Dans le cadre de sa participation au débat sur le projet de la révision de la Constitution du 25 février 1992 initié par le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, le Groupe d’observation et d’analyse politique et électorale (Goape) a exploré la voie de la consultation, via une journée d’échanges, de la classe politique (majorité et opposition), la société civile, les jeunes et les femmes afin, dans un premier temps, de recueillir leurs avis, observations, commentaires et recommandations des différents groupes, ci-dessus cités, sur le projet, et dans un second temps de procéder à l’analyse critique des différentes positions et d’en faire une contribution au Comité d’experts pour la révision de la Constitution.
L’actualité politique malienne est aujourd’hui dominée, en dehors des questions d’ordre sécuritaire, par les réformes politiques et institutionnelles initiées par le Président de la République du Mali, Monsieur Ibrahim Boubacar Kéïta, alias “IBK” pour les Maliens. Ces réformes vont porter sur la révision de la Constitution du 25 février 1992, le découpage territorial, et certaines lois dans le domaine des élections et l’organisation des administrations publiques.
Concernant le projet de la révision de la Constitution du 25 février 1992, il est à sa quatrième tentative, depuis l’avènement de la démocratie et du pluralisme politique au Mali, à la faveur de la révolution de Mars 1991. Les trois dernières tentatives (2001, 2011 et 2017) n’ont pu acquérir l’adhésion des Maliens aux projets. La dernière tentative en date (mi-2017), sous le régime du Président IBK a connu une contestation des plus importantes par le mouvement “An tè a bana” (Touche pas à ma constitution).
Face à l’ampleur des mouvements et organisations contestataires contre le projet, le Président Kéïta a été contraint d’y surseoir. À la faveur de sa réélection en août 2018, Ibrahim Boubacar Kéïta entend relancer son projet de révision constitutionnelle. Un comité d’experts ad hoc a été nommé le 14 janvier et les discussions ont été entamées avec les partis politiques, les institutions de la République, les parties signataires de l’Accord et les organisations de la société civile afin d’aboutir, cette fois, à un texte “consensuel”.
C’est dans ce canevas que le Groupe d’observation et d’analyse politique et électorale (Goape) en partenariat, et avec l’appui de la Fondation Konrad Adenauer-Sahel a organisé un focus group sur la question. C’était le 23 janvier dernier, au siège de la FKA sis à Badalabougou à Bamako. Ont pris part à ce focus group, les hommes politiques de la majorité et de l’opposition, les organisations de la société civile, les jeunes et les femmes.
En initiant ce focus group, le Goape entend, dans un premier temps, recueillir les avis, observations, commentaires et recommandations des différents groupes sur le projet, et dans un second temps de procéder à l’analyse critique des différentes positions et d’en faire une contribution au comité d’experts pour la révision de la Constitution.
Comme idées forces retenues, lors du focus group, l’opposition politique pose comme préalables à sa participation au projet, l’institution d’un “dialogue politique de haut niveau“ porté par le Chef de l’État lui même. Aussi, évoque-t-elle, les maladresses relatives au décret du Premier ministre créant le comité des experts et nommant ses membres : une prérogative du Chef de l’État. L’ancrage du cadre de concertation entre partis politiques et le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités a été également posé comme préoccupation.
À la faveur des échanges, il se remarque que certaines préoccupations soulevées ont eu déjà, des réponses positives. Entre autres, le dialogue politique enclenché par le Président de la République à l’endroit des acteurs politiques, dont le chef de file de l’opposition au Mali, monsieur Soumaïla Cissé, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle tenue en juillet et août 2018. Aussi, la dynamisation du cadre de concertation a évolué avec deux niveaux (technique et politique).
À présent, les partis et regroupements politiques échangent et se concertent sur le fonds du projet de la révision de la constitution. En la matière, le Chef de l’État, dans son adresse de nouvel an à la Nation avait campé le décor, en ces termes : “Il est indispensable de procéder à une révision constitutionnelle proposant les justes aménagements à partir de notre vécu institutionnel, de nos fragilités, de nos silences, de nos imprécisions“.
Le débat est encore d’actualité, du moins selon les politiques, quant à la clarification des termes, entre “réforme” ou “révision” constitutionnelle. De l’avis de la majorité présidentielle, c’est une “révision au minima” pour intégrer les préoccupations et dispositions communautaires, mettre en œuvre l’Accord, et corriger les difficultés constatées dans la gestion des affaires publiques.
L’autre équation et pas des moindres est l’aspect temps. Est ce possible de tenir le référendum avant juin 2019 ? Bien malin, celui qui pourra répondre à l’interrogation.
A. L. S.