Le Mali, mon pays vit aujourd’hui, des moments les plus inquiétants de son histoire, marqués par des discours ou messages de certains leaders religieux à travers des prêches qui circulent sur les réseaux sociaux. Ces prêches, au lieu de rassembler tous les fidèles autour de la parole d’Allah, ou encore, au lieu d’instruire ou de former spirituellement et moralement l’homme malien, sont malheureusement et moralement révélateurs d’une profonde crise aux conséquences imprévisibles et irréversibles. Ils constituent une grave menace à l’équilibre des fondamentaux d’un Etat et pourraient détruire en une seconde de temps, tout ce qui a été bâti, pierres après pierres, par nos célèbres érudits, des siècles durant.
A l’entame de mes idées ici développées sur une question aussi sensible que celle de la religion, je voudrais préciser qu’il ne s’agit pas pour moi de m’y afficher en donneurs de leçons, mais plutôt, d’exprimer à mes concitoyens, ma grande peur, mon inquiétude et mon désaccord sur ce que je vois et j’entends dans mon pays à propos de la religion. Je ne cherche plus non plus à heurter la sensibilité des uns et des autres, mon seul souci étant de voir tous les fidèles du pays unis dans la fraternité, la concorde et l’amour des cœurs.
Ma première interrogation est de poser et répondre à la question de savoir ce qu’est un prêche dans son sens le plus accepté et quel doit être le rôle d’un Etat égalitaire dans la régulation des prêches ? Le prêche est un sermon, une homélie, un discours ou encore un message divin, fait devant des fidèles pour leur bien, leur instruction et leur édification spirituelle et morale. Il tire son inspiration de l’Ecriture du Coran et de la Bible.
Cette charge de transmettre le message d’Allah est confiée à des imams, prêtres et pasteurs, bien connus et respectés. Les thèmes qu’ils développent au cours de leurs sermons se réfèrent à la vie sociopolitique et culturelle, donc du vécu des fidèles. Tout cela n’est possible que dans un Etat égalitaire.
L’égalitarisme est une doctrine politique qui prône l’égalité de tous les citoyens en matière de droits politique, économique et social, contrairement à un Etat failli. La notion d’Etat failli correspond à deux réalités : soit une situation de faillite dans laquelle l’Etat n’est plus en mesure de régler les intérêts de sa dette ; soit un Etat incapable d’assurer ses fonctions régaliennes (Justice, Police, Ordre public, Sécurité, Défense, Bonne gouvernance, etc.).
La deuxième réalité correspond au mieux, à la situation que vit le Mali après 30 ans de pratique démocratique caractérisée par une mauvaise gouvernance à l’origine de cette faillite. Dans un Etat failli, tout est permis de dire et de faire sans qu’on ne soit inquiété. On est comme dans la jungle. C’est bien en profitant de cette faillite de l’Etat, c’est-à-dire, de sa déliquescence, que certains leaders religieux se sont livrés dans certains lieux de culte notamment à Bamako, à une multiplication des prêches accompagnés de diatribes jamais imaginées.
Ces prêches parfois véhiculés avec des propos haineux, sortent de loin, des normes prescrites par le Saint Coran. Cette nouvelle façon de faire les pêches incriminés, est une vraie menace pour l’équilibre de l’Etat du Mali. Elle pourrait être à l’origine d’un probable affrontement aux conséquences imprévisibles entre fidèles de deux tendances religieuses que je me garderai de les nommer. Pourtant, ces tendances se réclament toutes, d’une même religion, celle d’Allah.
Face à ces dérives, qui ne sauraient se justifier, les autorités de la Transition doivent dans le cadre de la Refondation de l’Etat en cours, prendre pleinement, toutes leurs responsabilités afin de garantir la paix, la quiétude, la fraternité et la concorde à tous les fils du pays, de toutes les confessions confondues.
Le Mali de nos ancêtres n’a jamais connu un tel malentendu, un malaise du genre à diviser les religieux d’un même pays, d’une même histoire. Cependant, malgré nos divergences et nos différences, nous avons toujours fait preuve d’une grande maturité d’esprit rassembleur. Nous avons su, chaque fois, nous mettre ensemble autour de ce qui nous unit, le Mali. Et la rencontre entre toutes les confessions religieuses, qui a lieu le samedi 28 août à Sébénicoro, au domicile de Chérif Ousmane Madani Haïdara, regroupant imams, prêtres et pasteurs, en est une parfaite illustration.
Initiée par l’Imam Dicko, et facilitée par le grand serviteur d’Allah, et coordinateur scientifique du CIMD, Boubacar Ba, elle a comblé toutes les attentes. Les jours à venir nous en édifieront davantage.
Que la paix d’Allah accompagne le Mali et les Maliens !
Dr Allaye Garango, Enseignant-chercheur-ENSUP
Sauf que le Mali a vécu pire. Dites-moi qui a détruit Hamdallaye, l’ancienne capitale du Mali, et pourquoi et comment?
Mais c’est vrai que le Mali n’avait pas repris son nom Mali, même si c’était le même peuple. Enseigner l’histoire vraie aux jeunes permet d’éviter mille embûches.
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