. Comme la récente victoire historique de Moura qui a provoqué l’ire de ceux qui n’ont jamais fait mieux ».
Selon le Premier ministre, cette montée en puissance des Forces Armées Maliennes (FAMa), se traduit chaque jour par de nombreux acquis opérationnels qu’elles continuent d’engranger depuis décembre 2021 face à des terroristes, tentant de se réorganiser par endroits avec des capacités de nuisance visant les vulnérabilités des FAMa pendant les déplacements et les cibles molles.
Cependant, le Chef du gouvernement prévient que ces terroristes en débandade disposent encore de capacités de nuisance reposant essentiellement sur les poses d’engins explosifs improvisés. « Ils procèdent également au sabotage des réseaux GSM, aux tirs indirects sur les emprises et ont présentement comme mode d’action la prise des populations civiles comme boucliers humains », a-t-il précisé.
Dans son intervention, ministre Choguel K Maïga a rassuré les populations maliennes qu’ « aucun effort ne sera de trop pour les Forces Armées Maliennes, républicaines et déterminées, dans leur lutte implacable pour la restauration entière de l’intégrité territoriale, la protection des personnes et de leurs biens et que les actions de recherches, de poursuites et de neutralisations des terroristes se poursuivront sans aucune faiblesse jusque dans leurs sanctuaires ».
Tout pour la refondation…
La refondation qui est l’Axe II du PAG (réformes politiques et institutionnelles), est la partie qui a soulevé plus d’interrogations de la part des membres du CNT. Aussi, le Premier ministre s’est appesanti sur la tenue des Assises Nationales de la Refondation (ANR) de l’Etat. Il est aussi revenu sur le processus ayant abouti à la tenue de ces assises. Ce processus fut long et laborieux sur le chemin de la recherche d’un consensus minimal qui une forte instruction du Président de la Transition qui tenait avant tout à créer les conditions de rassembler tous les Maliens dans un esprit d’inclusivité a précisé le Premier ministre.
Le rapport final sanctionnant la fin des ANR a été remis Chef de l’État, Colonel Assimi GOÏTA, le vendredi 11 février 2022.
Aussi Choguel K Maïga a évoqué la suite du processus enclenché. Ainsi, pour assurer le pilotage et le suivi des recommandations des ANR, un projet de Cadre stratégique de la Refondation de l’État (CSRE) et son Plan d’action (2022-2031) ont été élaborés et sont dans le circuit d’adoption par le Gouvernement. Les textes portant mise en place du comité de suivi évaluation des recommandations des ANR sont adoptés.
Toujours dans le cadre de la refondation, le Premier ministre a annoncé que dans le cadre du processus de la réorganisation territoriale, le gouvernement a procédé à la relecture et à l’introduction dans le circuit d’adoption des textes y afférents : Code des Collectivités territoriales, de la Loi déterminant les conditions de la libre administration des Collectivités territoriales, de la Loi portant statut particulier du District de Bamako et des textes relatifs aux conditions de nomination des représentants de l’État dans le District de Bamako.
La dépolitisation de l’Administration, fortement recommandée par les ANR et qui est au cœur de la Refondation de l’Etat ? « Le document de stratégie y affèrent est en cours de finalisation, à la suite de la validation des termes de référence et la mise en place du Comité de pilotage », a déclaré le Chef du Gouvernement.
Quant aux questions relatives à retour à l’ordre constitutionnel, le Premier ministre a annoncé que le Gouvernement, a déjà procédé à l’élaboration et à l’adoption des projets de textes de création de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE), qui ont été déjà soumis au Conseil National de Transition (CNT) pour adoption. Les avant-projets de textes connexes à la loi électorale comme la Charte des partis politiques, la Loi organique fixant le nombre, les conditions d’éligibilité́, le régime des inéligibilités et des incompatibilités, les conditions de remplacement des membres de l’Assemblée Nationale en cas de vacance de siège, leurs indemnités et déterminant les conditions de la délégation de vote et la loi organique déterminant les règles d’organisation et de fonctionnement de la Cour Constitutionnelle ainsi que la Procédure Suivie devant elle ont été élaborés et introduits dans le circuit d’adoption par le Gouvernement.
Choguel Kokalla Maïga estime que la crédibilité́ de l’ensemble du processus électoral constitue un axe stratégique du Gouvernement de Transition. Dans cette perspective et à l’effet d’apporter une solution durable à cette importante question, le Gouvernement a décidé́, à partir de la base de données du RAVEC, de doter les maliens d’une carte nationale d’identité́ biométrique sécurisée. L’objectif visé par ce projet est de promouvoir la mobilité́ intra régionale tout en offrant un titre sécurisé́ permettant de lutter contre les trafics et migrations irrégulières et de répondre aux enjeux de la lutte contre le terrorisme.
Lutte contre la corruption : Sans faiblesse, ni état d’âme !
Pour marquer une vraie rupture avec les pratiques d’avant et revenant sur les scandales récemment révélés par la presse et les réseaux sociaux. Choguel K Maïga, a réaffirmé la détermination du Gouvernement à mener sans faiblesse ni état d’âmes, la lutte contre l’impunité et la corruption dans notre pays.
Concernant la réduction du train de vie de l’Etat, le PM a mis en exergue plusieurs mesures déjà prise par l’équipe gouvernementale dont entre autres : la réduction des fonds de souveraineté des Institutions a été opérée à travers la réaffectation de 2/3 des fonds de la Présidence et de la Primature aux œuvres sociales. Les missions à l’étranger ont été rationalisées et les dépenses publiques de l’Etat réduites. L’interdiction d’achats de cartes téléphoniques prépayées et l’exigence d’une autorisation préalable du ministre de l’Économie et des Finances pour toute acquisition de véhicule à l’exception des véhicules militaires, sécuritaires et utilitaires… ce sont là, aussi des mesures prises et visent à rationaliser les dépenses publiques. Toujours dans la même perspective de réduire le train de vie de l’Etat, d’autres initiatives sont en cours. Il s’agit de l’élaboration et l’adoption d’un projet de décret relatif au régime d’utilisation des véhicules de l’État et des Collectivités, et la mise en place d’un comité de pilotage pour examiner la rationalisation des structures administratives et Institutions de l’État.
Dans le domaine des transports, des infrastructures, la relance du trafic ferroviaire Bamako‑Kayes-Diboli se fera d’ici la fin de l’année, promet le chef du gouvernement. Déjà, les jalons de cette reprise sont posés à travers à travers l’acquisition de locomotives pour le trafic de voyageurs et de marchandises, la réhabilitation de deux (2) locomotives de manœuvre, de 31 voitures, fourgons et générateurs voyageurs, les travaux de remise en état de la voie ferrée et les travaux confortatifs sur les ponts de Toukoto, Mahina et Galougo, ainsi que la fourniture d’équipements mécaniques et d’outillages pour les travaux de voie.
Et pour atténuer le phénomène de la flambée des prix des denrées alimentaires à l’international, le Gouvernement a accordé des subventions visant à réduire le prix des denrées de première nécessité.
Diplomatie, le choix d’un partenariat stratégique
Le Premier ministre, est longtemps revenu sur le nouveau paradigme de la Gouvernance opéré après son discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU le 25 septembre 2021.
Dans ce cadre, il a indiqué que notre pays a fait désormais le choix d’un partenariat stratégique basé sur la diversification des partenaires tant dans le domaine militaire que dans les autres domaines. C’est ce choix qui marque le point de départ de nos succès et de nos difficultés avec la communauté internationale, selon le PM. « Le choix de prendre notre destin en mains a un prix et c’est ce prix que nous payons à travers le dénigrement de la Transition, les sanctions injustes, illégales et inhumaines imposées par notre organisation régionale, la CEDEAO », a déclaré Choguel K Maïga.
Cependant, le Premier ministre a affirmé que le dialogue entre notre pays et la Cedeao se poursuit. Sur le sujet, il reste persuadé que cette Transition ne sera la dernière que si le Mali tire les leçons de l’échec des transitions passées. Une façon pour lui de mettre en avant l’impératif de reformer pour asseoir des institutions solides et fortes. Et pour le Chef du gouvernement, l’organisation sous-régional semble revoir ses copies et, désormais, la question de fond est jusqu’où les reformes peuvent aller ? Sur cette question, il y a des divergences de fond. Mais les discussions continuent. « Le président de la Transition est en contact permanent avec ses homologues de la Cedeao. Aussi, les discussions continuent au niveau des équipes politique et technique», dira le PM, qui a rappelé que « les 24 mois proposés par le gouvernement sont incompressibles pour implémenter les bases de l’irréversibilité du processus du changement ».
Il a réitéré la ferme volonté et engagement du gouvernement de conduire le processus de la Refondation dans un délai raisonnable de 24 mois arrêté par le président de la Transition. Il a souhaité qu’en ce mois saint mois de ramadan que nos frères de la : « CEDEAO ET NOS VRAIS AMIS DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, se retrouveront avec le gouvernement, dans un esprit de compréhension partagée et de respect mutuel, pour la mise en œuvre d’un chronogramme qui tienne compte des aspirations profondes de notre peuple ».
Choguel Kokalla Maïga estime que « le devoir de génération qui s’impose à tous est de réaliser le SURSAUT PATRIOTIQUE POUR LA REEMERGENCE du Mali par une gouvernance de rupture, sur nos valeurs sociétales que sont le dialogue, la consolidation de la paix et la réconciliation, le dire vrai. Notre peuple a besoin d’avoir un idéal à atteindre, de se faire confiance, d’agir à l’unisson, de tourner le dos à l’incompétence. La culture du résultat sera au centre des actions ».
Mémé Sanogo