Demande en mariage : Le sel détrône la cola

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Il n’y a guère longtemps, dans le cérémonial de demande des mains d’une jeune fille, il fallait envoyer dix noix de colas pour « tâter » le terrain. Ensuite, dix noix trois fois de suite. Le processus se terminait par un panier de colas. Le sel semble prendre le pas, à en croire Dr. Moussa Coulibaly, sociologue.

 

A la noix de cola sont rattachés beaucoup de symboles. Ce qui fait qu’elle est utilisée dans beaucoup de rites, coutumes et traditions africaines. Dans les grandes villes en occurrence, on distribue des bonbons et des biscuits. « La cola n’étant pas produite dans notre pays était très sollicitée (ce qui est rare est cher). Et quand on veut respecter une personne, on lui offre de la cola. C’est pourquoi un étranger est toujours reçu avec de la cola dès lors qu’on le respecte et qu’on l’estime. La cola accompagne tout ce qui est important, comme les démarches de demande en mariage. Mais de nos jours, la donne change. On l’utilise rarement pendant la demande pour deux raisons : la première est que les consommateurs de cola sont rares et la seconde, est qu’elle coûte chère. Un panier de la noix de cola coûte entre 50 000 F CFA et 100 000 F CFA », explique Dr. Coulibaly.

« Le fruit vient principalement de la Côte-d’Ivoire et de la Guinée. L’accessibilité du sel de par son prix abordable et facile à trouver devient une alternative à la cola », souligne le sociologue.

Cependant, pour les personnes d’un certain âge, la symbolique est autre. « La noix de cola, en la croquant, au début est amère mais à la longue elle prend goût. C’est ce qu’on attend d’un mariage et c’est ce qui fait que la cola est importante », précise une vieille dame, ajoutant qu’aux jours de tempête dans un couple, on doit se remémorer cette symbolique afin de tenir bon.

Dans certaines régions comme Kayes, c’est la proximité avec le Sénégal et l’inaccessibilité de la zone qui ont favorisé le choix du sel. Le sel est aussi chargé de symboles.

Cette tendance à utiliser le sel pour les démarches de mariage ne va-t-elle pas nous mener à une déperdition de certaines valeurs sociétales ? « Sans doute cette tendance qui bénéficie de la complicité de la crise économique (la cola est plus chère que le sel) est un danger qui, à la longue, risquerait d’envoyer aux calendes grecques des valeurs culturelles que nos ancêtres ont jalousement gardées. C’est pourquoi il est important pour la direction du patrimoine culturel de réfléchir à comment sauvegarder certaines pratiques ancestrales. La cola mérite d’être inscrite comme éléments du patrimoine culturel mondiale, compte tenu de toutes les symboliques qu’elle incarne », soutient le sociologue.

Dans beaucoup de sociétés, la Cola est la porte d’entrée dans les relations humaines. Elle est le fruit le plus utilisé pour marquer le caractère solennel de certains aspects importants des vies sociales et culturelles, et présent dans 8 pays de l’Afrique de l’ouest dont le Mali, Sénégal, la Côte-d’Ivoire, la Guinée Conakry, le Liberia la Sierra Leone la Gambie et le Burkina Faso. Si le sel est en train de lui ravir la vedette, c’est surtout dû à son accessibilité partout dans le monde.

 

Aïchatou Konaré

 

 

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