Le deuxième épisode du conclave des mouvements armés à Rome a finalement vécu. Ouvert il y a une semaine jour pour jour, sur fond de polémique, il s’est refermé vendredi en ouvrant un nouveau chapitre de la dynamique initiale que la CMA et ses partenaires ont voulu insuffler à la stabilisation du septentrion malien en portant le CSP sur les fonts baptismaux. En effet, outre des représentants de la Plateforme loyaliste initialement hostile au projet, le ministre de la Réconciliation nationale, après moult tergiversations, a fini par se joindre aux invités de l’ONG ARAPACIS à Rome où Ismaël Wagué s’est rendu pour apposer la signature du gouvernement au document final du conclave. Malin qui pourrait dire le contenu réel dudit document, mais la démarche du ministre traduit le consentement ni plus ni moins des autorités de la Transition à déléguer la mise en œuvre de certains compartiments de l’Accord aux mouvements armés, en vertu de leur plus grande présence sur le terrain là où l’administration et les forces armées régulières brillent par leur absence. C’est sur les composantes du Cadre Stratégique Permanent, en clair, que repose le mécanisme sécuritaire sur lequel misent les pays européens du littoral pour intercepter les flux migratoires qui passent par le septentrion malien et combattre la criminalité transnationale. Mais, à s’en tenir aux textes fondateurs du Cadre, il leur est également assigné les missions d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens et de prendre à leur compte les aspirations des populations de l’Azawad. Toutes choses sur lesquelles les hautes autorités, à travers le département de la Réconciliation, ainsi que les franges loyalistes de la Plateforme avaient longtemps émis des réserves en tant que platebandes régaliennes incessibles. Le ministre Wagué avait même en son temps tapé du poing sur la table en affichant une hostilité ouverte à l’avènement d’un Cadre parallèle animé par des parties-prenantes à l’Accord issu du processus d’Alger. De quoi affecter si longtemps la régularité des réunions du Comité de Suivi de l’Accord boycotté depuis quelques mois par les initiateurs du CPS. Toutefois, la levée des périls et incertitudes sur le CSA semble avoir sonné avec la récente convergence des protagonistes dans la capitale italienne, qui a accouché d’un nouveau document dit « Accord de Rome » avec des arrangements qui semblent dissiper les réserves tant du côté de l’Etat malien que de celui des mouvements loyalistes. En atteste un communiqué du CSP consécutif à ladite rencontre et qui indique clairement la caution du gouvernement malien à l’initiative tout en faisant état de nombreux points d’accord au nombre desquels l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger, l’ouverture du CSP à ses différentes parties signataires et son astreinte à une présidence tournante, entre autres. Autant de réaménagements qu’on nuance l’adhésion des hautes autorités au Cadre Stratégique Permanent ainsi que son large ratissage dans les rangs des entités qui l’assimilaient naguère à un instrument de partition du Mali. C’est à ce prix que la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, suspendu à la reprise des travaux de son Comité de Suivi, sera vraisemblablement débloquée alors même que les équivoques demeurent quant à utiliser le CSP comme brèche aux forces européennes désormais traitées en intruses sur le territoire malien.
A KEÏTA