Comme annoncé par le président de son comité d’organisation, Zeini Molaye, les « Assises nationales de la refondation » se sont ouvertes le 11 décembre et se poursuivront jusqu’au 30 décembre 2021. La consultation – dont l’objectif est de trancher sur un éventuel prolongement de la transition et de discuter sur les réformes prioritaires à appliquer dans le pays – fait néanmoins l’objet d’un boycott massif. Et ce, malgré les appels du pied du Président de la transition qui, dans une adresse à la nation a la veille de l’ouverture, créditait les ANR des vertus ci-après : «un moment privilégié d’examen collectif de conscience et de prospective, un événement précurseur du processus de renaissance de notre Pays… une occasion rêvée de suspendre les clivages politiques, sociaux et idéologiques, pour créer une dynamique novatrice de mobilisation sociale autour des idéaux historiques de la nation malienne…l’opportunité de focaliser toutes nos énergies et nos intelligences sur le devenir de notre chère Patrie qui en a vraiment besoin…une aubaine pour instaurer entre toutes les filles et tous les fils de ce Pays un dialogue franc, direct et fécond, afin d’atténuer les querelles infécondes qui tendent à miner le processus de Transition en cours et nuire à l’espoir de renaissance du Peuple malien, pourtant épris de paix et de justice, mais particulièrement attaché à ses valeurs».
En effet, plusieurs partis et organisations politiques, notamment le groupement des partis politiques pour une transition réussie qui regroupe l’EPM (RPM, PS Yelen Koura et 23 autres), Jigiya Koura (CODEM et 21 autres), l’ARP (UDD, Mali Émergence et 24 autres), les partis ASMA, Yèlèma, MOREMA, PARENA, la SADI et la CNAS Faso Hèrè, le CDR de Ras ont décidé de ne pas y prendre part. Raison principale évoquée : l’absence d’un calendrier électoral avant le démarrage des assises.
En plus de ces partis et regroupements dont la non-participation étaient attendus, sont venues s’ajouter au boycott, à la veille lancement et pour diverses raisons, la CMAS de l’imam Mahmoud Dicko, l’ACRT d’Issa Kaou Djim ainsi que la CPS englobant la CMA, la Plate-forme et le HCUA. Si on peut expliquer le cas de Kaou Djim par sa radiation du CNT et un séjour à Bamako-coura pour injures à l’endroit du PM, la CMAS dit n’avoir jamais été consultée pour participer aux assises. C’est du moins, ce qu’elle a expliqué à ses militants afin de motiver sa décision de non-participation. Quant au Cadre Stratégique Permanent (CSP), dans une déclaration en date du 10 décembre signée de son porte-parole, Moussa AG Acharatoumane, il a informé l’opinion nationale et internationale de sa volonté de bouder le conclave en dénonçant le manque d’inclusivité dans l’organisation. Le CSP dit avoir remarqué, en plus de ses membres, l’exclusion et la non prise en compte d’importants acteurs de la vie politique malienne malgré leur disponibilité à accompagner ces assises. Quant aux conclusions des ANR, précise la déclaration, elles «ne sauraient nullement engager ses organisations membres du CSP ». Or, le PM n’a eu de cesse de ressasser sa volonté de réviser de soumettre l’Accord pour la paix et de réconciliation issu du processus d’Alger à une révision intelligente.
Amidou Keita