Dépigmentation de la peau chez les hommes : Le nouveau phénomène en vogue à Bamako

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On avait tendance à voir les femmes se blanchir la peau afin d’attirer, de séduire plus les hommes. Mais Aujourd’hui, la tendance s’est renversée c’est plutôt  les hommes « tchatcho » qu’on rencontre à longueur de journée dans les « grins » et autres points de rendez-vous des jeunes. Une pratique qui s’enracine dans notre société et qui est en train de faire tache d’huile malgré les nombreuses conséquences qu’elle engendre. Le temps des brimades et de la stigmatisation semblent révolus et les hommes ‘’tchatcho’’ brillent sur une vague déferlante faisant des émules sur leurs passages.

Jadis la chasse gardée des grandes dames de la capitale malienne, le blanchissement de la peau est de nos jours pratiquée par certains hommes qui le font par plaisir ou pour attirer l’attention des jeunes filles. Si certains  se fichent du regard de la société, d’autres éprouvent des difficultés à s’afficher avec leurs nouveaux ‘’teints étincelants’’. Ousmane, propriétaire d’un luxe beauté, pense qu’il a vent en poupe et affiche son admiration pour les produits éclaircissants : « J’ai commencé à me dépigmenter la peau il y a de cela 4 ans et jusqu’à maintenant  je continue à le faire. J’ai fait le choix de me dépigmenter car j’étais très noir et mes amis se moquaient de moi. Chose qui m’énervait. Surtout que mes amis se faisaient draguer par les filles. Je ne le regrette pas et je continuerais à le faire car elle m’a permis de m’affirmer et de vaincre mes craintes. Je suis propriétaire d’une boutique  de vente des produits cosmétiques,  il faut que les potentiels clients me trouvent attirant avec une peau éblouissante. Chose qui les attirera à taper à ma porte. Je le fais non seulement par plaisir mais aussi pour attirer de la clientèle. Au moment ou j’ai commencé l’utilisation des produits éclaircissants, un ami ghanéen ma conseillé les meilleurs produits et en 15 jours je suis devenu une autre personne. Au début, j’avais un peu honte des regards des gens. Au fil du temps, ils ont  commencé à bien m’apprécier puisque j’avais aussi commencé à faire des injections qui sont chers mais qui donnent des résultats très efficaces et c’est là même que j’ai eu l’idée d’ouvrir ma propre boutique. Mes plus grands clients sont des hommes. » Il faut aussi le dire, la plupart des femmes aiment les hommes clairs,  affirme Ousmane Ousmane. Si Ousmane n’a pas rencontré de difficultés majeures, tel n’a pas été le cas de Lassiné, un jeune étudiant qui se dépigmente la peau. « Je voulais un peu attirer les regards sur moi dans mon université, histoire d’être plus séduisant aux yeux des gens. Après un mois  de dépigmentation, j’ai vite eu le teint que je voulais et j’étais satisfait. J’avais un teint qui suscitait de l’administration. Au moment ou les gens m’appréciaient c’est là que mon calvaire a commencé, ma peau commençait à prendre différentes couleurs. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait.  J’étais dans l’embarras. Ma peau se transformait de jour en jour sous l’effet des produits éclaircissants », explique Lassiné qui s’est vite retrouvé dans un cercle vicieux. « Il faut le dire une fois qu’on commence à utiliser ces produits, on ne peut plus arrêter au risque d’avoir un teint dégoutant et lorsqu’on continue on se pourrit la peau », regrette, aujourd’hui, Lassine. Mariam sacko qui ne voit pas d’un bon œil la pratique estime que  la dépigmentation est un phénomène très inquiétant. «  Au moment où  les femmes prennent de plus en plus de distance avec le phénomène, certains hommes font recourt à ça. La pratique n’est  pas une réalité de chez nous et malgré les mises en garde des médecins cette pratique ne cesse de s’enraciner chez nous. »

Pour Mohamed Baba Coulibaly, la plupart de ces hommes sont des « complexés ». Comment un homme peut se dépigmenter ? s’interroge –t-il.  Si c’est pour être plus attirant, travaille dur pour avoir un avenir radieux et reste tel que tu es, conseille Mohamed Baba Coulibaly. Dionkounda Amadou Dagnoko, un homme qui déteste la pratique pense que la dépigmentation est la  cause de plusieurs maladies, des brûlures, des infections : «  Je me demande pourquoi se donner tant de mal et en toute franchise je ne vois vraiment pas l’intérêt ? C’est pourquoi, je déconseille vraiment la dépigmentation surtout aux jeunes hommes. Je suis vraiment fier de ma peau car comme ça, je me sens à l’abri de toute déformation corporelle ». Malgré tous les dangers qu’ils encourent, certains hommes maliens ont pris goût en la pratique et ne sont pas prêts à l’abandonner. James koffi Adekoua, dermatologue togolais qui se déplace  de pays en pays, explique qu’autrefois les hommes se dépigmentaient la peau en cas de maladie comme : les taches noires, boutons, eczéma, vitiligo etc. dans le but de se débarrasser de ces infections cutanées. Mais aujourd’hui, explique-t-il,  c’est devenu une pratique en vogue chez beaucoup d’hommes juste pour être plus attirant aux yeux des femmes. Les conséquences de la dépigmentation sont incalculables, selon lui. C’est dangereux,  surtout ceux qui utilisent des gels super dangereux qui contiennent de l’hydroquinone qui sont capables de blanchir la peau en moins de 15 jours d’utilisation avec des règles strictes à observer comme se protéger des rayons solaires. « Nous somme tous réalistes et nous savons que c’est impossible surtout au Mali ici un pays sahélien où on a le soleil pratiquement tous les jours de l’année. La dépigmentation cause des maladies très dangereuses : comme l’hypertension, le diabète, l’insuffisance rénale,  le cancer de la peau etc. En temps que spécialiste, je déconseille la dépigmentation des peaux que sa soit chez une femme ou un homme. Avant de changer de couleur ou de prendre une crème éclaircissant vous devez passer chez un dermatologue  il est le mieux placé pour vous donnez la meilleure recette. La dépigmentation ne cause que des torts non seulement à la personne qui la pratique, elle ouvre la voie a toutes les maladies. Eviter d’utiliser les tubes et les piqûres non prescrits par un dermatologue »,  conseille le dermatologue.

Nana Coulibaly, stagiaire

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