Daniel A Tessougué, Procureur Général lors de la deuxième session de la cour d’assise de Bamako

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Daniel Tessougu
Daniel Tessougu

«Aux maux qui minent la société, la justice a l’obligation de se montrer à hauteur de mission, sans faiblir et sans démagogie. Le malien a appris à prendre des libertés avec la chose d’autrui. Les ressources publiques sont devenues le coffre fort de ceux qui y ont accès. Les biens que les particuliers thésaurisent péniblement, n’échappent pas à la cupidité de certains agents publics. Ainsi avons-nous la délinquance économique et financière sous ses deux formes : la corruption systémique ou grande corruption, qui déstructure un Etat et conduit indubitablement à la révolte populaire, celle que l’on s’amuse à édulcorer par ces expressions nauséabondes : « tracasseries administratives, raquettes sauvages, dessous de tables etc. », c’est en substance ce qu’a déclaré le procureur général près de la cour d’appel de Bamako, Daniel Amagoin Tessougué au cours de son réquisitoire lors de la cérémonie d’ouverture de la deuxième session de la cour d’assise de Bamako. C’était le lundi 17 novembre 2014 au sein de ladite juridiction en présence du président de la cour d’appel de Bamako, Moussa Sara Diallo, du bâtonnier, Seydou S Coulibaly et de nombreuses autres personnalités.

Daniel A Tessougué a, au cours de son réquisitoire, dénoncé la facilité déconcertante avec laquelle l’épidémie de la fièvre Ebola a été introduite ici au Mali. Selon lui, ce pays pour lequel aucun sacrifice n’est trop grand, exige de tous ses enfants respect et vénération. Après avoir étalé les maux qui minent la société malienne, le Procureur général dira ceci : certains diront, mais que fait la justice pour éradiquer ces maux? Je dirai, qu’avez-vous fait que cela n’arrive ? Où étiez-vous quand on détournait ? A l’en croire, pour les évènements récents, le parquet général a instruit au Procureur de la République près le tribunal de 1ère  instance de la Commune III, de faire mener une enquête par la brigade économique et financière. «Il faut revoir l’approche pour que les ressources publiques soient sécurisées. Dans les affaires de délinquances économiques et financières, mieux vaut prévenir que guérir. Celui qui arrive à puiser dans les ressources publiques, difficilement remettra les choses en état. Il faut donc mettre des systèmes de veilles, pour qu’au plus petit mouvement suspect, l’alerte soit donnée. Pourquoi refuse-t-on la modernité au chevet des affaires, pour sécuriser les recettes ? Par exemple, établir les factures normalisées pour éviter que les dépenses publiques soient une banque ouverte aux délinquants », a-t-il martelé. Tout juste après l’ouverture de la session, le Procureur Daniel Tessougué a donné un point de presse au cours duquel, il a mis l’accent sur le dossier du nord du Mali, l’affaire de Kati (agression des bérets), le dossier de Diago, la délinquance économique, financière et foncière. Il a précisé que l’instruction de l’affaire de Diago est terminée. « Il n’y’a pas de difficulté pour que la justice suit son cours normal. La justice ne se négocie pas. Beaucoup de maires et préfets sont impliqués dans les affaires foncières », a-t-il dit. A l’en croire, la justice travaille dans des conditions difficile faute de moyens et de budget conséquent. Présent au point de presse, le procureur de la République du tribunal de la commune IV de Bamako a fait savoir que l’enquête sur la propagation du virus Ebola est en cours. «Nous avons ouvert une enquête. Des maliens ont été entendus. Je n’hésiterai pas à interpeller toutes personnes impliquées à la propagation du virus Ebola quel qu’en soit sa nationalité », a-t-il dit.

100 dossiers seront examinés dont 170 accusés

Au cours de cette 2ème session de la cour d’assise qui durera 25 jours, 100 dossiers seront examinés, avec près de 170 accusés dont 60 qui répondront des affaires relatives à la délinquance économique et financière, 19 femmes vont être jugées, dont 2  pour délinquance économique et financière, 30 dossiers qui concernent des infractions connues sous le label d’infractions financières, 2 dossiers sont relatifs aux crimes commis dans le nord du pays ; des atteintes contre les mœurs : viol, pédophilie ; des crimes  de sang : meurtre, assassinats, infanticides ; des crimes contre les biens : vols qualifiés ; des crimes de trafic international de drogues, Etc. « Nous entamons cette session, aux termes d’une année difficile pour le peuple malien. Aucune amnésie ne devrait faire oublier tant de souffrances endurées par des femmes et des hommes. La misère a atteint des sommets sans précédents et il importe aux pouvoirs publics d’apporter rapidement une réponse aux préoccupations, qui ont pour noms : chômage, coût de la vie, insécurité, école, santé, corruption etc.», a souligné le procureur général près de la cour d’appel de Bamako, Daniel Amagoin Téssougué. Avant de rassurer que la justice assumera ses responsabilités vis-à-vis du phénomène criminel, car c’est sa mission au regard de la loi fondamentale. Elle a l’obligation d’informer sainement aussi, dit-il. Selon le procureur, la justice a fait l’objet de trop d’agression, verbale et de plus en plus physique. Et de poursuivre,  « J’ai instruit des enquêtes et le glaive s’abattra sans faiblir contre ceux dont la responsabilité sera établie. Il y a eu des excès verbaux contre les membres du corps judiciaire. Les huissiers par exemple aujourd’hui en sont presque réduits au chômage, à cause d’une lecture erronée de la loi ».

Aguibou Sogodogo

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