Mot de la semaine : Randonnée

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C’est plus de quatre ans après l’accession au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita que la première région économique du Mali, Kayes, le reçoit. Rappelons que la seule fois qu’il s’est trouvé à Kayes, il était en compagnie de ses homologues de l’OMVS, à savoir Macky Sall du Sénégal et Abdel Aziz de la Mauritanie, pour le lancement des travaux de la construction du barrage Hydro électrique de Félou. Le temps allait importer peu s’il était venu pour inaugurer le 2ème pont ou encore poser la première pierre de la rénovation  de la  route Bamako-Kayes-Diboli. Sa visite qui avait tout l’air d’une Randonnée n’avait d’autre but, officiellement, que  la célébration de la journée mondiale de la femme rurale, couplée à celle de l’alimentation. Mais, officieusement, c’est une opération politique de séduction en vue des élections générales de 2018. N’a-t-il pas encore tiré à terre, serait-on tenté de se poser comme question ? La colère des Kayesiens ne semble nullement faiblir et ce ne sont ces quelques actions qui vont les convaincre. Car les grands problèmes restent entiers : la rénovation de la route Bamako-Kayes jusqu’à la frontière du Sénégal, la construction diligente du deuxième pont, l’amélioration des conditions de vie de la population terrassées par la cherté de la vie. A ces trois revendications majeures, viennent s’ajouter la question de l’emploi des jeunes et celle liée à l’immigration. Les populations de la région de Kayes sont sidérées de constater qu’elles ne puissent pas jouir des retombées de ce dynamisme économique qui fait de leur contrée le poumon économique du Mali. En effet, Kayes, c’est l’apport inestimable de la Diaspora, la contribution des multiples mines d’or au budget national et les substantielles recettes douanières dues au trafic en provenance de Dakar.  Mais, Kayes semble être  relégué au second plan par les autorités actuelles. Pour preuve, on peut citer, entre autres, l’état de dégradation très avancé de la principale route reliant Bamako au port de Dakar, l’inexistence d’une route Kayes-Sadiola jusqu’à Kéniéba, digne du poids économique de la zone. Les populations de Kayes n’ont-elles pas des bonnes raisons de revendiquer un  mieux-être ?

Cette visite, qui a l’allure d’une randonnée politique par son menu, est venue en rajouter à la colère déjà noire des Kayesiens, surtout que la population a appris qu’une bonne partie des délégations est arrivée par voie aérienne  pour éviter de subir le même enfer que les usagers de la route Bamako-Kayes. Le Président de la République et sa délégation ont, par ce geste, envoyé un message aux habitants de la région de Kayes, celui de vouloir se servir d’elles en vue des élections à venir.

Youssouf Sissoko

Youssouf@journalinfosept.com

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