Depuis l’annonce faite par les autorités françaises, les réactions ne se font pas attendre en Afrique, surtout dans les 14 pays francophones qui ont accédé à l’indépendance en 1960. Celle-ci est un article d’un camerounais fait le jeudi 7 juillet 2010, dont le titre est ainsi libellé : «Faire défiler nos soldats sur les Champs-Elysées est une insulte»
Il s’agit des militants camerounais, dirigeants de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) qui expriment leur indignation. Selon eux, Nicolas Sarkozy sait pertinemment que seuls des amis peuvent commémorer ensemble, des évènements heureux. Or, jusqu’à ce que des rapports sains soient établis entre nos peuples et la France, les gouvernements successifs de la France et les peuples africains ne sont pas des amis, poursuivent les dirigeants de l’Union des Populations du Cameroun. Cette réaction va en droite ligne avec la décision prise par les autorités ivoiriennes (les seules sur les 14 pays) de ne pas participer à ce défilé du 14 juillet.
Dans sa parution du 4 au 10 juillet 2010, n°2582, «Jeune Afrique» à travers un article de Christophe Boisbouvier nous apprend que l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France en réaction au français Jacques Toubon secrétaire général du cinquantenaire des ex colonies françaises d’Afrique, a fait savoir que son pays ne sera pas au défilé pour la simple raison que l’Afrique ne fête pas l’époque coloniale mais celle de l’indépendance. Mieux, l’Ambassadeur de la RCI à Paris, l’historien Pierre Kipré ajoute que les cinquante ans de l’indépendance est l’anniversaire des pays africains et non celui de la France. C’est pour confirmer cette expression de Christophe Boisbouvier qui dit dans son article s’interroge «Depuis quand l’esclavagiste célèbre la liberté de l’esclave?»
Si ce qu’on appelle les «indépendances» de 1960 de certains pays africains a été un évènement heureux pour les gouvernements français, par contre, pour les peuples africains, c’est dans les souffrances, la désolation, la guerre pour certains avec de nombreux assassinats de patriotes africains que ces «indépendances» ont été acquises de haute lutte, nous rappelle les militants camerounais dirigeants de l’Union des Populations du Cameroun (UPC).
Les Gouvernements français n’ont jamais envisagé d’accepter positivement l’indépendance de quelque pays africain que ce soit et encoure moins, de donner celle-ci comme le prétend ce qu’ils ont appelé l’«histoire officielle», ont-ils indiqué dans leur article. Ils poursuivent en soulignant qu’à l’occasion du Cinquantenaire des pays africains, faire défiler, le 14 Juillet à Paris, aux Champs Elysées, en France, des soldats africains et français est non seulement indécent, mais aussi une insulte et une provocation intolérables à l’endroit des peuples africains.
C’est une insulte intolérable à la mémoire des héros et martyrs des luttes pour cette indépendance. Le Président de la République française serait donc bien inspiré de renoncer à son projet. Car, au Cameroun par exemple, tout le monde sait que le 1er janvier 1960, était tout, sauf une fête pour le peuple puisque le sang des Camerounais continuait à couler ce jour là, par la faute des armes et des soldats colonialistes français!
Les Peuples d’Afrique n’oublieront jamais les crimes commis en Afrique par les colonialistes. Mais le pardon est possible, à condition que la France reconnaisse sa responsabilité, comme l’ont fait d’autres pays européens ou d’ailleurs qui reconnaissaient avoir mal agi contre d’autres Peuples et Nations.
Etablissant une longue liste de ces crimes, les militants camerounais citent :
Les massacres de Douala au Cameroun en septembre 1945, ceux de Sétif en Algérie en mai 1945, à Madagascar en mars -avril 1947 (80.000 morts), l’exil du roi Mohamed V du Maroc, la répression en Tunisie contre le Néo Destour de Bourguiba, les massacres de Dimbokro en Côte d’Ivoire (un Sénateur assassiné et plusieurs morts et arrestations (29 Janvier 1950), le sabotage de l’indépendance de la Guinée Conakry en septembre 1958, la guerre (désormais reconnue) d’indépendance en Algérie 1954-1962, la guerre (niée) d’indépendance du Cameroun 1955-1971, les coups d’Etat commandités, l’assassinat ciblé de leaders nationalistes et indépendantistes. En Centrafrique : Abbé Barthélémy BOGANDA alors Premier Ministre dans un bizarre accident d’avion 29 mars 1959, Côte d’Ivoire : Suicide surprenant de E. BOKA, ancien Président de la Cour Suprême 5 avril 1964, au Cameroun : Ruben UM NYOBE : 13 septembre 1958, Félix Roland MOUMIE : 3 novembre 1960, etc. Cette liste de crimes du colonialisme français en Afrique, n’est pas exhaustive, peu s’en faut. En dehors de ces crimes de sang, il en existe bien d’autres.
A suivre les crimes économiques dans notre prochaine parution.
La Rédaction