De quel malheur les hommes se sont rendus coupables en jouant aux apprentis sorciers ?

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La situation qui prévaut actuellement au Nord du  Mali n’a rien de surprenant. Le plus novice des observateurs ne peut que s’en apercevoir. Les germes de cette discorde datent de l’indépendance de l’ex-Soudan français, devenu la République du Mali en 1960.

En 1958 les chefs coutumiers touaregs, avaient envoyé au Général de Gaulle une lettre motivée pour l’exhorter à ne pas les rattacher au pouvoir de Bamako…

Les frontières héritées de la colonisation, ont été tracées à la règle par des officiers colons, suivant des critères de prédation qui n’ont rien à voir avec l’histoire, la sociologie, la culture des peuples colonisés et des nations millénaires.

De grands ensembles socioculturels ont été amputés, balkanisés, écartelés, et les peuples qui les composent, asservis et pour finir, rabaissés et durablement humiliés.

À titre indicatif, en 1943, M. Christian Legret, gouverneur de la Mauritanie, a évité, sur simple recommandation, aux deux régions les plus peuplées de l’actuelle Mauritanie, les Hodhs, à l’époque rattachés à l’ancien Soudan français, de subir le même sort que l’Azawad .On mesure avec quelle légèreté des pans entiers de populations et d’êtres humains, avec leurs coutumes, leur histoire, leurs racines, leur mémoire génétique…basculaient d’un côté ou d’un autre… Les frontières se déplaçaient à l’humeur et au bon vouloir des administrateurs coloniaux. En Europe, tout près de nous, l’éclatement des Balkans et les morts de Sarajevo…le martyre des deux Allemagnes et les familles coupées au hachoir, la chute du mur de Berlin enfin…sont là pour illustrer de quel malheur les hommes se sont rendus coupables en jouant aux apprentis sorciers…Le Maroc a connu cette réalité cruelle, les stigmates de la prédation dont il fut l’objet sont à fleur de terre…Elles ont entrainé leurs lots de souffrances, déchirements et séparations qui perdurent aujourd’hui…

Alors face à la situation actuelle, faut-il défendre le principe sacro-saint de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation ou soutenir l’indépendance de peuples ayant une culture, une histoire, un mode de vie, une organisation sociale, différents de ceux des autres Maliens du Sud ?

Sambou Sissoko

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