De hauts cadres maliens de Barrick Gold arrêtés : Le Mali ne veut plus être la vache laitière des multinationales

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Au Mali, quatre employés de Barrick Gold, compagnie minière canadienne, ont été arrêtés, le mercredi, 25 septembre 2024. Il s’agirait de hauts cadres maliens de l’entreprise qui possède avec l’État, l’immense complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, dans l’ouest du pays.

Selon Reuters, se fondant sur la déclaration d’un responsable gouvernemental basé dans la région et s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, il s’agit de quatre cadres maliens de haut rang de l’entreprise, qui ont été arrêtés, le vendredi 27 septembre 2024, pour des délits financiers présumés. Ce responsable n’a pas précisé le motif de ces interpellations, pas plus que les fonctions et les noms de ces quatre employés.

Barrick Gold détient 80 % et l’État malien 20 % des deux sociétés propriétaires du complexe aurifère souterrain et à ciel ouvert de Loulo-Gounkoto, dans l’ouest du Mali, près de la frontière du Sénégal. Ce complexe recèle des dizaines de millions de tonnes prouvées ou probables, selon les sites spécialisés.

L’application du nouveau code minier à la base de ces arrestations

Le Mali est l’un des plus grands producteurs d’or d’Afrique et les autorités militaires ont cherché à canaliser une plus grande part des revenus de l’or vers les coffres de l’État, notamment par le biais d’un nouveau code minier qui permet au gouvernement d’accroître sa participation dans les concessions aurifères.

Autrement dit, le Mali a adopté en août 2023, un nouveau code minier qui permet à l’État de prendre jusqu’à 30% de participation dans les nouveaux projets. Cette réforme a supprimé des exonérations fiscales accordées aux entreprises au cours de l’exploitation. Barrick Gold, un des groupes étrangers qui dominent le secteur minier malien, a reconnu en juillet l’existence de tensions avec les autorités, sans en préciser la nature. L’entreprise disait dans un communiqué qu’elle travaillait de façon constructive en vue d’une résolution globale des différends pour trouver une opinion commune sur la question essentielle du partage des bénéfices économiques générés par nos activités. Le patron de Barrick Gold, Mark Bristow, soulignait qu’au cours des 29 dernières années, sa compagnie a investi plus de 10 milliards de dollars dans l’économie malienne et que ses mines représentent entre 5 % et 10 % du produit intérieur brut annuel du Mali.

Il faut signaler que ces arrestations interviennent dans un contexte où le Mali est engagé depuis quelques mois dans des négociations avec les compagnies minières sur l’application du nouveau code minier qui augmente la participation nationale dans les mines. Les autorités cherchent aussi à récupérer un manque à gagner de 300 à  600 milliards de FCFA auprès des sociétés minières. Un manque à gagner révélé suite à un audit effectué par le gouvernement en 2022, avant l’adoption du nouveau code minier.

La Russie lorgne les ressources aurifères du Mali

La réorganisation du secteur s’inscrit dans le cadre d’un changement de politique plus large, qui a vu les autorités rompre des liens de longue date avec des alliés occidentaux tels que la France et rechercher des relations diplomatiques, sécuritaires et commerciales plus étroites avec la Russie notamment. L’année dernière, le Mali a signé un accord avec la Russie pour la construction d’une raffinerie d’or dans la capitale Bamako et a conclu un accord avec l’entreprise publique russe d’énergie nucléaire Rosatom pour la prospection de minerais et la production d’énergie nucléaire.

Cyrille Coulibaly

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