Loin des regards indiscrets, une cuisinière ramasse des fagots de bois pour les déposer au pied des foyers incandescents. La scène se déroule au fond d’une grande cour peu habitée. Trois grosses marmites sont posées sur des foyers de feu de bois. Elles ont presque la taille d’un enfant de six ans. D’un côté les légumes de toutes sortes, de l’autre des tasses et des plateaux en plastique sont prêts à servir les plats chauds. La sauce en ébullition dans les marmites répand déjà des fumets qui prouvent que les cordons bleus ont été très bien approvisionnés en épices, en condiments pour agrémenter à souhait les palais des invités. Les estomacs des gourmands bouillonnent déjà. Ils sont impatients d’engloutir les kilos de tartines qui feront honneur à l’art culinaire de l’ethnie dont la fête attire une foule de circonstance. Quatre femmes sont à la tâche, pour préparer 120 kg du traditionnel riz au gras.
La cérémonie de mariage de ce dernier dimanche avant le ramadan se déroule à Samé. A l’aide d’une grande louche, Safi remue les morceaux de viande qui nagent dans l’huile bouillante, à plus de 90°C. Elle en profite pour tester sa recette culinaire. D’une main, elle essuie les sueurs qui dégoulinent de son visage, de l’autre elle saisit un morceau de viande qu’elle vient de retirer de la marmite. Elle le laisse refroidir un instant dans une petite assiette.
Ce mets est apprécié à plus d’un titre. Il est servi lors de toutes sortes de cérémonies sociales : baptême, mariage et décès. Le riz au gras attire la foule.
Autant dire que tant qu’il y a la foule, il y a le riz au gras. à première vue, on a l’impression que sa préparation est simple. Une idée rejetée par les actrices du domaine. «Ce travail est pénible et peu rentable, la plupart de nos clients nous paient en fonction de leurs moyens. Aucun prix n’est fixé entre nous parce que de solides relations sociales nous lient depuis des années. On n’avait jamais chômé dans ce travail, au contraire on était sollicitées toutes les semaines», témoigne la responsable de l’équipe.
LA PEUR D’ÊTRE CONTAMINÉE. L’apparition du coronavirus a jeté un froid sur les activités. Cette pandémie plombe les affaires. Le marché a chuté et la cuisinière et ses employées ont peur d’être contaminées par la maladie. Les professionnelles se retiennent de plus en plus de se rendre aux cérémonies sociales pour préparer la nourriture collective. «Moi personnellement, dit la cheffe, j’ai refusé des commandes. Mon mari et mes enfants m’avaient formellement interdit, à cause du virus d’aller préparer des repas lors des cérémonies sociales. Ils ont expliqué à quel point la maladie peut être contagieuse», développe-t-elle.
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