Crise, transition et scène publique : À quoi joue ce monde musulman-là ?

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Les leaders spirituels du Mali ne veulent plus se suffire d’un rôle de simple spectateur ou d’arbitre de la scène publique. Depuis l’épisode du Code des Personnes et de la Famille, leurs incursions dans le domaine n’ont de cesse de se cristalliser et inquiètent sérieusement les observateurs et protagonistes traditionnels du jeu. Et pendant que nombre d’entre eux se tournent le pouce et s’étonnent devant les motivations profondes de certaines prises de position, le très respectable Chérif de Nioro aura pour sa part définitivement levé voile sur les intérêts et appétits du monde musulman pour le champ politique.

Le très vénéré chef spirituel des Hamalistes l’a fait savoir, il y a deux semaines, à travers une annonce publique et solennelle dans son principal zawiya de la capitale sise à Niaréla. À la stupéfaction générale des fidèles, la fin de la prière a été suivie d’un message inattendu du Chérif de Nioro. Selon des sources concordantes, celui-ci a en effet porté à la connaissance de ses ouailles sa ferme décision d’investir le terrain politique pour son propre compte. En clair, le chef spirituel a levé un grand pan du voile sur ses intentions de créer sa propre formation politique. Mais en l’annonçant aux habitués de la zawiya de Niaréla, le porteur du message a précisé,  par la même occasion, qu’il ne s’agit point d’un parti confessionnel mais d’une formation politique en bonne et due forme, qui respecte le régime de fonctionnement des partis en République et qui compte prendre part comme toutes les autres formations aux diverses compétitions électorales. Quoiqu’il soit précisé dans le message que son auteur n’oblige aucun de ses adeptes à abandonner ses propres convictions pour les siennes, la décision inattendue du Chérif de Nioro aura quand même plongé dans l’embarras une majorité de partisans qui ne s’expliquent pas encore les raisons d’une telle irruption dans une scène politique où il les repères religieux et spirituels sont appelés à jouer plutôt un rôle de régulateur et d’arbitre entre les différents protagonistes. Au bas mot, la plupart des adeptes du Hammalisme sont désemparés et tout simplement déçus que leur guide opte pour une activité qu’ils ont toujours jugée en deçà de son statut. D’aucuns commencent même à remettre en cause son autorité en susurrant que le respect et l’égard qui lui sont voués sont plus un legs parental qu’un mérite personnel. D’autres ne s’en reviennent pas et sont convaincus que le Chérif de Nioro a pris suffisamment de l’âge pour s’abandonner à l’influence de ses enfants.

Mais pendant que la polémique enfle au sujet de la naissance prochaine d’un ”parti chérifien” sur la scène politique malienne, le chef spirituel, au lieu des clarifications attendues par ses milliers d’adeptes, est plutôt venu étonner par une posture davantage plus embarrassante. En effet, dans le grand débat qui a cours depuis un certains temps sur une intervention  militaire de la Cédéao dans le Nord-Mali, le chef spirituel a choisi de prendre ouvertement parti. Dans la foulée des préparatifs de la réplique à la marche de soutien du FDR, le Guide spirituel a tenu une assemblée générale, dimanche dernier, pour inviter ses partisans à sortir massivement pour soutenir la manifestation que projette la COPAM, ce jeudi, en guise de protestation contre le déploiement de forces de la Cédéao au Mali.

La marche de la Convergence Patriotique pour le Mali (tendances Younoussi H Dicko et Oumar Mariko) intervient à une semaine d’intervalle de celle du FDR et à la veille du sommet bipartite Cédéao-UA annoncé à Bamako dans le cadre du suivi de la crise sécuritaire au Mali. Qu’une partie de la classe ait un intérêt à l’accueillir avec hostilité parait déjà si surprenant, mais beaucoup moins compréhensible est sans doute la partition triviale de certains leaders confessionnels dans la donne. C’est pourquoi les interrogations fusent de partout sur la posture à adopter face à certains milieux religieux qui, pour nombre d’observateurs, commencent à outrepasser le rôle qui leur est dévolu dans le jeu politique. Et pour cause : ce nouvel épisode de prise de nette prise de position fait suite notamment à un précédent ayant déjà suscité son lot d’interrogations. Il s’agit, en effet, du fameux rassemblement du monde musulman transformé en réquisitoire de leaders politiques, alors même qu’elle était annoncée comme une tribune de bénédictions pour le pays.

En tout état de cause, les incursions et penchants partisans prononcés de certains milieux musulmans laissent indifférents peu d’observateurs de la scène publique malienne. Nombre d’entre eux s’interrogent en effet sur les motivations réelles d’une certaine tendance à attiser le feu, à éteindre chaque lueur d’espoir d’en finir avec la crise, là où ils doivent jouer à l’apaisement. Face à une telle tendance ravageuse, des pans importants du microcosme confessionnel ont du reste commencé à prendre leur distance et évitent un tant soit peu d’être associés aux dérives vers lesquelles tendent certains notables au nom de l’Islam.

– Pour qui  roule ce  monde musulman-la ?

 

D’autres observateurs sont pour leur part convaincus qu’une telle attitude ne peut être motivée que par des collusions d’intérêts évidentes avec les protagonistes de la crise qui partagent les mêmes intérêts confessionnels avec le monde musulman malien. Et pour cause : ils n’expliquent pas autrement certaines manœuvres manifestement destinées à gripper la machine de sortie de crise par des diversions, chaque fois qu’on pense avoir trouvé le bout du tunnel.

Par exemple, la Cédéao et les autorités de la transition, après un suspense intenable, ont finalement accordé leurs violons sur les ultimes réglages pour le déploiement des forces africaines de reconquête de l’intégrité territoriale de notre pays. Intervenue dans la foulée de la commémoration du 52ème anniversaire de l’indépendance du Mali, la levée des obstacles préconise non seulement une intervention des Forces en Attentes de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, mais également leur opération dans la capitale malienne, un détail du reste longtemps hypothéqué par les blocages de l’armée malienne, avec qui les forces sous-régionales devaient mutualiser leurs efforts en vue de débusquer les assaillants.

La nouvelle donne illustre ainsi une évolution positive du mécanisme de  sortie de crise car, depuis que le Nord-Mali est tombé aux mains d’envahisseurs islamistes et séparatistes, c’était la première lueur d’espoir réel quant à la libération des territoires et l’affranchissement des populations soumises à toutes sortes d’exactions. Et, cerise sur le gâteau, les partenaires internationaux, sous la houlette de la France de François Hollande, ne s’étaient jamais montrés aussi disposés à redonner au Mali son intégrité territoriale, en dépit d’une situation rendue complexe par la prise en compte du sort des otages français encore détenus par les terroristes.

“La nécessité de libérer les otages ne doit pas passer par un renoncement à l’intégrité territoriale du Mali”, avait même laissé entendre François, à l’ONU, levant du coup toute équivoque sur les bonnes intentions et l’engagement de son pays en faveur du Mali.

La symphonie des tendances internes à Bamako d’une part et des autorités maliennes et leurs partenaires extérieurs, d’autre part, n’a pas manqué de produire des effets inattendus dans les rangs des envahisseurs terroristes. Le tandem MUJAO-Ansar Dine a même eu recours à des méthodes et stratégies d’intimidation trop rudimentaires, à mesure que se précise l’intervention des forces sous-régionales aux côtés des forces armées et de sécurité maliennes. Les ravisseurs ont en effet exhibé les otages pour donner la preuve qu’ils sont vivants avant de menacer de les exécuter en cas d’intervention.

La menace n’ayant visiblement pas produit les effets dissuasifs escomptés du côté de la France, c’était le moment que les acteurs du monde musulman ont choisi faire pour une irruption malencontreuse dans le processus de libération du pays. Après avoir pourtant si longtemps assisté aux scènes d’amputation et de lapidation, aux souffrances arbitrairement infligées aux pauvres populations dans la zone, la conférence les Ulémas du Mali s’est en effet adjugé la mission de tout mettre en œuvre pour privilégier le dialogue au détriment d’une confrontation armée dans le septentrion malien.

Mais, selon toute évidence, ni la communauté internationale, ni les autorités maliennes n’ont montré une disposition quelconque à épouser une telle démarche, laquelle préfigure la négociation d’une possible application de la chari’a ainsi que des concessions sur les atrocités déjà commises par les islamistes doublés de la réputation de narcotrafiquants.

Après avoir donc échoué à épargner par le dialogue aux assaillants une confrontation armée, les milieux religieux de Bamako ont fini laisser tomber leurs masques, en s’affichant ouvertement du côté des tendances politiques hostiles à l’intervention  de la Cédéao au Mali. Ce faisant, ils auront pour le moins accordé du crédit aux soupçons de plus en plus persistants quant à une complicité de certains leaders dans la tragédie de leur  patrie.

N’TJI Diarra

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6 COMMENTAIRES

  1. maliennes, maliens réveillez vous l’heure est grave
    les islamistes avaient clairement dit qu’ils avaient des relais au sud et qu’il n’avaient pas besoin d’avancer, eh bien la preuve est faite!!! et ce n’est que le début si rien n’est fait!
    dans cette histoire la soldatesque de Kati, le PM sont tous complices et jouent au pompier pyromane
    ouvrons les yeux sinon le Mali, notre Mali, notre patrie est foutue à jamais!!!!

  2. Je fais miennes ces recommandations du FDR et voudrais ajouter que le premier ministre et le capitaine sanogo qui ne sont plus en phase cherchent chacun de son coté le pouvoir.
    Ni l’un ni l’autre n’ont pas accepté que la transition soit dirigée par le President TRAORE.
    Le Capitaine SANOGO, à travers la COPAM et le brigand de Nioro du sahel, je veux dire le narco trafiquant soit disant marabout cherif, cherche à créer un parti ou il pense briguer la magistrature, voila pourquoi le ministre Sinko COULIBALY est à l’œuvre pour nommer des gouverneurs et préfets militaires pour manipuler les résultats.
    De l’autre coté le premier ministre cherche à miner l’administration malienne à travers ses pions pour les prochaines joutes électorales.
    Aussi les maliens se rendront compte dans les mois à venir que ces deux personnalités sont des apatrides mus par le gain facile. Ils ont des points communs à savoir l’alcool et les fesses.
    Je voudrais donner un conseil au président DIONKOUNDA: de faire très attention car la communauté internationale et le peuple malien lui ont confié une lourde responsabilité à lui de s’assumer.
    Il faut remettre en place le régiment para pour mater cette bande de Kati sinon le mali risque de connaitre la guerre civile.

  3. leg parental ? Voila les 2 problemes
    1 En Islam il nya pas de clerge 2 On herite pas de la piete d’un autre donc Je dis Bouya qu’ Allah be na a malo tres bientot.

  4. Les maliens comprendront petit à petit de ces soit disant chefs religieux cupides qui de tout temps ont bénéficié des exonérations fantômes de plus du milliard de Nos francs au su et au vue de tout le monde et maintenant c’est l’arène politique qu’elle mouche l’a pique mais connaissant l’homme ça m’étonne pas et ses fidèles comprendront bientôt jusqu’où il es capable d’aller prions pour mon pays car on ne sait plus qui est qui

  5. Si un Leader musulman ou Chretien demande a ses fideles,tout en usant de son autorite religieuse, de le supporter sur la scene politique, cela serait une violation du Pacte de LAICITE.Par ailleurs toute loi d’inspiration d’une religion donnee,et qui s’oppose aux enseignements des autres religions pratiquees au Mali sera aussi une violation du Pacte de LAICITE.Une faveur consentie a une religion et refusee aux autres serait une violation du Pacte de LAICITE.Les leaders religieux doivent s’abstenir d’etre impliques dans les affaires de l’Etat.S’ils veulent participer a la gestion des affaires publiques,ils doivent demissionner de leur role de responsable religieux et garder la neutralite laique dans l’exercise de leur fonction publique.L’Armee Malienne est le gardien de la Constitution Malienne et du Pacte de LAICITE.

  6. Dans un pays où il existe un ministère des religions (pour être exact je devrais dire de l’islam, car des autres on n’a pas vu de représentant !), il est tout à fait logique que les religieux se laissent dévoyer par le mirage de l’argent. En effet les religieux ne sont que des hommes et en ont les défauts malgré leurs croyances (plus ou moins profondes d’ailleurs). Il n’est donc pas étonnant qu’ils soient attirés par l’argent de la politique. On est assuré maintenant que ce ministère religieux est une énorme bourde et qu’il fait le lit des intégristes de tout bord.

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