Des racines et des pommades pour soigner le sexe (et le reste)

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 A quoi servent les enquêtes de santé publique? Si elles sont indéniablement utiles pour connaître l’état de santé d’une population à un moment donné et orienter ainsi les programmes de santé, il y a un moyen assez pratique de connaître ce qui préoccupe le plus la population, c’est d’aller faire un tour sur les échoppes des tradipraticiens à Bamako au Mali. On y trouve toute une gamme de médicaments ou de produits, plus ou moins traditionnels, tentant de répondre à ce qui parait être le plus important, le plus préoccupant pour l’espèce humaine, c’est-à-dire tout ce qui touche le sexe ou l’amour.

Premier au Hit parade de la demande ou des préoccupations, développer son sexe, ses seins, ses fesses de manière à séduire et satisfaire son ou sa partenaire. Fouillant parmi les racines et tubercules en vente j’en retiens une, de racine, à l’aspect plutôt phallique, d’une dimension conséquente et demande à tout hasard à quoi ça sert. Bingo, c’est pour augmenter le volume du pénis. Curieux cette ressemblance entre le remède et les résultat escomptés. Pour développer les fesses je m’attends alors à quelques chose du genre citrouille ou pastèque, erreur sur toute la ligne. Le produit devant augmenter de manière drastique le volume des fesses féminines tient dans une minuscule boîte à peine plus grosse qu’une boîte d’allumettes et aussi efficace pour les seins que pour les fesses. Au vu du résultat (photo à l’appui), c’est pas une pommade, c’est de la dynamite et j’ose à peine y mettre le doigt ou en approcher le nez de peur qu’un contact accidentel provoque un résultat inattendu et contre lequel je ne sais pas s’il existe un antidote.

Si les médicaments traditionnels sont sur le devant (en tête de gondole), toute une panoplie de produits asiatiques, aux emballages plutôt explicites, commence à concurrencer sérieusement la pharmacopée locale. Celle-ci aurait-elle trouvé ses limites et ne satisferait-elle plus le consommateur? Possible. En tout cas ces mêmes produits se retrouvent également dans les meilleures pharmacies (à coté des capotes bien sûr) et même en vente à la sauvette dans les embouteillages, juste après les DVD porno. Truc marrant, la décontraction avec laquelle on aborde le sujet, vraiment sans aucun complexe. La vendeuse qui m’aborde, une femme d’un âge certain, me demande quel type de problème je veux soigner et me tend avec le sourire un tubercule impressionnant: «C’est pas cher et ça marche bien», me dit-elle. je ne suis pas intéressé, dommage, mais mon voisin profite de l’occasion pour en savoir plus et commence à négocier le prix.

Ensuite arrivent toutes les petites misères de la vie, règles douloureuses, hémorroïdes, vers intestinaux, dysenteries… que du spectaculaire au niveau du dessin, mais aussi tout ce qui peut arriver au cours d’une vie normale, morsure de chien, de serpents, pipi au lit, fibrômes, hernie… et même les plaies incurables trouvent une solution. Ce qui est plus grave à mon avis c’est que bien souvent on commence par là car c’est moins cher que le médecin, et c’est seulement ensuite, quand tout va beaucoup plus mal, que l’on se tourne vers la médecine officielle. Il y a forcément des produits qui marchent bien, les bâtonnets à macher, style réglisse, pour les dents par exemple, ou certaines plantes contre les diarrhées. Mais j’ai quand même du mal à croire aux produits, pommades miracles. En tout cas, si c’est pas facile, ça va aller!


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rnPar Toubabou à Bamako – 08 février 2011
rnHydrogéologue installé au Mali depuis 2002, Thierry Helsens partage ici ses moments de vie et de travail.

 

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