La République du Mali est-elle à terre ? Serait-on tenté de s’interroger, tant les conditions de vie des maliens se sont fortement dégradées et cela dans tous les domaines de la vie socioéconomique. Depuis l’avènement d’IBK au pouvoir en 2013, le Mali est sur une courbe descendante. La crise au septentrion du pays n’a jusque-là pas connu un début de solution, nos compatriotes du nord continuent à broyer du noir. Les services sociaux de base ne sont rendus qu’à compte-goutte et les armes sont loin de se taire. Le Mali en général et sa partie septentrionale en particulier reste dans une situation précaire de ni paix ni guerre avec comme corollaire une grave dégradation des conditions de vie. La chienlit entretenue au nord a fini par se propager au centre avec la floraison de groupuscules armés dits jihadistes. Ils sèment la terreur dans les régions de Mopti et de Ségou jetant ainsi sur la route de l’exil et du désespoir plusieurs de nos concitoyens ne se sentant plus en sécurité et couvant le sentiment d’être abandonnés par leurs propres autorités. Cette dégradation constante de leurs conditions de vie et de sécurité semble être à la base du déplacement massif des populations à la recherche d’un mieux-être social. Le sud qui a longtemps été pacifique et calme, semble désormais entré en ébullition. A la paupérisation ambiante s’ajoute une tension sociale due à la mal gouvernance et à un sentiment d’indifférence des autorités au cri de cœur de la population. En effet, rares sont les chefs de famille qui peuvent assurer aujourd’hui les trois repas quotidiens à cause de leurs faibles revenus comparés à la cherté des denrées de première nécessité. Cette dégradation sociale dans nombre de foyers a eu comme conséquences une crise de confiance entre gouvernants et gouvernés, un laisser-aller des enfants et une exacerbation du banditisme. Au même moment, une infime minorité vit dans un luxe insolent avec l’argent du contribuable. Elle ne se soucie guère du bien-être de la grande majorité. Cette vérité est tellement évidente que ce ne sont pas les usagers des routes maliennes, à Bamako comme à l’intérieur du pays, qui diront le contraire. Aujourd’hui avec l’hivernage, circuler à Bamako devient un parcours du combattant tant l’état des routes reste très dégradé. Les trous qui s’y trouvent ne sont plus des nids d’oiseaux, mais des véritables abysses auxquels s’ajoute la dégradation des feux tricolores qui ne fonctionnent que seulement sur les grandes artères. Les routes bitumées ressemblent aux rues sablonneuses avec un nuage de poussière au vu et au su de la société de nettoyage, OZONE, qui, pourtant, bénéficierait chaque année de près de 9 milliards de nos francs pour rendre Bamako propre. Quand les routes deviennent impraticables dans la cité des trois Caïmans, devinez seulement l’état dans lequel se trouveraient celles des villes de l’intérieur ? Aller au Sénégal par la route qui passe par Kayes est une traversée du désert à pieds tant la route est impraticable et se trouve dans un état de dégradation avancé. Kayes étant aujourd’hui la première région économique, c’est tout simplement l’économie du Mali qui en pâtit.
Youssouf Sissoko