Des bamakois parlent de la vie chère: La souffrance sur toutes les lèvres

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Pour de nombreux Bamakois, la cherté de la vie sera à la base de nombreuses maladies liées à la sous-alimentation qui s’est durablement installée dans de nombreuses familles maliennes. Dans les maisons d’arrêt la situation est présumée dramatique.

Samba Sangaré (ancien prisonnier) :
« Les prisonniers sont le dernier soucis de l’Etat. Ils ont droit à une maigre ration ponctionnée à tous les niveaux. Si aujourd’hui les prix des condiments flambent et que l’Etat ne consent pas une prime alimentaire importante aux prisonniers, ça se répercutera forcément sur leur alimentation. A titre d’exemple, la prime alimentaire qu’on accordait aux prisonniers dans les années 1960 était si faible qu’on ne parvenait même pas à acheter un mouton. On n’achetait que du poisson séché qu’on mettait dans la marmite pour un semblant de sauce. Je parle de la période où j’étais prisonnier mais je ne sais pas si entre-temps il y a eu une amélioration des conditions. Mais de toute façon, les conditions des prisonniers maliens ne seraient pas comme il faut à ce moment de flambée de prix. Je souhaite comme tous les Maliens qu’on trouve une solution à la cherté de la vie. Les Maliens souffrent. Je suis aujourd’hui dans ma 74e année. A ma connaissance, le pays n’a jamais connu une telle difficulté. J’ai connu le temps où le sac de riz se vendait à 2000 F CFA. J’étais payé à 27 000 et cela me suffisait largement. Il est vrai que la difficulté est graduelle. Chaque année, elle grimpe. Mais, nous sommes arrivés à un point où les Maliens sont obligés de crier ».

Ami Koné (restauratrice) :
« La montée des prix des condiments a créé beaucoup de problèmes entre nous et nos clients. J’achetais le kilo d’oignon à 150 F CFA. Aujourd’hui, pour la même quantité, il faut 255 F CFA. Le litre d’huile qui faisait 550 F CFA se vend présentement à 750 F CFA. Nous sommes obligés de vendre cher les aliments puisqu’on trouve cher les condiments. Les clients ne comprennent pas cela. On est chaque fois obligé de le leur faire comprendre. En vain ».

Oumou Sylla (ménagère) :
« Depuis plus d’une dizaine d’années, mon mari ne me donne que 1000 F CFA par jour pour faire la sauce. Les condiments deviennent de plus en plus chers et c’est la même somme qu’on me donne toujours pour préparer. Je suis, chaque fois, obligée de me débrouiller pour faire une bonne sauce. J’ai connu toutes sortes de difficultés. La flambée actuelle des prix des condiments a encore aggravé les choses ».

Oumar Sissoko (enseignant) :
« Les choses ne sont plus faciles dans notre pays. Chacun se cherche. C’est ce qui explique la flambée des prix. Tout est cher. Il y a seulement quelques mois, on achetait le kilo de pomme de terre à 300 F CFA. Aujourd’hui, il faut 500 F CFA. Les cultivateurs vendent cher leurs produits dans le but de vaincre la pauvreté. Les marchandes revendent encore plus cher les mêmes produits pour s’échapper de la galère. Et, les commerçants importateurs, toujours à la quête de richesse, ignorent la miséricorde. A ce train, nous allons beaucoup souffrir. Nos plats n’ont plus de goût. C’est la sous-alimentation. C’est pourquoi trop de Maliens sont malades ».

Propos recueillis par Sidiki Doumbia (stagiaire)

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