Tu es certainement encore très jeune pour comprendre la teneur de la missive que je t’adresse, mais l’âge me gagne et on ne sait pas de quoi est fait demain. Il me suffit de vous regarder, toi et tes frères, combien vous avez grandi pour me rendre compte que le temps passe vite. Tu es une jeune femme maintenant, tu as l’âge de comprendre certaines choses, c’est pourquoi, comme à ton frère il y a quelques jours, je t’adresse aussi une lettre pleine de soupirs.
Ma chérie, le monde va trop vite désormais, et j’ai peur pour votre génération. Surtout pour vous les filles, surtout pour vous. Regarde autour de toi et tu comprendras le sens de mes complaintes. Mais je t’en supplie ma fille, ne te laisse pas emporter. Peu importe ce que tu fais, rappelle-toi que demain tu seras une mère de famille. Demande-toi, si ce que tu fais, tu accepterais que ta fille fasse la même chose demain. Chez-nous on dit : «Les enfants porteront les cicatrices des plaies de leurs parents».
Chérie, je regarde les filles de ta génération et j’ai peur pour vous. Je dirais même que j’ai pitié d’elles. Ma fille, n’oublie jamais que ton corps est un trésor, et sa valeur dépend de l’usage que tu en fais. Mon aïeul me répétait souvent que la valeur d’un secret dépend du nombre de personnes qui en sont au courant ; c’est pareil pour une femme. Tu seras une mère de famille dans quelques années, tu tiendras un foyer et vivras sous le toit d’un homme. Quel que soit ce que tu auras fait dans ta jeunesse ça te poursuivra, toi et ta famille. Ne te dis pas que tu es grande et que tu n’as pas besoin de mes conseils. Comme disait mon père : «Une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer».
Tu sais ma fille, la vie est comme une autoroute, seuls les panneaux de signalisation sont les expériences des autres. Valorise tes origines, ne fais pas comme ces aliénées qui changent la couleur de leur peau en pensant que ça changera leur histoire : elles resteront toujours des noires, et des Africaines. Les anciens disent : «le serpent change de peau, mais il reste un serpent». Garde ta pudeur en toute circonstance, ton corps est ton trésor. Le regard qu’un homme posera sur toi, dépendra de la manière dont tu te présenteras à lui. L’habit ne fait pas le moine, mais on reconnaît le moine à son habit. Les hommes ont l’imagination féconde, si tu te pavanes presque nue, leur imagination complétera le reste du dessin. Ne deviens jamais une victime de la mode, car toutes ces habitudes importées de chez les Blancs n’ont pas forcément leur place chez-nous. Où que tu sois, tu portes avec toi le nom de ta famille, et même leur honneur. Il y a une sagesse de chez-nous qui dit également: «quand le fruit est mauvais, c’est l’arbre qu’on abat». Donc quel que soit ce que tu feras, ce ne sera pas qu’en ton nom, mais en celui de toute ta famille.
Fais des études, et travailles… tu seras indépendante. Les hommes respectent les femmes qui s’affirment et se prennent en charge. Et non ces opportunistes qui vivent à leurs dépens et leur mangent dans la main. Les hommes ont peur des femmes indépendantes et qui savent ce qu’elles veulent. Sans rechigner ta féminité, impose-toi dans la société et fais honneur à ta mère. La plus grande réussite d’un enfant, c’est rendre fiers ses parents.
Bref, si j’ai préféré t’envoyer une lettre, c’est parce que tu pourras la conserver et la lire pendant longtemps, afin d’en percer le sens profond. Qui sait, je ne serais peut-être plus là pour te répéter ces mots dans quelques années. Prend soin de toi ma chérie, et rapporte nous de bonnes nouvelles de toi.
Lagaré Batomata SISSOKO
une bonne lettre a lire et relire
Qu’elle generer père:Si toutes les filles pouvaient lire cette importante lettre,ça allait changer beaucoup de choses.
une lettre si riche a gardé et a faire lire a toutes les filles.
bien dit la petite batoma sissoko
Une si riche lettre, a partager.
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