Il y a quelques années, la Brigade des mœurs dirigée par le contrôleur général de police Amy Kane déclarait la guerre aux obscénités servies comme danses du Sabar dans certains coins malfamés de Bamako. Au Gabon, au Sénégal et sous d’autres cieux en Afrique, la question des danses obscènes est en train d’être décriée un peu partout sur le continent africain. Récemment, les autorités sénégalaises sont montées au créneau, emboîtant le pas à leurs homologues du Gabon. Mais au-delà du discours, qu’attendent les pouvoirs publics pour mettre fin à cette dégradation continue de l’image de la femme que les musiciens exhibent désormais fièrement sur scène dans des tenues de streap-tease ?
Une femme se trémoussant au milieu du public, à demi nue, avant d’enlever progressivement le seul pagne qui lui reste sur le corps pour dévoiler sans gêne toutes les parties de son corps, y compris les plus intimes, ce n’est pas un spectacle surréaliste, mais bien ce qui se passait avec les fameuses soirées Sabar dans des boîtes de nuit de Bamako. Il a fallu la traque menée par la Brigade des mœurs sous les ordres du contrôleur général de police Amy Kane, pour que les joueurs de Sabar et les danseuses spécialisées dans ce qu’on appelait à Bamako " Sabarni " disparaissent dans la nature. Il faut noter que ces quelques boîtes de nuit et bars qui organisaient encore ces soirées sataniques, étaient ainsi les quelques coins où subsistait cette pratique farouchement combattue par le régime Moussa Traoré dans les rues de Bamako.
En côte d’Ivoire, le langage des chanteurs a tendance à s’adapter à cette nouvelle mode de l’obscénité et on débite fièrement des grossiéretés du genre: "bogaraba" qui ne désigne rien d’autre que les grosses fesses d’une femme.
Le Sénégal excèle dans l’art de créer des danses obscènes. Après "Maana" et "Goana", voilà que "Yuuza" encore appelé "Tës-gin" est en train de faire fureur au pays de la terranga. Une danse jugée sensuelle et sexy, disons tout simplement obscène, qui ne laisserait pas indifférents les chauds lapins. Cela vient tout simplement révolutionner le "Leumbeul" encore appelé "Tâtou Laobé" ou "ventilateur" ou encore un de ces nombreuses appellations. Cette dans repose sur un jeu de reins pour orienter le mouvement des fesses de la femme.
Ces danses que les enfants voient à la télévision, qui choquent les imams et prêtres, ainsi que les chefs de famille assis au sein de leur famille, ont fini par irriter le président Abdoulaye Wade qui a profité de sa rencontre 2011 avec les éditeurs de presse du Sénégal pour demander que soient moins diffusées des images de danses obscènes sur les écrans de télévision du Sénégal.
Avant lui, le président Senghor préconisait même le port de dessous collants aux danseuses de Sabar pour éviter de dévoiler certaines parties de leur corps et avait interdit l’exécution de danses obscènes en publique.
Au Gabon, comme le rapporte Gabon.eco : «Le succès actuel dans les discothèques de Libreville de la chanson "Bombe Atomique" de la Camerounaise Lady Ponce, surtout la manière obscène de la danser et la permanence de l’Oriengo, danse qui avait déjà été interdite par le CNC, devraient relancer le débat sur la banalisation des danses obscènes. Des enfants regardent à la TV des clips à la limite du pornographique et leurs premiers pas de danse consistent à les mimer. Sonnette d’alarme !!!…
Oriengo, Tchoukussa, Dombolo, Mapouka, Bobaraba… Des danses toutes aussi lubriques les unes que les autres. Et, il y en a trop sur les télévisions du Gabon : Avant et après le journal, il n’y a que ça ! Durant les interludes, il n’y a que ça ! Toujours à la limite de l’obscène.
Tout se passe comme si les chorégraphes africains en général, gabonais en particulier, ne "pensent qu’à ça. S’il faut comprendre et admettre que la majorité des danses traditionnelles en Afrique sont sexy et que, pour se justifier, les artistes invoquent la liberté d’expression et de créativité, on ne saurait soutenir que la danse ne consiste qu’à mimer des gestes obscènes. Or lors des spectacles, sur les vidéo-clips qui passent à la télévision, l’accent est toujours mis sur les mouvements des hanches et du postérieur auxquels on ajoute des tenues suggestives qui ne manquent pas de heurter la sensibilité des téléspectateurs et particulièrement du jeune public.
On sait pourtant que la diffusion de ces programmes peut avoir des effets graves quant à l’éducation des enfants et la préservation de l’identité culturelle. Tout comme ces danses peuvent remettre en cause les vertus fondamentales de la société».
Comme on le voit, le phénomène est partout le même en Afrique au sud du Sahara et d’ailleurs les groupes musicaux ne travaillent plus tellement leurs productions et lors des concerts à l’étranger ils mettent en avant leurs danseuses qui exhibent honteusement leur corps, sous le prétexte que ce sont des danses africaines. Jusqu’à quand cette absurdité ?
Amadou Bamba NIANG