Que vaut la parole d’une autorité politique de surcroit un ministre de la République au Mali, serait-on tenté de se poser comme question ? Après une sortie tonitruante et à coup de renfort médiatique, le ministre de l’industrie et du Commerce, M. Abdel Karim Konaté fixait à la veille du mois de Carême, les prix des denrées de première nécessité. Mais il n’aura fallu qu’une semaine après pour constater une flambée presque vertigineuse des prix des denrées de première consommation telles que la viande, le sucre, l’huile et le lait.
Le ministre de l’industrie et du Commerce, que nous avions tous applaudi après sa rencontre avec les commerçants et bouchers et surtout après l’assurance qu’il avait donnée à la Umma islamique qu’elle passerait un mois paisible de Ramadan, passe aujourd’hui devant l’opinion comme tout politicien en quête de sensationnelle et de propagande. Son entreprise bien que salutaire aura pêché par manque de suivi. Tous s’accordent aujourd’hui à dire qu’elle n’aura été qu’une tentative de faire taire les ardeurs d’une population déjà agacée par la cherté de la vie. Face au non-respect des engagements de nos autorités, où est la RECOMA, l’Association des consommateurs du Mali ? Où sont les autres Associations de la société Civile dont la première mission est la défense des intérêts de la population qu’elles représentent. Ont-elles finalement mordu à l’hameçon du pouvoir au point de fermer les yeux sur ses errements ? Où est l’Opposition face à cette attitude du gouvernement qui foule aux pieds ses engagements ? Nos élus de Bagadadji, qu’attendent-ils pour interpeller le ministre ? Le silence de l’opposition et de ses députés parait être aux yeux de bon nombre de nos concitoyens comme un laisser-passer et une complicité coupable. Face à cette cherté de la vie, l’Opposition Républicaine en premier lieu et la société civile sont interpellées. La cherté de la vie a malheureusement de fortes répercussions sur tous les domaines de la vie courante. Pour une des rares fois, l’ORTM diffuse un reportage pertinent sur la question où dans certains marchés de la place, des femmes presqu’en larmes se plaignaient d’une rareté jamais vue des clients pour acheter des dattes et même des chapelets. En faisant un tour au grand marché, le visiteur lambda se rend compte de la désolation de beaucoup de nos commerçants dont certains ont déjà mis la clé sous le paillasson faute de clients quand d’autres ne se sont pas tout simplement reconvertis en pisciculteurs, aviculteurs, cuniculteurs, maraichers et autres métiers leur permettant de survivre et de faire face au quotidien.
En définitive, la question que l’on se pose est bien celle de savoir si nous sommes dans un régime respectueux de sa parole et de ses engagements. Ou sommes-nous tout simplement dans la République où le mensonge et la fuite en avant sont érigés en règle de gestion. Le Pays de descendants de Soundiata Keita, de Kankou Moussa, de Firhoun, de Tiéba et de Babemba dont la devise est la mort plutôt que la honte, mérite-t-il un tel sort ?
Youssouf Sissoko