Mot de la semaine : Communautarisme

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C’est au moment où le Mali est confronté à un genre de conflit le plus grave, à savoir les conflits communautaires qui menacent ses fondements, que  le président IBK organise à Koutiala une cérémonie, à grands renforts médiatiques, avec les notabilités. Le  samedi 30 septembre 2017 dans la salle des banquets  à Koulouba, le Président de la République a reçu  les notabilités venues de Koutiala ainsi que des autres cercles du Miniankadougou (pays des minianka) pour témoigner leur soutien au natif  de la capitale du coton qu’il est.

Dans une salle archicomble et avec une grande émotion, le représentant des koutialais n’a pas manqué d’encenser le Président en des termes qui frisent la plate flagornerie : « Nous sommes venus dire au président de la République que nous, de Koutiala, nous sommes avec lui. IBK est de Koutiala et nous n’allons jamais lui tourner le dos. Nous ne sommes  pas venus lui soumettre une doléance, ni lui demander de l’argent. Nous sommes ici pour lui dire que malgré les problèmes, nous sommes avec lui. Nous ne souhaitons jamais qu’il échoue dans son travail, mais qu’il réussisse dans ses projets pour le Mali. Tels sont les raisons de notre présence ici »,   IBK a-t-il mesuré les conséquences d’une telle cérémonie sur la cohésion nationale et le vivre-ensemble ? La gravissime crise à laquelle le Mali est confronté depuis 2012 n’a-t-elle pas pris une tournure communautariste ? On peut répondre par l’affirmatif surtout quand on sait qu’à Kidal le conflit qui sévit dans les Adrars, entre la CMA, composée en grande partie par des Ifoghas et leurs alliés  et le GATIA composé des Imghads majoritaires, mais marginalisés, a pour origine des considérations beaucoup plus communautaires que religieuses. Quid de  la région de Mopti, où les  hommes du prédicateur Amadou Kouffa, en majorité Peuls éleveurs, se cachent derrière le Jihad pour solder leur compte avec les Dogons, agriculteurs ? Le Président IBK, par ce geste, est en train d’allumer la flamme communautariste aux conséquences mortelles pour le vivre-ensemble. De mémoire d’homme, de l’indépendance à nos jours, ni Modibo Keita, ni Moussa Traoré, encore moins Alpha Oumar Konaré, n’ont cautionné des regroupements sur la base communautaire. Quant à ATT, même s’il n’a pas reçu en grandes pompes les ressortissants de Mopti, il a déposé le brevet du concept Soudou Baba (la maison paternelle) qui faisait des ressortissants de Mopti, ses plus proches concitoyens.

Tout compte fait, par cette cérémonie, le Président de la République n’est-il pas en train de bâtir la République des Communautés  dont le Maliba en pâtirait sans faute.

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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