Mon avis :
Après lecture de ce livre de 53 pages, j’ai constaté les points ci-dessous livrés.
1 – La première partie du livre d’autobiographie de MID parle succinctement de l’enfance de l’homme.
Il y tente de montrer tant bien que mal un homme, certes né avec la cuillère de crème fraîche à la bouche, mais qui pendant les vacances se rendait à son village d’origine pour partager la vie de brousse avec les siens loin du confort ukrainien où il est né et celui de Bamako où désormais il est installé pour ses études. Il dépeint la vie de Marakala avec brio en mettant en scène les expériences vécues dans les travaux du champ, les baignades au fleuve, les matchs de football, la vente à la sauvette au quai du barrage d’irrigation de Marakala, les mets qu’il y mangeait, bref, histoire de montrer que derrière son apparence de métis se cache un dur à cuire à l’épreuve des difficultés de la vie dure de la brousse. Ce n’est pas qu’un simple détail pour ceux qui n’y verront que ça, ce récit a une valeur stratégique ajoutée au bagage intellectuel de l’homme, sa carrière politique et professionnelle très riche qui peut lui conférer l’image de l’homme du peuple imprégné et au centre des préoccupations majeures de celui-ci.
2- Après le brillant récit de son enfance, il raconte dans le moindre détail son parcours scolaire et universitaire.
Il n’a omis apparemment aucun détail sur ce plan, du fondamental aux études supérieures qu’il aura faites d’ailleurs à l’étranger grâce à une bourse obtenue après son lycée. Jusqu’ici, aucune remarque de taille.
3- Après ses études comme tout étudiant ayant fini au Mali, au marché de l’emploi, il a aussi goûté à la pilule amère du chômage, confronté aux aléas de ce dernier.
C’est dans le souci de faire un petit ramassis pour que ceux qui n’ont pas encore lu puissent se fixer sur les grandes lignes abordées dans ce livre.
3- Il rentre en fonction après un bout de temps passé en tant que JDSE (Jeune diplômé sans emploi)!
Il gravit vite les échelons dans le monde des affaires en tant que banquier, ceux qu’on appelle (Les Argentiers), il raconte les prouesses enregistrées par ses soins plus précisément le redressement de la BIM SA déjà en faillite, dont il se dit fier. Une démonstration de force qui a été rendue possible grâce à la sollicitation du président ATT. Ce redressement aurait permis à l’État de faire des bénéfices via la privatisation de cette banque, jamais réalisés jusqu’alors. Ces bénéfices, dit-il, auraient permis des projets de développement durables sous ATT ! Construction des routes, équipements de nos secteurs d’activités, construction des infrastructures, etc. De par ce résultat, ATT lui renouvela sa confiance en le rappelant auprès de lui pour être ministre de l’eau et de l’énergie. Il n’a pas manqué de rappeler les projets initiés sous sa direction pour que le cauchemar que vivent ses concitoyens, dont les délestages, le manque d’approvisionnement en eau potable ne sont pas en reste, soit un lointain souvenir ! Il en a cité en annexe tous les efforts abattus pour l’amélioration des conditions de vie de la population dans le cadre de la distribution en électricité et en eau. À l’en croire, le pays peut bien se passer des délestages intempestifs, et des coupures d’eau cauchemardesques.
Mais comment ?
S’il en avait les moyens, pour quelle raison il n’y a pas mis fin ? Peut-être qu’il a été pris de court par le temps car, comme dans les habitudes de nos chefs, les remaniements viennent toujours et donnent une échappatoire aux membres du gouvernement en manque de perspective. Après le coup d’État qui a fait démettre ATT de ses fonctions de président, il a pris du recul pour souffler un peu l’air frais loin des polémiques que le monde politique flâne toujours. Il semble tirer une satisfaction morale et de bonne gaité du peu de temps passé auprès d’ATT.
Mission accomplie ?
En tout cas, aucun indicateur de ce qu’il a cité dans l’annexe ne semble dire le contraire tant par ces indicateurs, il a boosté le niveau des services de l’eau et de l’électricité. La station de Kabala, le barrage de Taoussa pour la production d’électricité, la SOMAGEP et autres œuvres qui sont à son actif même si on ne semble pas les lui reconnaître, soutient-il. Au- delà de ce qu’il dit dans son livre, je ne peux me prononcer sur ce qu’il a fait sous ATT car, en toute honnêteté intellectuelle, je n’ai pas assez d’informations pour le contredire ou démentir ce qu’il dit avoir fait. Des années s’écoulèrent, entre-temps, IBK vient au pouvoir. Deux ans après une gestion du moins que l’on puisse dire, calamiteuse, IBK a, à son tour, sollicité son service pour être ministre des finances.
Malgré ses réticences, il finit par accepter.
Si l’on se réfère sur ce qu’il dit dans son livre, on retient de lui et de sa gestion des finances un homme travailleur, un fin stratège du monde des affaires qui a su relever les défis les plus majeurs à un moment où les investisseurs ne semblaient plus faire confiance à nos institutions en manque de vision politique. Pour la première fois, le budget a atteint la bagatelle de plus 2000 milliards de nos francs. Encourageant de ce fait le coup de regard des institutions de breton Wood qui avaient déserté à cause de la gabegie financière dont s’est illustrée la gestion de deux dernières années. En 2015, dit-il, le département des fiances a connu un succès spectaculaire. Comme le travail bien fait attire toujours des regards méprisants, des jaloux et des convoitises, par sa bonne gestion, il s’en est fait beaucoup d’ennemis car plusieurs tuyaux ont été fermés pour permettre que l’argent public ne puisse servir à d’autres fins qu’à servir l’intérêt national. Des ennemis au sein même du gouvernement, ainsi qu’aux corporations bancaires où il a fait des mécontents avec l’augmentation de leur taxe non seulement, mais aussi des réformes économiques désappointées.
Anguille sous roche
De tous ces détails, j’aurais surtout voulu qu’il se prononce sur les manques à gagner décelés dans le rapport du Vérificateur général en 2015, qui s’élèvent à des milliards de nos francs. Mais malheureusement, je n’ai vu aucune trace des détails concernant ce scandale financier. Les finances étant sous sa direction, il doit avoir son mot à dire.
Quels sont les responsables de cette manne financière ? A-t-il des noms qu’il veut tout simplement taire ? Est-il lui-même impliqué dans ces affaires de délinquance financière ?
Les réponses à ces questions nous auraient édifiés davantage sur sa crédibilité. La gestion méticuleuse, dont il est à saluer, lui a valu selon lui ce qu’il raconte bien sûr dans le livre, son remerciement du poste de ministre des finances. On lui proposa alors le département de l’industrie qu’il désiste à la grande surprise de Modibo Keita, le Premier ministre d’alors.
Un courage que je salue à sa juste valeur.
Je ne l’aurais cru jusqu’ici qu’un homme politique malien refuserait un poste de ministre pour préserver sa dignité. Une leçon de dignité qu’il nous a enseignée par ce courage qui figurera dans les anales de l’histoire politique du Mali.
L’histoire du Mali contemporain :
Une des particularités de ce livre est ce côté récit de l’histoire du Mali, les grandes Républiques du Mali, les grands hommes, la généalogie politique, bref presque tout sur le Mali indépendant jusqu’à nos jours. Ce que je déplore de cette partie consacrée à l’histoire du Mali, c’est le sentimentalisme que l’auteur n’a pas su se défaire. Il arrive à cacher à peine sa haine pour l’auteur du coup d’État contre son mentor ATT. Pour preuve, malgré le rôle déterminant d’Amadou Haya Sanogo, son nom nommément ne figure pas dans le livre. L’histoire est souvent cruelle, si on veut nous y lancer, nous ne devrions céder aux caprices sentimentalistes en voulant occulter les détails sur des personnages acteurs des événements. Dans le souci de préservation, de précision, l’on se doit de retracer les événements tout en indiquant précisément les noms et les dates y afférant. Mais l’on peut constater aisément l’omission plus ou moins volontaire de ce détail capital sur l’auteur du coup d’État que je mets au compte règlement de compte auquel l’historien ne doit laisser libre cours !
Mon impression :
Je salue ici l’auteur pour le courage et la lucidité intellectuelle. Il vient de briser un mythe selon lequel les ministres viennent et partent sans laisser de traces, ne serait-ce qu’un mémoire pour informer les concitoyens du résultat de leur travail. Je dis tout simplement félicitations à MID !
Mary DIALLO