Le Réseau national de la jeunesse du Mali (Renajem) a reçu à son siège, le samedi 2 décembre, le député français de la 9ème circonscription électorale Afrique de l’ouest et du centre, M’Jid El Guerrab. C’était en présence du président du réseau, Alioune Gueye, et des représentants de plusieurs organisations membres du Renajem.
Après les mots introductifs du président du Renajem, le visiteur du jour dira qu’il est le député des Français de l’Extérieur, notamment du Maghreb et de l’Afrique de l’ouest regroupant 16 pays. Parmi ces pays, le Mali est l’un des plus importants parce qu’il y a des enjeux. “La première fois que j’étais passé ici lors des campagnes électorales, nous avons eu des discussions à bâtons rompus avec les membres du Réseau. Au cours desquelles, nous avons évoqué plusieurs questions importantes pour la jeunesse africaine en particulier malienne. J’avais promis à Alioune que je reviendrai afin que nous puissions poursuivre les discussions que nous avons eues la dernière fois”, a-t-il rappelé.
Pour lui, au-delà du fait qu’il soit Français, il est également Africain. À ce titre, il a invité les membres du Réseau à mener avec lui des discussions d’égal à égal. Et de poursuivre que ces échanges permettront de construire un partenariat entre lui et la jeunesse africaine et malienne. “Pour cela, je voudrais que l’on essaye de construire quelque chose de durable. Je fais partie de la jeunesse française et vous faites partie de la jeunesse malienne. Donc, en moi vous trouverez un interlocuteur à l’écoute pour construire quelque chose de réel entre les jeunesses des deux pays. Ce n’est pas du baratin, j’ai réellement envie de construire la jeunesse malienne et africaine”, a-t-il poursuivi.
Cultiver la solidarité entre les peuples
Selon lui, les pays du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest constituent une grande nation. Donc, il faut que l’on cultive cela à travers une solidarité entre les peuples. Il s’est dit convaincu de pouvoir construire des choses importantes avec la jeunesse malienne.
En réponse à la question relative à la relation entre la France et l’Afrique, il dira qu’il est d’accord avec la Francophonie, mais ce qui est intéressant ce sont les opportunités économiques entre la France et sa zone (Maghreb et l’Afrique de l’Ouest). D’après lui, sa vision est de voir comment les entreprises maliennes peuvent investir en France, au Québec et dans les autres pays de l’espace francophone ou encore de chercher à savoir comment créer un marché et des opportunités pour les jeunes des pays de sa zone. “Les jeunes Maliens et Africains ne sont pas obnubilés par la France. Ils ont une relation apaisée avec la France, ils ne sont pas obsédés par le désir d’aller en France. Le rapport entre la France et l’Afrique est différent maintenant. De nos jours, 55 % des locuteurs français se trouvent en Afrique. Donc, aujourd’hui, le Français est une langue africaine avant d’être une langue française. Aujourd’hui, ces statistiques sont des opportunités pour la jeunesse du continent”, a-t-il précisé.
La France et l’Afrique sont dans un rapport décomplexé et non paternaliste
Il a saisi l’occasion pour appeler la jeunesse africaine à travailler afin de faire de cet espace un cadre d’échanges économiques. Selon lui, aujourd’hui c’est fini la domination française. Ainsi, la France et l’Afrique entretiennent une relation d’égal à égal. “Il faut que nos politiques en France comprennent que tout cela a changé. Nous sommes dans un rapport décomplexé. Nous ne sommes plus dans un rapport paternaliste qui attend chaque fois l’aide publique au développement. La question, aujourd’hui, c’est comment aider les entreprises maliennes à aller investir au Maroc ou à l’étranger”, a-t-il laissé entendre.
Par rapport à l’adéquation formation-emploi, le député français a indiqué que le contexte est plus global et qu’il faut en prendre compte. Car, selon lui, il est impossible de parler des entreprises sans parler de la formation, de l’employabilité, de l’éducation et du système éducatif qui forment vers l’emploi. C’est cette réflexion qu’il faut mener en tant que Maliens pour créer une passerelle entre les universités maliennes et françaises. Il faut également évaluer les besoins de la jeunesse malienne ainsi que ceux des entreprises maliennes.
“Personne ne viendra donner des leçons à la jeunesse malienne. Vous avez des opportunités et des menaces, donc la question est de savoir comment la France peut aider les Maliens à accéder à des formations de qualité. Ensemble, nous devons définir les grandes lignes pour la jeunesse malienne”, a renchéri l’Honorable El Guerrab.
Le Français, première langue au monde grâce
aux Africains
Pour lui, l’Afrique détient quelque chose qui n’est nulle part, c’est la force du nombre. Car, dit-il, aujourd’hui plus 770 millions de locuteurs français seront en Afrique. “Cela veut dire que dans les années à venir la première langue au monde sera le français grâce aux Africains.
Aujourd’hui le français est une langue africaine et c’est aux Africains de définir l’orientation de cette langue ainsi que ses valeurs. La force du nombre est en Afrique, c’est le continent qui a plus de potentialité. Je ne parle pas des ressources naturelles, il s’agit de la force du nombre”, a-t-il précisé.
À le croire, le premier défi auquel il faut faire face est celui de la sécurité. À ce titre, la France prend toute sa pleine participation à ce défi qui se matérialise par la présence de plus d’un millier de soldats français sur le continent à travers différentes opérations. “Je suis membre de la Commission défense de l’Assemblée nationale française et très souvent nous évoquions la situation au Mali et la stabilisation du sahel. Si le Mali venait à tomber, c’est toute de l’ouest qui tombera. Alors, c’est fini pour l’Europe parce que les deux continents sont en lien direct “, a-t-il ajouté.
Et de poursuivre que la France joue pleinement son rôle dans la résolution de la crise malienne car elle pays de la vie de ses soldats, de ses moyens financiers et de ses impôts pour faire en sorte que le Mali ne tombe pas.
Boubacar PAÏTAO