De la vigilance citoyenne à la sacralité de l’intérêt général

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Le Citoyen exigeant est le premier ami du Prince qui veut réussir. Il est un rempart contre la “griotique mangercratique”. La vigilance citoyenne ne vise pas à empêcher le Prince de gouverner mais plutôt à “démocratiser” davantage une gouvernance qui a besoin d’un ancrage populaire et local.

 

les mains30La force du Prince est moins dans l’égo flatté que dans la vigilance “saine” de ceux qui l’ont fait Prince. Le pouvoir brûle jusqu’aux mains qui le tiennent et le Mali, pour s’élever à lui-même et s’éveiller au Monde, a besoin de ce nouveau partenariat exigeant entre l’élite étatique et le Citoyen nouveau conscient, avisé, informé de la nécessité de la sacralisation de l’Intérêt général. La morale du vivre ensemble, l’Éthique du continuum des sorts liés, le bon sens et surtout l’implacable logique des effets domino commandent de prier, de penser et d’œuvrer pour la réussite d’IBK. Son échec sera sans doute le nôtre et sera surtout un autre cycle de déchéance et d’affaissement pour le Mali. Plus que la symbolique républicaine, plus que le sens de l’État, la sacralité de l’Intérêt général nous avise de l’urgence autant de la Pensée que de l’Action nobles afin que réussisse le nouveau prince en charge de la “Gestion” de la Cité aux problèmes pluriels alambiqués et de la multitude humaine dont on sait les intérêts opposés, antagoniques. Sacralité de l’Intérêt général comme médiation des égos et des nombrils déferlés sur le vaste champ de la “mangercratie” tropicale.

 

La politique du ventre, concept politologique, n’a pas encore fini de produire toute l’ardeur épistémologique qu’elle mérite. Ce que nous appelons ici “Mangercratie” n’est en fait que le signifiant d’un signifié autant vieux que le monde et ne saurait désigner une réalité confisquée par un monopole malien. Il est connu que sous tous les cieux, la biologie et l’esprit ne sont pas antinomiques. Un grand philosophe connu voulait même que l’œuvre de la pensée libre et critique (la philosophie) fût laissée aux privilégiés arrachés à l’urgence du ventre, à la tyrannie du besoin. Nous trouvons ce sectarisme élitiste insultant d’autant qu’il est donné et permis à tout être humain de déployer le “cogito” afin d’éclairer sa propre condition individuelle et apporter une part de lanterne à celle universellement humaine tout court.

 

Le Mali a très souvent relégué la pensée au profit de l’économisme dont l’issue n’a émancipé ni le citoyen, ni l’État, l’instrument stratégique collectif encore moins le pays englué. L’idéel fut éclipsé au profit du matériel dont nos pays ne contrôlent ni les ressorts, ni les leviers et surtout pas le substrat, incapables que nous fûmes et sommes encore à transformer les richesses données par la nature ou produites par le travail des hommes afin d’en donner une valeur ajoutée. De cette trajectoire de l’urgentisme mangercratique, de ce sport bien partagé pour les biens matériels immédiats au point de transformer la cité malienne en une vaste foire de kleptocratie, de népotisme et d’iniquités impunies, il faut tirer les leçons de l’infernale descente dans les abysses que nous avons connue et dont l’emprise continue à tenir nos sorts. L’élection d’IBK n’est pas en soi une révolution bien que pouvant augurer d’un cycle nouveau annoncé par la forte mobilisation électorale dont le “CITOYEN” est le héraut et le héros. Une révolution pour être et tenir a besoin de la ressource temporelle longue qui vient en appoint à une volonté politique ferme, éclairée et visionnaire. D’où la prudence axiologique à éviter les précipitations extrémistes et les apologies dithyrambiques à l’endroit de l’événementique euphorique pour poser la réflexion décomplexée, saine et informée du temps long qu’exige un vrai pouvoir transformateur.

IBK, figure complexe, produit d’un système dont il est appelé à déconstruire les fondations peut bien réussir à condition d’avoir, en dépit des pesanteurs et de certaines contraintes, en conscience, en pensée et en acte la VOLONTÉ POLITIQUE INTRAITABLE portant la force de l’Intérêt général. La vigilance citoyenne qui vient compléter les forces oppositionnelles n’a pas pour vocation d’être forcément une “autre opposition” mais de saluer le président quand il le faut et de le critiquer quand cela, au regard des enjeux, est nécessaire afin de circonscrire les relents de divinisation du prince du jour, prince passager, et de faire aussi que ce prince ne soit pas seul, que son action “saine” bénéficie de soutien populaire afin de stimuler son audace à rompre si tel était son souci majeur.

 

 

Dans cet entre deux du pouvoir agissant et de l’implacable souci de nous-mêmes, doit puiser un ardent désir : celui de notre élévation à une dignité collective et individuelle méritée. Et c’est à partir de ce regard vigilant que la cure peut opérer. La vigilance citoyenne ne vise point à empêcher le prince élu de gouverner mais plutôt à conférer à la gouvernance de la cité une aura horizontale sans pour autant obérer la nécessaire dose de verticalité dont a besoin tout pouvoir dont l’ascendant entend transformer à travers le biais des institutions étatiques, visages mythiques et réels de nos forces et faiblesses. L’intérêt général porte une triple sacralité : philosophique, politique et sociétale.

 

Bonne chance à l’élu du jour ! Que le Citoyen soit celui qui veille, critique et soutient au gré des enjeux charriés par le double mouvement politique et social, Sociétal pour parler Matrice tout court.

 

Yaya TRAORE, Politologue communicant

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  1. La photo qui est utilisée pour illustrer cet article a été créée par Les Générations Libres en juillet 2011. Elle a été déposée et reconnue comme brevet international, couvrant la propriété intellectuelle. Merci de le rappeler !

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