La plateforme An Tè A Bana ou Ne Touche pas à ma Constitution semble déterminée à aller jusqu’au bout de son combat. En effet, après l’ultimatum, elle n’entend plus lâcher du lest et acculerait le Président de la République jusqu’à son dernier retranchement. Aujourd’hui, IBK traverse l’un des moments les plus critiques depuis son avènement au pouvoir en 2013. Désormais, pris entre deux feux, celui de la grogne sociale, dont l’opposition à la révision constitutionnelle n’est qu’une expression, et le feu de la crise du septentrion malien. Si le second est en passe d’être éteint avec le retour dans un bref délai de l’Administration et des forces de défense et de sécurité à Kidal, le premier, par contre, s’est ravivé la semaine dernière avec une mise en demeure d’une semaine au Président de la République. En effet, la plateforme exige d’IBK le retrait pur et simple sous huitaine de son projet de révision constitutionnelle. Cet ultimatum, premier du genre depuis l’avènement de la démocratie au Mali en 1991 et qui a d’ailleurs expiré le 15 août 2017, n’a pas fait bouger les lignes du côté de Koulouba qui poursuit tranquillement ses consultations avec les forces vives de la nation, au terme desquelles, il se prononcera. Ainsi pour ne pas faire baisser la pression, la plateforme An Tè A Bana avait fixé au mercredi 16 Août 2017 l’organisation d’une « grande et mémorable » marche pour cette fois « exiger la mise en accusation de M. Ibrahim Boubacar Keïta pour haute trahison afin qu’il soit démis de ses fonctions de Président de la République du Mali ». Cette manifestation, finalement, a été reportée à samedi 19 août à la demande des autorités coutumières et des leaders religieux. Aux dires de ses organisateurs, la marche sera mémorable, parce que consistant à aller remettre aux députés une demande de mise en accusation d’IBK pour haute trahison. Elle sera grande, comme d’ailleurs les autres manifestations de la plateforme du Non, par l’ampleur de la mobilisation.
L’Ultimatum a déjà fait réagir l’entourage d’IBK qui l’a trouvé inacceptable, au regard de son caractère peu républicain. Pour le Secrétaire Général de la Présidence, Soumeylou Boubèye Maiga, lors d’une interview sur une chaine de télévision : « Il n’y a pas d’ultimatum acceptable pour le président de la République ou à recevoir par le président ». Car pour lui, le président IBK n’a pas usurpé le pouvoir mais a été démocratiquement et confortablement élu par les Maliens. Si l’ultimatum fait réagir de la sorte l’entourage du Président, alors il est fort à parier que la demande de mise en accusation d’IBK fera couler beaucoup d’encre et de salive à Koulouba. Cette nouvelle revendication rappellera un moment particulier de notre histoire récente.
Les Maliens se souviennent que c’est un 27 décembre 2013 que l’Assemblée Nationale, siège de la Haute Cour de Justice, a été saisie par la lettre n°285/PG-CS du 18 décembre 2013, d’une dénonciation des faits susceptibles d’être retenus contre Amadou Toumani Touré, ancien Président de la République pour haute trahison. Quatre petites années ont suffi pour que le Président IBK soit rattrapé par son passé. Que la demande de mise en accusation aboutisse ou pas elle aura déjà produit ses effets, ceux de dire que nul n’est au-dessus de la loi. La roue de l’histoire tourne, elle tournera toujours et personne ne peut l’arrêter.
Youssouf Sissoko