La nouvelle est tombée hier dimanche 16 janvier dans la matinée comme une douche froide. Celle du décès de l’ancien président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Kéita, à l’âge de 76 ans. Décès survenu à son domicile à Sébénikoro, des suites d’une longue maladie. Le Mali vient de perdre ainsi, l’un de ses plus emblématiques hommes d’Etat. Celui qu’on dénommait ‘’IBK’’ a été élu président de la République pour la première fois en 2013 puis en 2018 avant d’être déchu par le coup d’Etat du 18 aout 2020, à deux ans de son deuxième mandat. ‘’Boua Tari da’’ : Boua est parti se coucher !
Plusieurs fois donné pour mort, même en plein exercice de ses fonctions présidentielles, Ibrahim Boubacar Kéita a finalement tiré sa révérence hier dimanche, 16 janvier 2022.
Il a été de son vivant un grand homme politique malien. Plutôt, un grand serviteur de son pays. D’abord au sein des ONG (dont Terre des Hommes), ensuite comme ambassadeur, conseiller à la présidence, député (3ème et 4ème législature), président de l’Assemblée nationale et président de la République de 2013 à 2020.
Populairement appelé ‘’Boua’’ lors de la campagne électorale de la présidentielle de 2018. Son nom revenait très souvent dans slogans, tels ‘’Boua Ya Bla’’ (Boua a lâché) par les opposants et ‘’Boua Ya Ta’’ (Boua a pris) par les partisans du pouvoir. Et ce dimanche ‘’Boua Tari Da’’ (Boua est allé se coucher) pour toujours dans le calme et chez lui.
Il a le mérite d’avoir été un chef d’Etat, très attaché aux principes démocratiques, dont la liberté d’expression et la liberté d’opinion politique. C’est ainsi que sous son magistère, une loi a été votée pour l’instauration du statut de chef de file de l’opposition. Elu avec une majorité écrasante en 2013, sa candidature fut portée par le regroupement politique EPM (Ensemble pour le Mali) en 2018 pour un deuxième mandat. Un mandat qui n’a pas été de tout repos pour lui. Ce faisant, à la suite des contestations électoralistes, suite à la mise en place de la 6ème législature, une junte militaire sous le sceau du CNSP (Conseil National pour le Salut du Peuple) va le contraindre à la démission, le 18 août 2020. Affaibli par un état de santé fébrile, l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéita a bénéficié d’un départ à l’extérieur pour des besoins de soin. Notamment à Abou Dhabi, grâce au soutien des Emirs koweïtiens. Depuis son retour au pays, à son domicile paternel à Sébénikoro, IBK n’a fait aucune apparition publique jusqu’à l’annonce de son décès, hier dimanche.
En attendant, la date de ses obsèques qui fera l’objet d’un communiqué officiel, sur la chaîne de télévision nationale et sur les réseaux sociaux, des autorités de la transition, de nombreuses formations politiques et organisations de la société civile ont fait des communiqués de condoléances.
Celui du Gouvernement de la Transition, signé par son porte-parole, le ministre Abdoulaye Maïga annonce le décès de l’ancien Président de la République à la suite d’une longue maladie, ce dimanche 16 janvier 2022. « En cette triste circonstance, le Gouvernement de la République du Mali présente à la famille du défunt ses sincères condoléances et prie pour le repos éternel de son âme. Le Gouvernement de la République du Mali et le peuple malien saluent la mémoire de l’illustre disparu » pouvait-on lire dans ce communiqué.
« Je suis profondément attristé par cette perte énorme. Le président IBK avait le Mali chevillé à son corps » a témoigné l’ancien président de la Transition, le Pr Dioncounda Traoré. En plus du président Traoré, d’autres compagnons de lutte de l’homme, membres de son parti (le RPM) et anciens ministres ont fait des témoignages sur ce grand homme d’Etat. Ils témoignent tous sur son patriotisme, ses valeurs humaines et sociales et de son dévouement pour son pays.
Dors en paix Monsieur le Président !
Moustapha Diawara