Entre adulation, admiration de voir des voies, places et établissements publics porter des noms de héros légendaires, figures emblématiques et autres personnalités de notre pays et coups de gueule de persifleurs de ne pas voir d’autres y figurer (en tout cas pas dans cette premiére liste et a qui on pourrait légitiment accorder le droit d’y prétendre), le débat ne s’éteint pas sur la toile.
Faire un choix incontestable et incontestable dans la matière relève de la perfection qui est seulement divine. Le reste est une question, soit d’objectivité, soit de subjectivité. Globalement l’initiative de dénomination des voies et établissements publics, surtout avec des noms de grandes figures trouve grâce aux yeux de nos compatriotes. Ils s’accordent sur sa pertinence, mais s’interrogent sur l’opportunité.
Il faut dire de le projet ne tombe pas comme un couperet, il y a eu, depuis quelques temps, un travail d’experts sur la question pour mieux appréhender ses contours, sa symbolique et orienter aussi les critères de choix. Ce qui répond à un impératif de rigueur dans les choix parce que dans de ce pays, chargé d’histoire et de symboles, on recense tant de grandes et belles figures anciennes et de fils méritants. C’est cette réalité cernée dans sa globalité qui nourrit le projet de dénomination des voies, lieux et établissements publics. Il s’explique également par l’affirmation continue de la souveraineté du pays et du renforcement, en partie, de l’adhésion populaire à la refondation du pays avec dans le viseur la grandeur et l’intérêt du peuple malien.
Aujourd’hui, nos compatriotes trouvent de bonnes raisons d’être séduits par le décret de dénomination des voies, lieux et établissements publics en date du 13 décembre dernier. Mais aussi d’être fiers de constater que les autorités ont trouvé les ressorts nécessaires pour inscrire dans un ancrage culturel leurs desiderata de redonner aux Maliennes et aux Maliens leur fierté et leur dignité d’antan. Le tout soutenu par une volonté de restauration et de réhabilitation de notre histoire, mais aussi d’acteurs légendaires et historiques qui s’y sont illustrés et qui ont traversé intacts les âges. Il ya aussi d’autres contemporains dont les bonnes œuvres sont conservées dans la mémoire collective. En d’autres termes, la dénomination des voies et autres établissements publics participe également à la protection et à la promotion du patrimoine national.
C’est donc clairement sous-tendu par la conviction d’immortaliser des figures historiques et de faire voyager dans le temps les générations actuelles et futures. Rebaptiser (si certains ont gardé leurs noms) 11 boulevards, 15 avenues, 5 rues, 3 établissements publics avec des noms en référence aux personnalités physiques ou de personnes morales est aussi une affirmation de souveraineté de la part des autorités de la Transition, dont les prises de décisions et prises de position tranchent avec les pratiques qui renvoient à une image de domination coloniale.
Elles entendent ainsi créer aussi un électrochoc dans l’inconscience des afro-pessimistes et de nos compatriotes qui restent toujours un train en retard sur l’évolution de la géopolitique et la confirmation de souveraineté retrouvée comme essayent de le démontrer les pays de la Confédération des Etats du Sahel (AES). En tout cas, les adeptes de la libération de nos pays du jeu de l’ancienne puissance coloniale et de ses suppléants sont bien servis par les autorités de la Transition.
Il ressort d’une note technique de présentation du projet de dénomination aux autorités que les critères qui ont prévalu dans le choix de ces personnes physiques ou morales sont, entre autres, l’héroïsme, la bravoure, la valeur d’exemple pour la première catégorie, l’éminence politique et institutionnelle pour la deuxième. D’ailleurs une idée clairement exprimée dans la présentation du projet énonce sa quintessence : «Les questions mémorielles jouent un rôle essentiel dans la formation citoyenne, et toute nation, pour se construire et se développer, a besoin de construire sa mémoire». Mais les épigones du : «tout marche mal dans ce sens» reprocheraient l’absence de figures féminines dans le décret présidentiel du 13 décembre et surtout qu’on se bat dans ce pays pour la promotion du genre.
Sans vouloir discuter ce point de vue, il a, au moins, le mérite de focaliser l’attention d’une certaine opinion. Mais des sources proches du dossier expliquent que c’est une première liste dans laquelle elles ne figurent pas. Mais ce n’est pour autant qu’elles sont tombées dans les oubliettes puisqu’il y a de nombreuses propositions qui comportent des noms d’illustres figures féminines aussi bien historiques que contemporaines. Le récent décret de dénomination des voies, lieux et établissements publics occasionnera un chamboulement, ne serait-ce que la confection de signalétiques. Mais il est inutile de supputer sur la question, quand on apprécie la symbolique de l’initiative.
Bréhima DOUMBIA
C’est vrai que la colonisation française a ses côtés sombres, il est vrai aussi que certains personnages de cette colonisation ont joués un rôle historique et symbolique dans la construction de la nation Malienne, comme le père Bouvier dans le domaine sportif et l’ingénieur Émile Belime, le concepteur du pont barrage de Markala. Les noms de ceux-là méritent d’être immortalisés a travers quelques infrastructures publiques comme reconnaissance pour leurs oeuvres en faveur du Mali.