Mot de la semaine : Grogne

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Le Président de la République est-il rattrapé  par ses promesses de campagne d’un Mali vertueux, digne et prospère, se posent  certains de ses fervents soutiens ? Aujourd’hui, face au mécontentement général, bon nombre d’observateurs de la scène politique malienne s’interrogent sur la capacité de l’homme sur qui 77% des électeurs inscrits avaient porté leur choix en 2013 sur sa capacité à apporter le changement dont il a fait rêver les maliens, tant la grogne sociale est à son comble. De mémoire d’homme, jamais le Mali n’aura connu une telle montée de la tension sociale après l’avènement de la démocratie pluraliste en 1991.

Jamais la grogne sociale n’aura atteint un  seuil aussi critique qu’inquiétant pour l’avenir du pays. Tous les secteurs socio-économique et sécuritaire sont touchés et aucune lueur d’espoir n’est perceptible à l’horizon. En effet, après la grande grève de 48 heures de la presque totalité des travailleurs du Mali en 2014 à l’appel de la Centrale Syndicale l’UNTM, beaucoup de maliens pensaient qu’une solution serait trouvée aux problèmes cruciaux des travailleurs du Mali. Mais, c’était sans compter sur l’incompétence et surtout le manque de vision et d’esprit d’anticipation de nos gouvernants qui semblent exceller plus dans du colmatage et le saupoudrage. Sinon, comment comprendre qu’après cette grève bien suivie, que le gouvernement n’ait pu éviter d’autres paralysies générales du pays ?

L’Enseignement Supérieur avait donné le ton pendant l’année académique 2015-2016 avec sa grève illimitée. Après ce fut le tour des Magistrats en 2017 qui, s’inspirant de l’exemple bien réussi des enseignants du Supérieur, avaient eux aussi placé la barre très haut en décrétant une grève illimitée. Les  agents de santé, qui ont débraillé une première fois, ont fini par imiter les magistrats en décrétant une grève illimitée. Les agents de santé ont finalement été suivis par les enseignants du Secondaire, du Fondamental et même du Primaire pour aller à 216 heures d’arrêt de travail et menacent même d’aller en grève illimitée s’ils ne sont pas satisfaits. D’autres couches socio professionnelles ont déposé leur préavis de grève sur la table du Ministre du Travail, de la fonction publique, chargé des relations avec les institutions. Comme pour dire que la grogne sociale va crescendo. Mais ce qui est révoltant, voire aberrant, c’est l’indifférence et le mépris  des plus hautes autorités de la République qui offusquent, à commencer par le Président IBK et son Premier ministre Modibo Keita. Alors, si Soundiata Keita, leur probable aïeul, a écrit l’une des plus belles pages de notre Histoire, Ibrahim Boubacar Keita et Modibo Keita II, sont en train par contre d’écrire, ce que des historiens pourraient qualifier demain, de pages des plus sombres du Mali contemporain.

En définitive, le Président de la République est le premier responsable de la gestion chaotique du pays. Lui qui jouit d’une si grande légitimité, sera comptable devant l’Histoire.  Son « silence coupable » s’apparente à une forfaiture et une démission. Le premier acte d’un président qui se soucie du bien-être de son Peuple est le bon choix des hommes à hauteur de souhait. A chaque fois qu’une crise sociale d’une grande ampleur éclate, le président doit se faire sentir, une sanction doit tomber et très souvent l’équipe gouvernementale est remerciée pour insuffisance de résultats. 

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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