De janvier 2017 au 15 juin dernier, les différentes antennes de la CVJR ont enregistré 8615 dépositions de victimes des quatre rébellions que notre pays a connues de 1963 à nos jours
Pour faire le point sur ses actions dans le cadre de son rôle dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, le président de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) a animé le mardi 26 juin dernier au siège de son institution une conférence de presse. Il était accompagné par ses deux vice-présidents et le secrétaire général de la commission, respectivement, Hat Ag Bayes, El hadj Sidi Konaté et Abdoulaye Macalou.
Dans son exposé linéaire, Oumarou Sidibé a d’abord rappelé les missions assignées à son institution, notamment, celle de contribuer à « l’instauration d’une paix durable à travers la recherche de la vérité, la réconciliation et la consolidation de l’unité nationale et des valeurs démocratiques ». Pour ce faire, la commission s’appuie sur les sept piliers. Il s’agit ; entre autres, d’enquêter sur les cas de violations graves des droits de l’homme individuelles et/ou collectives commises dans le pays, et spécifiquement celles commises à l’égard des femmes et des enfants ; mener des enquêtes sur les atteintes à la mémoire individuelle et ou collective et au patrimoine culturel ; établir la vérité sur les violations graves des droits de l’homme et les atteintes aux biens culturels ci-dessus cités, en situer les responsabilités, et proposer des mesures de réparation ou de restauration : créer les conditions de retour et de réinstauration ; créer les conditions de retour et de réinsertion sociale des personnes réfugiées et déplacées ; favoriser le dialogue intra et inter communautaire, la coexistence pacifique entre les populations, et le dialogue entre l’Etat et les populations ; promouvoir auprès des communautés le respect de l’Etat de droit, des valeurs républicaines, démocratiques, socioculturelles et du droit à la différence ; faire des recommandations dans le domaine de la prévention des conflits. ».
Ainsi de janvier 2017 au 15 juin dernier, les différentes antennes de la CVJR ont enregistré 8615 dépositions de victimes des quatre rébellions que notre pays a connues de 1963 à nos jours. Sur ce chiffre, c’est la région de Tombouctou qui arrive en tête avec 2827 dépositions, elle est suivie de Mopti avec 1631, Bamako arrive en troisième position avec 1545 dépositions ; Gao est quatrième avec 1460 et Ségou ferme la marche avec 1152 dépositions.
En effet, depuis l’opérationnalisation de ses cinq antennes à travers tout le territoire national, les équipes de la commission ont recensé au cours des dix premiers plus de 6000 dépositions. Toutes choses qui, selon Oumarou Sidibé témoigne de la confiance des victimes sur la CVJR. « Nous sommes à plus de 8615 dépositions des victimes ce qui témoigne d’une certaine confiance que les victimes portent à la CVJR » a-t-il dit.
Il a par ailleurs expliqué les méthodes de travail des équipes de la CVJR déployées à travers tout le Mali excepté Kidal. « Nous avons développé plusieurs méthodes pour la recherche de la vérité, notamment une cartographie sur la violation des victimes à partir de trois centres. Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous avons une idée de l’occurrence des victimes dans notre pays de 1960 à nos jours. Nous avons réalisé l’écoute des grands témoins. Les 8615 victimes dans notre base de données nous permettent de faire le tri, de faire des analyses sur les types de violations qui sont les plus récurrents, tels que le pillage, la dégradation des biens, des violences sur la personne, les meurtres et les tortures, et d’autres traitements cruels. »
Sur la réparation des victimes, le président de la CVJR dira que son institution est en train de finaliser le document devant aboutir à un avant-projet en prélude à l’élaboration de la politique de réparation. D’ores et déjà la commission, selon son président, a anticipé sur la prise en charge de certains cas d’urgences. « Déjà nous accompagnons 72 victimes qui sont dans un besoin d’accompagnement d’urgence au niveau de l’Agence Nationale d’Assistance Médicale (ANAM) ».
Avant de terminer son intervention, le président de la commission a salué tous ses collaborateurs ainsi que les partenaires pour les efforts qu’ils ont accomplis à mi-parcours.
Mohamed Naman Keita