Cette diminution tant espérée est le résultat du fait que les autorités ont tapé du poing sur la table pour exiger le respect des prix plafonds. La fermeté semble avoir porté fruit. Les consommateurs commencent à souffler
Le gouvernement est décidé à mettre fin au désordre qui est à l’origine de la hausse des prix des produits de première nécessité. Le conseil des ministres extraordinaire, tenu le 7 août dernier, a fixé des prix plafonds pour ce faire. Pour faire respecter ces prix, le ministère de l’Industrie et du Commerce a multiplié des rencontres avec les acteurs du secteur. Notre équipe de reportage a fait le tour de plusieurs points de vente de la capitale pour savoir si les tarifs convenus sont respectés par tous. Il est 16 heures 30 minutes ce lundi 15 août au Grand marché de Bamako, précisément au marché Dabanani. Lieu de vente de différents produits alimentaires : sucre, huile alimentaire, riz brisure non parfumé, farine de blé… Ces denrées sont majoritairement consommées par la population.
Le marché Dabanani abrite également plusieurs grossistes de la ville. Ici, bousculades et bruis de klaxons d’engins sont de règle. Nous affrontons boues et eaux stagnantes laissées par la pluie, avant d’arriver à la boutique de Sidi Kouma, vendeur grossiste de différents produits. Visibles un peu partout, ses employés s’activent. Qui pour mettre des sacs à la disposition des clients, qui pour ranger les produits dans le magasin… Devant l’entrée du magasin, des jeunes attendent pour aider les clients à transporter leurs bagages moyennant quelques pièces de monnaie. Nombre d’entre eux vendent également des sachets plastiques servant à emballer la marchandise.
Sidi Kouma vend le sac de 50 kg du sucre importé à 26.000 Fcfa contre 34.500 il y a une semaine. Les 20 litres de l’huile locale sont cédés à 17.500 Fcfa contre 23.500 Fcfa. Quant à l’huile importée, le bidon 20 litres est vendu à 21.500 Fcfa contre 24.750 Fcfa avant la fixation officielle des prix. Le stock de riz brisure est en rupture chez lui, répète-t-il aux clients, ajoutant qu’il en a pas encore acheté.
Lors de notre passage, une cliente se présente pour acheter deux sacs de sucre pour sa boutique, sise au quartier Darsalam, en Commune III du District de Bamako. « Combien coûte le sac aujourd’hui ? J’espère qu’il y a eu une réduction après tous ces communiqués et sensibilisation la semaine dernière. Vous ne pouvez plus nous céder les produits aux mêmes prix et il me faut la facture si j’achète », lance Amina Oulalé. Sourire aux lèvres, Sidi répond d’un ton calme : « Mon souhait est de vendre moins cher. Je ne peux pas acheter mes marchandises à un prix élevé pour les revendre à perte ». Il ajoute que les commerçants sont sensibles aux inquiétudes de la population et ont commencé à diminuer les prix.
« Tu pourras prendre moins cher aujourd’hui. Nous sommes heureux quand les prix baissent parce que cela permet à la population d’avoir les produits à un prix abordable », confie-t-il. Toute joyeuse d’apprendre cette nouvelle, elle ajoute qu’elle pourra vendre moins cher à ses clients dans son quartier où les gens sont préoccupés par cette hausse des prix.
CASSER LE MONOPOLE- Mohamed Traoré est détaillant au marché de légumes, connu sous le nom de Wonida. Grand de taille, teint clair, il dit avoir embrassé ce métier après ses études à la Faculté des lettres et des sciences du langage (FLSL). Les prix commencent à s’améliorer auprès des grossistes, témoigne-t-il. Chez lui par exemple, le litre de l’huile importé est cédé à 1.400 Fcfa souvent avec une réduction de 100 à 150 Fcfa, dit-il, précisant qu’il vend le litre de l’huile locale à 1.250 Fcfa à ses clients. Il y a quelques jours, il prenait le bidon de l’huile locale chez les grossistes à 23.750 Fcfa, contre 23.000 Fcfa aujourd’hui. Quant à l’huile importée, il achète le bidon de 20 litres à 24.000 Fcfa, contre 24.750 Fcfa auparavant. Il estime que les grossistes peuvent mieux faire. Mais il faut, pour ce faire, acheter jusqu’à 500 sacs, déplore Mohamed Traoré qui pratique ce métier depuis une dizaine d’années.
Non loin de cette boutique, se trouve le commerce de Souleymane Kouba. Assis derrière son comptoir, ce commerçant grossiste assure avoir entendu à la radio les informations sur la diminution des prix des denrées. Il y a une semaine, il a acheté la tonne du riz brisure non parfumé à 375.000 Fcfa, contre 350.000 Fcfa aujourd’hui. Le sucre importé est vendu à 32.000 Fcfa le sac de 50 kg et 24.500 Fcfa le bidon d’huile importé, explique-t-il.
Pour avoir un prix stable sur le marché national et éviter toute pénurie de produits, Souleymane Kouba propose aux autorités de mettre fin au monopole de l’importation à certains opérateurs. « Cette situation fait que les prix sont toujours élevés car chacun vend à sa guise », pense-t-il. Pour éviter cela, tout commerçant capable d’importer doit être autorisé à le faire pour le bien de tout le pays et pour mettre fin à ce cycle de «vie chère», ajoute notre interlocuteur. À Samanko II, dans la Commune du Mandé, plusieurs boutiques connaissent une légère réduction sur les prix des produits. Chez Diallo appelé aussi Foulakè, un boutiquier du quartier, le kilogramme du riz est vendu à 400 Fcfa, le sucre importé à 600 Fcfa, le litre d’huile à 1.300 Fcfa. Il affirme que certaines denrées ne peuvent pas connaître de réduction avant que le stock ne soit épuisé. Après cela, assure le boutiquier, les tarifs peuvent changer conformément aux prix plafonds. Selon plusieurs commerçants, la farine commence à se faire rare sur le marché. Le sucre local, lui, a tout simplement disparu.
Par Fadi CISSE
Bonjour
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