Le 8 mars, les hommes rendent hommage à leur épouse, leur maman, leurs sœurs pour le rôle qu’elles ont joué et continuent de jouer dans leur vie. Ils ont raison, les femmes sont les piliers de la vie. Ils ne doivent pas oublier que les femmes sont souvent mises à mal par la société dans laquelle ils vivent ensemble.
En 1975, la Journée internationale de la femme a commencé à être célébrée par les Nations unies à l’occasion de l’Année internationale de la femme. C’est en décembre 1977 que «l’Assemblée générale a adopté une résolution proclamant le 8 mars Journée des Nations Unies pour les Droits de la femme et la paix internationale. En adoptant sa résolution, l’Assemblée générale a reconnu le rôle des femmes dans les efforts de paix et de développement et a appelé à mettre fin aux discriminations et à renforcer le soutien à la pleine participation des femmes».
Bientôt 40 ans donc, et pourtant, la qualité de vie de plus de la moitié de l’humanité a très peu évolué malgré les luttes longues et déterminées qui ont amené beaucoup de gouvernements de par le monde à voter des lois accordant aux femmes les mêmes droits civils, politiques, sociaux et culturels que les hommes. En France, par exemple, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), les deux tiers des postes de cadres du secteur privé sont occupés par des hommes, et moins de deux dirigeants sur dix sont des dirigeantes. Les femmes gagnent globalement 20% de moins que les hommes, et sont davantage touchées par le chômage, puisqu’elles sont les premières victimes des crises économiques.
C’est au Rwanda, que les femmes ont acquis une véritable participation égale aux instances politiques. Selon les dernières données de l’Union interparlementaire (UIP), pratiquement 64 % de sièges parlementaires y étaient détenus par des femmes en 2013. En France, malgré la loi sur la parité, seulement 26,9% des députés élus en 2012, et 13,8 % des maires en 2008 étaient des femmes. Partout, des femmes subissent la violence qui met leur vie en danger au sein de leur couple, au sein même de leur foyer. En France, une femme meurt tous les trois jours de violences conjugales. Dans le monde, plus d’une femme sur trois a été victime de violences physiques ou sexuelles, y compris de la part de son compagnon de vie. Dans les pays du Sud, chargées des soins et de nourrir la famille, les femmes subissent au quotidien la violence de la pauvreté, conséquence directe de la dette publique et des plans d’ajustement structurel. La plupart ignorent que cette pauvreté endémique est également due au pillage des ressources naturelles de leur pays par les entreprises multinationales du Nord. Butin de guerre pour les bandits armés, les femmes sont, encore et toujours, les premières victimes des conflits. Dans de trop nombreux pays, les fillettes et les femmes vivent sous la tutelle des hommes, au nom de coutumes culturelles ou religieuses, que les lois locales encouragent, ou réinventent. Ces lois restrictives entravent l’accès des femmes aux institutions, à la propriété, au crédit, à l’emploi, et les privent du droit à l’héritage.
Dans 15 pays, les femmes ont aujourd’hui encore besoin de l’autorisation de leur mari pour travailler. Ailleurs, on préfère les garçons, et on n’hésite pas à éliminer le fœtus féminin, à tuer le bébé fille ou à l’abandonner dans un caniveau, juste après la naissance. Les mutilations génitales féminines sont pratiquées d’un bout à l’autre de certains continents. Alors que leurs frères sont scolarisés, les fillettes, très souvent retirées de l’école précocement, restent analphabètes. Leurs parents préfèrent les marier, très jeunes, à un homme en âge d’être leur grand-père. Des femmes sont défigurées à coup de vitriol pour que la famille, prétendue déshonorée, soit vengée. Dans certains pays, la justice, s’appuyant sur un code moral moyenâgeux, condamne régulièrement, et de façon expéditive, des femmes à être lapidées à mort en place publique. En Arabie Saoudite, les femmes luttent depuis 20 ans pour obtenir le droit de conduire. La liberté des femmes sera le fruit que de longs, douloureux mais courageux combats qui se poursuivront ou reprendront au rythme de l’évolution sociale. Souvent, c’est un pas en avant pour deux pas en arrière. L’Histoire montre que les acquis d’hier peuvent être remis en question du jour au lendemain. La vigilance de toutes et tous est donc obligatoire, partout, et chaque jour, afin de dénoncer les contraintes que subissent les femmes et les filles, pour que TOUTES soient libres un jour où qu’elles vivent dans le monde.
Françoise WASSERVOGEL